LE TURKMÉNISTAN ET LA TURQUIE SIGNENT DES ACCORDS PRÉLIMINAIRES SUR LE TRANSFERT DE GAZ
Paris / La Gazette
Le Turkménistan et la Turquie ont signé deux accords préliminaires permettant au pays d'Asie centrale de fournir du gaz naturel à la Turquie, puis à l'Europe.
"Nous avons signé un Mémorandum d'entente (MoU) qui accélérera la coopération entre les deux pays dans le domaine du gaz naturel et une déclaration d'intention qui constituera la base de nos partenariats dans le domaine des hydrocarbures. Avec ces signatures, nous visons à transférer le gaz turkmène d'abord vers la Turquie, puis vers les marchés mondiaux", a écrit le ministre turc de l'Énergie, Alparslan Bayraktar, dans une publication postée sur X le 1er mars.
Les deux pays ont signé un (MoU) sur le développement de la coopération dans le domaine du gaz naturel, une déclaration d'intention sur la coopération dans le domaine du pétrole et du gaz naturel, et un MoU entre Turkmenistan Airlines et l'université de l'association aéronautique turque.
Les documents ont été signés à la suite d'une rencontre entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil du peuple du Turkménistan Gurbanguly Berdimuhamedov, en marge du forum diplomatique d'Antalya.
Le forum, intitulé "Élever la diplomatie au milieu des crises", a accueilli des représentants de 147 pays, qui abordaient une série de sujets, notamment les questions mondiales, le changement climatique, les migrations, l'islamophobie, les guerres commerciales et l'intelligence artificielle.
M. Berdimuhamedov a déclaré lors du forum que le gisement turkmène de Galkynysh contenait plus de 27 000 milliards de mètres cubes de gaz, "sur la base d'un audit international".
"Nous avons une politique de diversification des voies d'exportation", a-t-il ajouté.
M. Berdimuhamedov a reconnu que le gaz turkmène pouvait atteindre la Turquie et l'Europe soit via la mer Caspienne et l'Azerbaïdjan, soit via l'infrastructure existante du gazoduc iranien en concluant un accord d'échange de gaz.
Le Turkménistan, l'une des nations les plus riches en énergie au monde, possède d'importantes réserves de pétrole et de gaz naturel. Il se classe au quatrième rang mondial en termes de réserves de gaz prouvées, après la Russie, l'Iran et le Qatar. Actuellement, le Turkménistan exporte principalement du gaz vers la Chine et la Russie.
Un haut fonctionnaire turkmène ayant requis l'anonymat a déclaré à Nikkei Asia que le Turkménistan disposait de suffisamment de réserves de gaz pour approvisionner la Turquie et l'Europe tout en fournissant plus de gaz à son principal client, la Chine.
Ankara reçoit déjà environ 60 à 70 milliards de mètres cubes de gaz naturel de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Iran via des gazoducs, ainsi que de plusieurs autres pays sous forme de gaz naturel liquéfié.
Le vice-premier ministre turkmène a affirmé en novembre 2022 que son pays restait attaché au projet de gazoduc transcaspien, qui vise à transporter le gaz turkmène vers l'Europe en contournant la Russie. Le projet prévoit de fournir jusqu'à 30 milliards de mètres cubes de gaz turkmène par an au marché européen via l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, pour une durée d'au moins 30 ans.
Ankara avance dans ses ambitions de devenir une plaque tournante du gaz, et l'UE obtient plus de munitions pour mettre fin à sa dépendance vis-à-vis de Moscou, tandis que le Turkménistan obtient plus de poids face à ses puissants voisins que sont la Russie et la Chine.
Au troisième trimestre 2021, la part de la Russie dans les importations de gaz naturel de l'Union européenne (UE) était de 39 %, mais au troisième trimestre 2023, elle n'était plus que de 12 %.
L'UE s'efforce de se procurer du gaz auprès d'autres sources alors qu'elle tente de mettre fin à sa dépendance vis-à-vis de la Russie en tant que fournisseur de gaz naturel, tandis que la Russie s'oppose à la construction prévue d'un nouveau gazoduc Turkménistan-Azerbaïdjan via la mer Caspienne.
En juillet 2022, l'UE et l'Azerbaïdjan ont signé un MoU sur le partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie, qui comprend l'engagement de doubler la capacité du gazoduc du Corridor gazier Sud pour atteindre plus de 20 milliards de m3 par an vers l'UE d'ici 2027. À plus court terme, l'Azerbaïdjan augmente déjà ses livraisons à l'UE.