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EMMANUEL MACRON : "LOST IN TRANSLATION" (PERDU DANS LA TRADUCTION)

21 Décembre 2021 14:49 (UTC+01:00)
EMMANUEL MACRON : "LOST IN TRANSLATION" (PERDU DANS LA TRADUCTION)
EMMANUEL MACRON : "LOST IN TRANSLATION" (PERDU DANS LA TRADUCTION)

Y a-t-il un réchauffement de l'atmosphère entre les présidents français et azéri ? Ou leur rencontre était-elle une pure formalité ?

La rencontre à Bruxelles entre le président azerbaïdjanais et le premier ministre arménien, initiée par leur homologue français, n'a pas été un simple « bla bla », comme Greta Thunberg qualifiait les rencontres entre dirigeants de haut niveau. Il y eut des signes évidents de rapprochement entre Emmanuel Macron et Ilham Aliyev. Et plus encore entre le Président de la France et une nation azerbaïdjanaise blessée par la partialité manifeste de l’Etat français à l’encontre des citoyens.

Avant, pendant et après la deuxième guerre du Karabakh, Emmanuel Macron a multiplié les déclarations présentant l'Arménie comme une « nation sœur », une nation à soutenir, quoi qu’il en soit. Une position qui a atteint un degré paroxysmique lorsque le président du groupe d'amitié France-Azerbaïdjan, Pierre-Alain Raphan, député de la majorité, a tout simplement disparu pendant la guerre et .... n'est jamais réapparu.

A-t-il craint que son approche équilibrée du conflit lui attire des sanctions de son propre parti, particulièrement lié à l’électorat arménien ? Toujours est-il que la fuite n’est guère l’expression du courage et du professionnalisme. Une fragilité que la jeune garde macroniste risque de payer au prix fort lors des prochaines élections.

En s’obstinant à présenter l’Azerbaïdjan comme un pays agresseur et anti-démocratique, le pouvoir « En marche » a, par sa partialité, jeté le doute sur la légitimité de la France à co-présider le groupe de Minsk.

La rencontre entre les dirigeants a cependant eu lieu. Il serait naïf d’imaginer qu'Emmanuel Macron a organisé cette réunion pour faire amende honorable auprès de l'Azerbaïdjan ou d'Ilham Aliyev. En réalité, le président français réalise que ses parti-pris sont en train de lui faire perdre le contrôle de la situation. Les visites constantes en Arménie, l'omission de l'Azerbaïdjan de l'itinéraire, le soutien constant à la "cause" arménienne, la mise en avant permanente des intérêts franco-arméniens deviennent un obstacle pour le président français.

Le potentiel de relations commerciales que représente l’Azerbaïdjan est en train de lui échapper. En termes d’image, la France perd sa crédibilité en tant qu’intermédiaire objectif au sein du Groupe de Minsk. Macron se rend également compte que la clé pour soutenir l'Arménie et participer à son avenir se trouve en Azerbaïdjan. Le modèle actuel où seuls 3 pays décident de l'avenir de l'Arménie (Arménie, Azerbaïdjan, Russie) n'est pas celui que la France escomptait. Mais pour la première fois depuis des décennies, l'avenir de la participation française en Arménie ne dépend pas de la France elle-même. Il dépend principalement de la Russie et de l'Azerbaïdjan. D'où les efforts de Macron pour combler le fossé entre Paris et Bakou et former, sinon un partenariat, du moins un dialogue.

Alors que la réunion s'est bien passée, le président français a décidé de jouer un jeu politique avec les Azerbaïdjanais et les Arméniens. Dans le but d'apaiser certains membres de l'élite politique azerbaïdjanaise, l'équipe de communication de Macron a eu l’idée de rédiger un message en langue azérie, dans lequel est exprimée la nécessité de trouver un chemin vers la paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.

Pour beaucoup d'Azerbaïdjanais, ce message a été une agréable surprise, car c’était la première fois que la président Macron écrivait en azéri… jusqu’à ce qu’il apparaisse que ce bienveillant message en azéri n'a été posté qu'en Azerbaïdjan. Le compte international officiel du président français affiche, lui, le message très sec et formel en français, arménien et azéri.

Ce double langage relève-t-il de l'intention du président français ou s'agit-il d'un autre faux pas de son équipe ? Voilà en tous cas une nouvelle opportunité manquée par Macron de rétablir une image d’impartialité et de faire oublier sa dépendance à l’égard de l’électorat arménien français. Ce qui pourrait être un problème à long terme. La France va prendre la tête de la présidence européenne pour les six prochains mois, et le président Macron devra faire preuve d'un plus grand réalisme diplomatique. Il devra se montrer capable de résister aux sirènes de la diaspora arménienne au où il est dans l'intérêt de la France d'avoir une position forte et stable dans la présidence de l'UE et se montrer irréprochable en matière d'objectivité politique.

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