LE PROCUREUR A PRONONCE SES CONCLUSIONS AU PROCES DE ROUBEN VARDANIAN
Paris / La Gazette
La réclusion criminelle à perpétuité a été requise
À Bakou, le procès de Rouben Vardanian, oligarque-propagateur proche du Kremlin, touche à sa fin. Le procureur a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre Rouben Karlenovitch. La liste des chefs d’accusation, énoncée par le premier assistant du procureur général, Vusal Aliyev, est particulièrement lourde.
Rappelons toutefois l’essentiel : selon l’accusation, Rouben Vardanian a, premièrement, rejoint une organisation criminelle créée sur des territoires azerbaïdjanais occupés. Comme l’a souligné Vusal Aliyev, « en intégrant cette communauté criminelle, Rouben Vardanian avait pleinement conscience de la dangerosité sociale de ses actes, savait quels crimes cette organisation avait commis contre l’Azerbaïdjan et le peuple azerbaïdjanais, et a continué, par la suite, à participer à la commission de ces crimes ».
Avant tout, l’oligarque proche du Kremlin est poursuivi pour terrorisme. Il lui est notamment reproché d’avoir financé le groupe terroriste VoMa, dirigé par Vova Vartanov, avec lequel il discutait de la formation de combattants, de la création de camps d’entraînement, etc. L’acte d’accusation évoque également les projets de Vardanian visant à créer une organisation terroriste baptisée « Nemesis-2 ». Précisons que Vardanyan lui-même déclarait dans des vidéos que ce groupe mènerait une guerre terroriste contre des diplomates azerbaïdjanais. Il a aussi financé des achats d’armes — des mines acheminées illégalement par le corridor de Latchine jusqu’à des quadricoptères fabriqués au Royaume-Uni.
La peine de prison à vie requise par l’accusation ne constitue pas encore le verdict définitif. Les plaidoiries restent à venir, suivies de la décision finale du tribunal. Néanmoins, la probabilité est élevée que les réquisitions soient suivies et que Vardanian soit condamné à la perpétuité, d’autant plus que, comme Minval Politika l’a rapporté, sa défense s’est pratiquement effondrée à l’audience.
Il serait bien sûr intéressant de comprendre ce qui a poussé Rouben Vardanian à renoncer à la citoyenneté russe pour se rendre au Karabakh, où il a occupé le poste de « ministre d’État » dans le « gouvernement » des séparatistes. Après la guerre de 44 jours, la plupart des observateurs lucides comprenaient qu’un compte à rebours était enclenché pour la junte séparatiste et que sa liquidation totale n’était qu’une question de temps. Mais la perspective semblait sans doute trop séduisante : ajouter à sa fortune la gloire d’un « héros du peuple arménien »…
Ce procès produit toutefois un autre effet, peut-être encore plus important. Dès le départ, une campagne de grande ampleur a été lancée à l’étranger pour défendre l’oligarque proche du Kremlin, reconverti en sponsor du terrorisme. Et pas uniquement par le « lobby arménien ». Après que le parquet a requis la perpétuité, Deutsche Welle a publié une nouvelle lettre de Vardanian, truffée de formules toutes faites du type « je ne reconnais pas ce tribunal » ou « l’Artsakh était, est et sera ».
Personne, à Bakou, n’attendait bien entendu de Rouben Vardanian un repentir sincère. Mais l’intéressé, ses « avocats internationaux » et, plus encore, les membres de sa famille étaient convaincus qu’ils parviendraient à faire plier l’Azerbaïdjan et à l’amener à des concessions — autrement dit, à obtenir la libération de Vardanian et d’autres soi-disant « prisonniers arméniens » avant le procès. Plus encore, les autorités arméniennes tentent de porter ce sujet sur les scènes internationales : il suffit de rappeler l’« Agenda stratégique de coopération UE–Arménie », dans lequel, à l’insistance d’Erevan, a été inclus un point sur les « prisonniers arméniens ».
Cette campagne modifie déjà sensiblement la portée politique du procès qui s’achève à Bakou. Faire plier l’Azerbaïdjan et extraire les dirigeants de la junte d’occupation avant leur jugement a échoué. Notre pays ne se contente pas de mener le procès jusqu’à son terme : l’Azerbaïdjan affirme sa souveraineté judiciaire. Chez nous, la politique ne dicte pas la loi. Surtout lorsqu’il s’agit d’une politique qui n’est pas la nôtre.