L'Iran utilise la contrebande pour entrer au Karabagh - LES FAITS
Paris / Lagazetteaz
Les camions appartenant à la République islamique d'Iran se déplacent vers l'Arménie, de là sur la route Gorus-Khankendi, par le corridor de Lacthine jusqu'à Khankendi. L'Ambassade d'Iran à Bakou s'en défend à chaque fois, affirmant que « ce sont des allégations ».
Les faits disent exactement le contraire.
Du 11 juillet au 8 août, 35 véhicules appartenant à la République islamique d'Iran (4 camions et 31 camions-citernes) sont entrés et sortis 70 fois (!) du Karabagh, territoire contrôlé par le contingent russe de maintien de la paix, via le corridor de Latchine. Les dates sont également disponibles : 11, 14, 16, 17, 20, 21, 27, 28, 29, 31 juillet, et aussi 3, 4, 5, 6, 7 août.
Seuls 4 véhicules étaient des camions. 31 véhicules avaient de grands réservoirs de carburant.
En termes de statistiques exactes, les 11, 14, 16, 17, 20, 21, 27, 28, 29, 31 juillet, puis les 3, 4, 5, 6 et 7 août, ces véhicules ont quitté l'Arménie via le corridor de Latchine pour pénétrer sur le territoire azerbaïdjanais du Karabagh, puis sont revenus.
Jusqu'à présent, ni l'Arménie ni la République islamique d'Iran n'ont fait de déclaration officielle sur la cargaison de ces véhicules.
Il serait naïf de prétendre que la cargaison était entièrement constituée d'aide humanitaire, de nourriture ou de médicaments.
Malgré de nombreuses photos et vidéos du mouvement de ces véhicules, Téhéran a toujours nié les allégations, les qualifiant de « désinformation délibérée, de rumeurs infondées et de calomnie de l'amitié et de la fraternité irano-azerbaïdjanaise ».
Même après la signature de la déclaration trilatérale entre la Russie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie dans la nuit du 9 au 10 novembre dernier, mettant fin à la seconde guerre du Karabagh, le trafic de camions lourds de la République islamique d'Iran vers l'Arménie, et de là vers la ville azerbaïdjanaise de Khankendi, qui est toujours sous le contrôle opérationnel des soldats de la paix russes, se poursuit sans relâche.
Le dernier fait de ce type a été enregistré au début du mois de mai. Des camions iraniens portant des plaques d'immatriculation nationales traversaient l'Arménie et se dirigeaient vers Khankendi via le corridor de Latchine.
Il existe également des photos et des vidéos du déplacement de ces camions, conduits par des chauffeurs iraniens, en Azerbaïdjan.
Suite à la diffusion de telles photos et vidéos, l'Ambassade d'Iran en Azerbaïdjan a déclaré dans un communiqué que les vidéos, les photos et les informations feraient l'objet d'une enquête.
Après un certain temps, l'Ambassade a annoncé le résultat : il s'avère que ces photos et ces informations étaient de la « désinformation ».
Cependant, plus tard, des faits, des photos et des vidéos ont été diffusés.
Le 11 août, l'Ambassadeur iranien en Azerbaïdjan, Seyyed Abbas Moussavi, a été convoqué au ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères. Une note de protestation a été remise à l'Ambassadeur et son attention a été attirée sur les faits indésirables révélés dans le cadre de l'entrée illégale de camions iraniens au Karabagh.
La note remise à l'Ambassadeur exprimait le mécontentement de la Partie azerbaïdjanaise concernant les entrées et sorties régulières de divers véhicules à des fins diverses de la République islamique d'Iran dans la région azerbaïdjanaise du Karabagh, sans la permission des responsables azerbaïdjanais.
Au cours de la réunion, il a été noté que la nouvelle Administration iranienne prendrait des mesures pratiques pour supprimer ces cas alarmants, qui ne correspondent pas à l'esprit d'amitié et de partenariat entre l'Azerbaïdjan et l'Iran.
Un mois entier s'est écoulé depuis la remise de cette note.
Les dirigeants de la République islamique d'Iran ont-ils pris des mesures concrètes et efficaces pour prévenir ces incidents ? Ont-ils pris des mesures concrètes pour prendre au sérieux la note de Bakou, et une enquête a-t-elle été menée sur les camions transportant des cargaisons vers Khankendi ?
Jamais !
Au contraire, l'Iran poursuit ses comportements déplaisants.
Ainsi, entre le 11 août et hier, c'est-à-dire le 10 septembre, 58 poids lourds transportant diverses cargaisons sont entrés depuis l’Arménie, plus précisément depuis Gorus via le corridor de Latchine, dans la ville azerbaïdjanaise de Khankendi. Plus tard, 55 d'entre eux sont revenus.
Parmi ces véhicules iraniens, une « place spéciale » était occupée par ceux transportant du carburant et des lubrifiants.
Ainsi, lorsque ces camions atteignent le corridor de Latchine, les postes des forces de maintien de la paix russes, leurs plaques d'immatriculation sont retirées et les plaques d'immatriculation de l'État arménien sont estampillées. Par cela, l'Iran essaie de cacher le nombre de camions qu'il envoie à Khankendi.
Cependant, n'y a-t-il pas de fraude ici, car les plaques d'immatriculation arméniennes sont répétées sur les véhicules iraniens : parfois 4 ou même 6 poids lourds sont envoyés à Khankendi avec la même plaque d'immatriculation.
La circulation de véhicules iraniennes via le corridor de Latchine jusqu'à Khankendi, le transport de marchandises d'origine inconnue et leur dissimulation grave sont une violation flagrante de la souveraineté, de l'inviolabilité des frontières et de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, ainsi que le manque de respect flagrant du Téhéran officiel envers l’Azerbaïdjan.
Que va dire maintenant l'Ambassade de la République islamique d'Iran en Azerbaïdjan ? Déclarera-t-elle de nouveau que « Téhéran souhaite développer l'amitié, le bon voisinage et le partenariat Iran-Azerbaïdjan » ?
C'est un fait que pendant une trentaine d’années d'occupation arménienne de 20% des territoires azerbaïdjanais, les voitures ont afflué d'Iran vers ces territoires autrefois occupés, les Iraniens ont volontiers pris tout ce qui avait été pillé par les Arméniens dans ces territoires..
Il est indéniable que tout, à partir du bois et de la pierre, de l'ardoise et de la couverture en fer des maisons des Azerbaïdjanais détruites pendant l'occupation du Karabagh jusqu'aux lits d'enfants, a été emporté par les Iraniens qui s'y étaient rendus.
Et si la République islamique d'Iran livre aujourd'hui diverses cargaisons à Khankendi, notamment du carburant et des lubrifiants, dans le but de réfuter les faits avérés, qui peut dire que les véhicules iraniens n'ont pas livré de cargaisons en Arménie pendant la seconde guerre du Karabagh ?
Cependant, pendant cette guerre, la plupart des chars, des véhicules blindés et des équipements militaires arméniens ont fonctionné avec du carburant importé d'Iran.
Notons que l'Ambassadeur iranien en Arménie, Abbas Badakhshan Zohouri, a récemment rendu visite aux unités militaires arméniennes stationnées à la frontière avec le district azerbaïdjanais de Kelbadjar.
Il était accompagné de Bahman Sadeghin, l'attaché militaire de l'Ambassade d'Iran en Arménie, et de représentants du Ministère arménien de la Défense.
Lors de cette visite, le Major Général Araïk Harutyunyan, commandant de l'unité militaire arménienne à la frontière avec Kelbadjar, a parlé des derniers événements.
Il est important de rappeler qu’en août, l'une des entreprises iraniennes a invité les citoyens du pays à travailler au Karabagh, dans les territoires où les forces de la paix russes sont temporairement déployées.
Nous n'oublions pas que dans le cadre des discussions en ligne organisées par l'agence de presse nationale iranienne IRNA, des experts de Téhéran ont déclaré que « l'Iran doit assurer l'équilibre des forces dans la région ». Autrement dit, il s'agissait d'un appel ouvert à soutenir l'Arménie.
Et enfin, le comportement des forces de maintien de la paix russes au Karabagh continue de soulever de nombreuses questions.
Soit ils ne contrôlent pas le corridor de Latchine, soit ils ferment les yeux sur ce qui se passe.
Nous n'excluons pas que le fait de « fermer les yeux » soit due à des raisons politiques, ainsi qu'à des pots-de-vin trivials.
Les soldats de maintien de la paix russes tentent de soutenir les Arméniens au Karabagh avec toute leur force, leurs capacités et leur potentiel.
En plus de transporter l'eau, d'assurer les communications mobiles, de « protéger » les vendanges, ils collectent les passeports des Arméniens au Karabagh et leur interdisent de vendre leurs appartements et leurs maisons.
De nombreux Arméniens du Karabagh se sont installés en Arménie. Ils n'ont pas l'intention de vivre en Arménie : leur but est d'aller en Russie et dans l'un des autres pays étrangers.
Les soldats de la paix russes tentent également d'empêcher cela, car ils savent que si le nombre d'Arméniens au Karabagh est réduit au minimum, la mission de maintien de la paix russe au Karabagh ne sera pas nécessaire.
Quant à l'Iran, les années précédentes, Téhéran s'est montré calme et pacifique au Karabagh.
Que dira le Téhéran officiel cette fois-ci ?
