UN RAPPORT DE LA COMMISSION SUR LA COOPERATION ENTRE L'UE ET L'ARMENIE CONSIDERE COMME INSULTANT EN AZERBAIDJAN
Paris / La Gazette
Bruxelles a franchi la ligne rouge. Bakou n’a pas l’intention de tolérer ce jeu provocateur
La diplomatie européenne vient une fois encore de se couvrir de ridicule. L’Union européenne a préparé et signé avec l’Arménie un volumineux document : « L’Agenda stratégique de coopération UE–Arménie ». Un texte de 64 pages – l’une des compétences les plus abouties de la bureaucratie européenne restant sa faculté à produire des montagnes de documents. À Bruxelles, on ne parle d’ailleurs plus d’une éventuelle adhésion de l’Arménie à l’UE : les eurofonctionnaires semblent enfin comprendre qu’avant d’entrer dans l’Union européenne, Erevan devrait commencer par sortir de l’Union Economique Eurasiatique. Plus de promesses grandiloquentes du type « nous serons aux côtés de l’Arménie ». En revanche, le texte déborde de formulations provocatrices dirigées contre l’Azerbaïdjan.
Ainsi, le document utilise à plusieurs reprises le terme « Haut-Karabakh ». Nous sommes à nouveau contraints de rappeler qu’une telle entité administrative n’existe plus en Azerbaïdjan. Il existe une région économique du Karabakh et une autre de Zanguezour oriental. Ce n’est ni nouveau ni récent. Bruxelles l’ignore-t-il vraiment ? Ou choisit-il délibérément d’ignorer la position de l’Azerbaïdjan ? Si les diplomates européens n’en sont pas informés, nous devons le rappeler : il s’agit d’une attaque ouverte contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, que l’UE avait pourtant promis – du moins verbalement – de respecter. Dans les faits ? L’usage de telles terminologies est pour le moins irresponsable.
Les eurofonctionnaires promettent par ailleurs d’accorder une attention particulière à la satisfaction des besoins et au soutien de l’intégration socio-économique des Arméniens du Karabakh, « déplacés après l’opération militaire de l’Azerbaïdjan ». Cette formulation provocatrice réapparaît plus loin : « L’Agenda stratégique de partenariat UE–Arménie répond aux défis socio-économiques les plus importants, notamment l’intégration sociale des femmes, des filles et des personnes vulnérables », y compris des Arméniens du Karabakh « déplacés après l’opération militaire de l’Azerbaïdjan ». Comment faut-il comprendre cela ?
Tout d’abord, rappelons une fois encore que l’opération militaire de l’Azerbaïdjan fut la conséquence des actions provocatrices de la partie arménienne. En violation des engagements, l’Arménie maintenait au Karabakh un groupement de 15 000 militaires, doté de centaines de chars, de blindés, d’artillerie et de systèmes de guerre électronique – lesquels brouillaient notamment les signaux des avions civils azerbaïdjanais. De plus, dans la nuit du 19 septembre 2023, des saboteurs arméniens ont posé des mines sur une route en construction ; leur explosion a fait des victimes. L’Azerbaïdjan a donc été contraint de mener une opération antiterroriste. Sans oublier que l’intégrité territoriale et le droit à la légitime défense ne sont pas des notions facultatives dans la Charte des Nations-Unies. L’Union européenne l’ignore-t-elle ? Ou refuse-t-elle simplement de prendre en compte la position de Bakou ?
Ensuite, personne n’a « déplacé » de force les Arméniens du Karabakh. Tout au contraire. L’Azerbaïdjan a organisé des rencontres et des négociations à Khodjaly – où se trouvait la base des forces de maintien de la paix russes – puis à Evlagh. Notre pays proposait un programme de réintégration, des droits civiques, la sécurité, des garanties de développement culturel, le respect des droits religieux… Mais les Arméniens du Karabakh ont choisi de partir pour l’Arménie. De leur propre chef. Ou plutôt sur ordre de responsables arméniens salariés du budget d’Erevan.
Rappelons que, au poste frontière de Latchin, des journalistes azerbaïdjanais ont interrogé des Arméniens sur le départ ; tous affirmaient d’une même voix : « on nous l’a demandé, alors nous partons ! ». Cela s’est produit avant même que les forces azerbaïdjanaises n’entrent dans les villes et villages situés dans le secteur sous responsabilité des forces russes. L’absence de pression exercée sur les Arméniens a d’ailleurs été confirmée par les missions de l’ONU. D’où vient donc cette formulation provocatrice dans les documents de l’UE ? Bruxelles n’est-il pas informé ? Ou choisit-il sciemment d’entretenir les illusions revanchardes dans la société arménienne ? Et si tel est le cas, que valent alors les interminables pages consacrées au « soutien au processus de paix » dans le même document ?
Ce n’est pas le seul exemple de complaisance envers les illusions revanchistes. Dans son communiqué à propos de l’adoption du document, l’UE promet de « continuer à plaider pour la libération des prisonniers arméniens et autres détenus, et à œuvrer pour la résolution des questions humanitaires non résolues, y compris le sort des disparus et des personnes victimes de disparitions forcées, en tant que mesures de renforcement de la confiance ». De quels « prisonniers arméniens » l’UE entend-elle donc obtenir la libération ? De ceux qui ont commis des crimes graves sur le territoire de l’Azerbaïdjan et répondent maintenant devant la justice ? Selon les eurofonctionnaires, le terrorisme, les bombardements de villes azerbaïdjanaises, les sévices infligés aux captifs, les « nettoyages ethniques » devraient être pardonnés ? Pourquoi donc ?
L’UE a même intégré à son programme de coopération avec l’Arménie un lycée militaire portant le nom de Monte Melkonian – un terroriste international, dont les crimes ont marqué l’Azerbaïdjan comme plusieurs pays européens. Cela ne semble guère troubler Bruxelles. Ce lycée fait désormais partie du réseau des établissements militaires partenaires de l’UE. Dans quel but ? Outre l’encouragement des illusions revanchistes, les eurofonctionnaires entendent-ils aussi renforcer le potentiel militaire de l’Arménie ?
Et ce n’est pas tout. L’UE promet de « soutenir la mise en œuvre pleine, immédiate et effective de toutes les décisions pertinentes de la Cour internationale de justice ». Rappelons, d’une part, que la juridiction de la CIJ est complexe, que ses compétences ne sont pas reconnues par tous les États ni sur toutes les questions ; les États-Unis l’ont jugée partiale, et l’Europe elle-même est loin d’appliquer scrupuleusement toutes ses décisions. D’autre part, lors des négociations de Washington, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont convenu de retirer les plaintes déposées devant la CIJ au sujet du Karabakh. C’est une composante essentielle du processus de paix. L’UE n’en est-elle pas informée ? Et les représentants arméniens ont-ils encore deux discours distincts ? L’Azerbaïdjan est en droit de savoir si Erevan prend réellement ses engagements au sérieux. Chacun sait que ce type de document est élaboré « à deux mains » et que les « desiderata » de l’Arménie ont trouvé leur place dans cet agenda stratégique. Bruxelles n’a-t-il pas compris que ce document serait également lu à Bakou et qu’il aurait des conséquences ? Pourquoi un document bilatéral consacré à l’Arménie accorde-t-il autant d’attention à l’Azerbaïdjan – avec une tonalité négative, de surcroît ? L’UE pense-t-elle vraiment contribuer ainsi au processus de paix ? Si tel est le cas, ses fonctionnaires se trompent lourdement.
Nous devons rappeler aux diplomates européens quelques réalités politiques régionales. Les questions de souveraineté et d’intégrité territoriale constituent pour notre pays une « ligne rouge ». L’attitude affichée dans le document signé par Bruxelles et Erevan est inacceptable pour l’Azerbaïdjan et ne sera tolérée d’aucune organisation internationale, y compris l’Union européenne. Si l’UE persiste dans cette dynamique provocatrice, elle n’« obtiendra » qu’une détérioration de ses relations avec Bakou. Dans un tel contexte, la coopération en matière de communications, si chère à Bruxelles, deviendra secondaire.
Plus encore : d’autres projets et volets de coopération avec l’UE pourraient être gelés. Bruxelles ferait donc bien de renoncer à ce type d’activisme provocateur – surtout maintenant, alors que la diplomatie connaît un regain d’activité. Le coup de fil urgent du chancelier allemand Merz au président Ilham Aliev, les rencontres menées par le ministre des Affaires étrangères Djeyhoun Baïramov en marge du Conseil ministériel de l’OSCE, et bien d’autres signaux le montrent clairement. Si Bruxelles veut développer ses relations avec l’Azerbaïdjan, il doit comprendre que la route est à double sens.
Notons enfin que ces formulations provocatrices et partiales, nuisibles au processus de paix, ne reflètent en rien les réalités actuelles. L’Azerbaïdjan demandera par voie diplomatique leur suppression du document. Cette position sera également transmise aux autorités arméniennes.
Un appel est lancé à Erevan : adopter une posture saine, et non tenter, d’une main, de signer des déclarations de paix et de confiance, et de l’autre, comme le montrent ces documents, d’intégrer au programme de coopération avec l’UE ses rêves revanchistes autour du « Haut-Karabakh ». Selon des sources fiables de Minval Politika, une déclaration appropriée du ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais devrait être publiée prochainement. L’Azerbaïdjan ne mène pas de double jeu. Et ne le tolère pas.