LAVROV : "LE GROUPE DE MINSK DE l'OSCE A CESSÉ SES ACTIVITÉS"
Paris / La Gazette
Le Groupe de Minsk de l'OSCE sur le règlement du dossier du Karabakh a cessé ses activités à l'initiative des États-Unis et de la France. Néanmoins, les Européens reconnaissent que trois déclarations des dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie servent de base à la résolution finale de toutes les questions restantes.
C'est ce qu'a déclaré ce vendredi le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse organisée à la suite d'entretiens avec son homologue azerbaïdjanais, Jeyhun Bayramov, à Bakou.
Lorsqu'on lui a demandé si la Russie partageait la position du Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev sur la nécessité de « dire adieu » à la médiation du groupe de Minsk de l'OSCE sur le règlement du conflit du Karabakh après l'absence de résultat après de nombreuses années d'activité, le ministre a noté que lors des négociations avec son homologue azerbaïdjanais, le travail de ce groupe n'a pas été évoqué.
« En principe, nous n'avons pas discuté du Groupe de Minsk en tant que tel, car il a cessé ses activités à l'initiative des participants américains et français. Mais nous avons, bien sûr, discuté des processus de règlement post-conflit. Et la base de ces nouveaux processus réside dans trois déclarations tripartites des dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie », a-t-il déclaré.
« Les trois déclarations que les dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie ont signées sont désormais largement reconnues comme la base d'une démarche visant à clore définitivement toutes les questions en suspens. Nous partons de cette réalité. Si je comprends bien, cette réalité est également reconnue par nos voisins européens, qui tentent par tous les moyens possibles d'introduire les efforts de l'Union européenne dans la résolution des tâches restantes », a souligné le chef de la diplomatie russe.
Le Groupe de Minsk de l'OSCE avait assumé le rôle de médiateur dans le conflit arméno-azerbaïdjanais du Karabakh en 1992. Des diplomates des États-Unis, de la France et de la Russie ont assuré la coprésidence du groupe afin de diriger les efforts internationaux visant à trouver une solution durable à ce qui était autrefois l'un des conflits régionaux les plus dangereux. Malgré les navettes diplomatiques menées pendant des décennies par les coprésidents du groupe, les négociations sont restées au point mort, sans aucune avancée.
Les négociations inefficaces et la médiation improductive du Groupe de Minsk de l'OSCE au fil des décennies ont frustré l'Azerbaïdjan. En juillet 2020, peu avant le début d'une guerre sanglante entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans la région du Karabakh de ce dernier, le Président Ilham Aliyev a accusé le Groupe de Minsk d'inaction à l'égard de l'occupation illégale par l'Arménie de terres azerbaïdjanaises. Il a déclaré que les coprésidents n'avaient pas pris de mesures adéquates malgré les déclarations provocatrices des dirigeants arméniens, notamment les affirmations infondées selon lesquelles le Karabakh appartiendrait à l'Arménie. Erevan a également tenté de modifier le format des négociations menées par le Groupe de Minsk en proposant d'impliquer les séparatistes dans les territoires azerbaïdjanais autrefois occupés en tant que partie aux discussions politiques.
Le 12 juillet 2020, les forces arméniennes ont lancé une offensive sur les positions de l'armée azerbaïdjanaise dans le district occidental de Tovouz, à la frontière d'Etat entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Des affrontements intenses ont duré quatre jours, jusqu'au 16 juillet, causant la mort de 12 militaires azerbaïdjanais, dont un général et un colonel.
Les affrontements de juillet 2020 ont été suivis d'une nouvelle attaque de l'Arménie contre l'Azerbaïdjan en septembre 2020, qui s'est soldée par une guerre à grande échelle que la région n'avait pas connue depuis les années 1990.
Le 27 septembre 2020, le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan a pris un tour violent lorsque les forces arméniennes stationnées sur les terres azerbaïdjanaises anciennement occupées ont bombardé des positions militaires et des agglomérations civiles de l'Azerbaïdjan. Au cours d'opérations de contre-attaque qui ont duré 44 jours, les forces azerbaïdjanaises ont libéré plus de 300 localités, dont les villes de Jabrayil, Fuzuli, Zangilan, Gubadli et Choucha, d'une occupation arménienne de près de 30 ans. La guerre a pris fin avec la signature d'une déclaration tripartite par l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Russie le 10 novembre 2020. En vertu de cet accord, l'Arménie a également restitué à l'Azerbaïdjan les districts occupés d'Aghdam, Kalbadjar et Latchine.
Lors d'une réunion avec les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE en décembre 2020, le Président Aliyev a déclaré que ce Groupe n'avait pas réussi à résoudre le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan malgré son mandat de médiation pour une solution politique.
« Bien qu'il y ait eu une activité du Groupe de Minsk pour élaborer des idées et essayer d'être créatif, il n'y a pas eu de résultat. Et c'est une réalité. C'est pourquoi l'Azerbaïdjan l'a résolu lui-même », avait déclaré le Président Aliyev lors d'une réunion avec les coprésidents du Groupe de Minsk, faisant référence à la guerre dans la région du Karabakh en 2020.
