LE CORRIDOR MEDIAN EST L’UN DES ITINERAIRES ECONOMIQUEMENT VIABLES POUR APPROFONDIR LA COOPERATION REGIONALE – LE SECRETAIRE GENERAL DE L’OCEMN (INTERVIEW EXCLUSIVE)
Paris / La Gazette
Le Corridor médian constitue l’un des itinéraires économiquement viables permettant d’approfondir la coopération régionale.
C’est ce qu’a déclaré, dans un entretien exclusif accordé à Trend, le secrétaire général de l’Organisation de la coopération économique de la mer Noire (OCEMN), l’ambassadeur Lazar Comănescu.
« Pour approfondir la coopération avec les régions du monde entier, des itinéraires sûrs et économiquement viables sont nécessaires, et le Corridor médian en fait partie. Il s’agit d’une voie plus courte, également avantageuse du point de vue des conditions climatiques. L’OCEMN salue toutes les initiatives visant à renforcer la connectivité, ainsi qu’à créer des itinéraires hautement efficaces et fiables reliant la région de l’OCEMN au reste du monde », a-t-il souligné.
Concernant le rôle de l’OCEMN dans le soutien à l’expansion de la connectivité, M. Comănescu a indiqué que la nouvelle « Agenda économique de l’OCEMN », document stratégique de référence de l’organisation, inclut comme priorités la mise en harmonie des normes douanières, de transport et de logistique.
« À cet effet, des groupes de travail spécialisés sont en activité et se réunissent régulièrement pour examiner les questions d’intérêt commun et rechercher des solutions. En tant que l’un des États fondateurs de notre organisation, l’Azerbaïdjan participe activement aux travaux de ces groupes, contribuant ainsi au développement durable de la région », a déclaré le secrétaire général.
Abordant le projet de câble sous-marin en mer Noire destiné à transporter de l’énergie « verte » vers l’Europe, M. Comănescu a indiqué qu’il s’agissait de l’une des initiatives les plus appréciées.
« Le fait que trois États membres de l’OCEMN - à savoir l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Roumanie - participent à ce projet majeur confirme une fois de plus l’importance de l’OCEMN et de la région de la mer Noire en matière de production énergétique, de sécurité énergétique et de connectivité. C’est pourquoi l’énergie figure parmi les axes clés de la coopération au sein de l’OCEMN, et l’Objectif 4 de l’Agenda économique de l’OCEMN est consacré à l’énergie durable et au développement du marché énergétique de la mer Noire. Il s’agit notamment de promouvoir la mise en œuvre de projets d’interconnexion des systèmes électriques des États membres de l’OCEMN, ainsi que d’approfondir la coopération avec l’Union européenne dans le domaine de l’énergie », a-t-il ajouté.
M. Comănescu a également souligné que l’OCEMN suit de près les tendances mondiales, les besoins, les priorités et les engagements internationaux.
« Les activités de l’organisation sont menées conformément aux Objectifs de développement durable des Nations unies et à l’Agenda économique de l’OCEMN, tout en s’adaptant aux nouvelles réalités du monde. Nous estimons que les solutions écologiques contribuent à la création de communautés plus saines et agissons sur la base de ce principe. Les investissements dans les énergies renouvelables constituent l’un des axes majeurs dans ce contexte. L’une des priorités de l’OCEMN définies par l’Agenda économique est l’“Énergie durable et le développement du marché énergétique de la mer Noire”. En nous appuyant sur la “Stratégie de l’OCEMN pour l’énergie verte”, adoptée en juin 2018, nous encourageons une coopération visant à accroître la part des énergies renouvelables et à améliorer l’efficacité énergétique entre les États membres de l’OCEMN, conformément à la vision de faire de la région de la mer Noire un modèle d’énergie “propre” d’ici 2050 », a-t-il précisé.
Le secrétaire général a également indiqué que la numérisation constitue un autre aspect important des activités de l’OCEMN.
« Les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’énergie, le tourisme, le commerce et les transports ne sont que quelques-uns des secteurs dans lesquels des projets communs de transformation numérique et d’infrastructures numériques publiques sont développés », a-t-il ajouté.
M. Comănescu a souligné que l’Azerbaïdjan est un partenaire clé de l’OCEMN dans tous les domaines.
« L’OCEMN couvre 19 axes de coopération et encourage tous les États membres à participer activement à l’ensemble de ces domaines. L’Azerbaïdjan est incontestablement un important hub de transport, de logistique et d’énergie, sur le territoire duquel sont mis en œuvre ou planifiés de grands projets de connectivité. L’Azerbaïdjan est également un partenaire important de l’OCEMN dans de nombreux autres secteurs, notamment la protection de l’environnement, dont l’aboutissement a été l’organisation de la COP29 à Bakou en novembre 2024. À l’invitation du gouvernement azerbaïdjanais, l’OCEMN a participé pour la première fois à cet événement majeur de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. La bonne gouvernance et la fourniture de services publics constituent un autre domaine de contribution significative de l’Azerbaïdjan, qui coordonne le groupe de travail concerné de l’OCEMN. Le partage de l’expérience acquise à travers le centre ASAN a été hautement apprécié par les autres États membres. J’ai personnellement visité le centre ASAN à Bakou et pris connaissance de son système impressionnant et de ses principes de prestation de services. Le tourisme, la culture, l’éducation, les TIC, les petites et moyennes entreprises et d’autres domaines sont autant de secteurs dans lesquels un approfondissement de la coopération avec l’Azerbaïdjan apporterait un bénéfice considérable à l’organisation », a-t-il déclaré.
En outre, le secrétaire général de l’OCEMN a appelé à intégrer les principes de connectivité, de protection de l’environnement, ainsi que ceux de l’économie « verte » et « bleue » dans la planification régionale.
« Le paysage géopolitique actuel exige des actions concertées et coordonnées de toutes les parties prenantes si nous voulons maximiser l’impact de nos efforts. L’OCEMN est prête et capable de contribuer à la réalisation d’objectifs stratégiques communs. La coopération multilatérale doit être renforcée, et non affaiblie. Nous devons intégrer les principes de connectivité, de protection de l’environnement, de l’économie verte et bleue dans notre planification régionale. Nous devons soutenir les communautés scientifiques, préserver les canaux de communication et élargir les partenariats de recherche avec tous nos partenaires européens et internationaux. Avant tout, il est essentiel de veiller à ce que la région élargie de l’OCEMN soit à la fois bénéficiaire et actrice de telles initiatives collectives.
Nos engagements restent fermes : travailler avec toutes les organisations internationales et régionales ainsi qu’avec d’autres partenaires afin que la mer Noire ne soit pas une zone de risque, mais un espace d’opportunités. Des domaines tels que la connectivité, l’énergie, le climat, la protection de l’environnement, la culture et le tourisme offrent d’énormes perspectives à cet égard, car ils occupent une place centrale dans l’agenda de la majorité de ces partenaires », a-t-il expliqué.
M. Comănescu a enfin souligné que l’OCEMN est la seule organisation économique intergouvernementale régionale pleinement opérationnelle et la plus ancienne dans la vaste région de la mer Noire.
« L’organisation couvre un territoire d’une importance géopolitique élevée, s’étendant sur près de 20 millions de kilomètres carrés, et un marché d’environ 350 millions de personnes. Il s’agit d’une plateforme unique et prometteuse pour la coopération économique régionale et multilatérale. Elle regroupe des États membres qui figurent parmi les plus grands producteurs et exportateurs mondiaux de divers biens. Il ne faut pas non plus oublier les autres ressources de la région, telles que les monuments historiques et la beauté naturelle.
Dans le même temps, notre région a toujours été complexe au cours de l’histoire. À différentes périodes, les conflits entre États membres ont eu un impact négatif sur l’économie régionale. Toutefois, malgré ces difficultés, le dialogue n’a jamais été interrompu. L’OCEMN est une plateforme qui unit les peuples de la mer Noire en favorisant la paix, la stabilité et la prospérité, et constitue un forum essentiel de coopération dans un large éventail de domaines. Nous sommes convaincus qu’une région forte, stable et unie profite à tous ses habitants, et je pense que nos pays en sont pleinement conscients. Il convient de toujours garder à l’esprit qu’il existe une dimension économique essentielle à la sécurité, et que la promotion et le renforcement de la coopération économique constituent le moyen le plus précieux et le plus efficace d’accroître le niveau de sécurité », a-t-il conclu.
