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CONSOLIDER LES RELATIONS ÉCONOMIQUES ENTRE LA FRANCE ET L'AZERBAÏDJAN

12 Janvier 2022 19:04 (UTC+01:00)
CONSOLIDER LES RELATIONS ÉCONOMIQUES ENTRE LA FRANCE ET L'AZERBAÏDJAN
CONSOLIDER LES RELATIONS ÉCONOMIQUES ENTRE LA FRANCE ET L'AZERBAÏDJAN

Le site français LaTribune.fr a publié une tribune de l'ambassadeur de la République d'Azerbaïdjan en France, Rahman Mustafayev concernant les relations franco-azerbaïdjanaises. Un appel à la raison, à la paix, et à l'impartialité de la France qui est en train , hélas, de se prendre les pieds dans le tapis dans le discours suprémaciste de certains politiciens et éditorialistes politiques qui, pour des raisons purement électorales, instrumentalisent le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, sans se soucier des conséquences, sur le terrain, pour les deux peuples voisins.

Des relations historiques aujourd'hui en berne

Les relations commerciales, économiques et politiques entre l'Azerbaïdjan et la France traversent des moments difficiles. Les échanges mutuels ont tendance à baisser : de 790 millions de dollars en 2019 à 560 millions de dollars en 2020 et 200 millions en 2021 (10 mois). Selon les derniers résultats, la France est passée de la 9e place en 2020 à la 22e place en 2021 dans la liste des principaux partenaires commerciaux de l'Azerbaïdjan. Cette tendance négative ne s'explique que partiellement par la crise sanitaire mondiale et le ralentissement connexe de la croissance économique et du commerce mondial.

Les grands chiffres du commerce bilatéral de la période 2004-2016 étaient principalement associés au fait qu'au cours de cette période, en Azerbaïdjan, 42 grands projets avaient été mis en œuvre avec la participation d'entreprises françaises, projets qui avaient été financés par le budget de l'État azerbaïdjanais pour un montant de 2,3 milliards. Depuis 2017, les entreprises françaises et les ministères concernés ont continué à démarcher de gros contrats, un peu par inertie, sans tenir compte du fait que le processus d'achat d’équipements lourds et de machines à la France par l'Azerbaïdjan ne pouvait se poursuivre indéfiniment et qu’il était de nature cyclique. Dans cette situation, il fallait rechercher de nouveaux secteurs, domaines et formes de coopération, impliquer plus activement les petites et moyennes entreprises. Malheureusement, ni les entreprises françaises, ni les entreprises azerbaïdjanaises des secteurs du privé et du public n’ont su coordonner leurs démarche.

Un manque de diversification dans les investissements, concentrés sur le pétrole et le gaz

Dans ce contexte, les statistiques sur les investissements mutuels semblent bien meilleures. Pour la période 1995-2021, ils s'élevaient à 5,5 milliards de dollars. Cependant, le point faible de ces investissements est le fait qu'ils sont tous associés principalement au secteur pétrolier. Les investissements français « s'installent » principalement (3,5 sur 3,7 milliards de dollars) au fond de la mer Caspienne, ce qui est extrêmement important pour le développement des capacités d'exportation de pétrole et de gaz de l'Azerbaïdjan, mais contribue peu à diversifier l'économie azerbaïdjanaise et à développer de nouvelles industries. Quant aux investissements azerbaïdjanais, ils ne dépassent pas non plus un secteur financier étroit, et sont principalement liés à l'achat de titres français par le Fonds pétrolier d'État d'Azerbaïdjan (1,6 sur 1,8 milliard de dollars d'investissements azerbaïdjanais).

Des relations déteriorées par une politique partisane

Cependant, la principale raison du ralentissement de la coopération économique est liée à la détérioration du climat politique dans les relations bilatérales. En cause, la position - pour le moins - peu objective de la France lors de la guerre arméno-azerbaïdjanaise à l'automne 2020. Les déclarations et les actions intempestives de certaines personnalités politiques françaises dans la période post-conflit de 2021, leur mépris pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan ont rendu difficiles le dialogue et la coopération entre nos pays, et ont réduit en cendres nombre des réalisations des années précédentes dans le domaine de la politique et de l'économie, de la culture et de l'éducation. Pour que la confiance et la coopération retrouvent leurs anciens niveaux, il faut du temps, de la bonne volonté, une approche responsable de l’avenir de nos relations bilatérales et, surtout, des efforts concrets de part et d'autre.

L'Azerbaïdjan a parfaitement conscience de l'importance de la France dans la politique mondiale et européenne, et son immense rôle en tant que centre économique, technologique et novateur de l'Europe. Mais nous attendons de la France qu'elle fasse également preuve de compréhension des nouvelles réalités de la situation post-conflit dans la région du Caucase du Sud et qu'elle reconnaisse le fait que nos « lignes rouges » ne sont pas différentes de celles de la France. Le territoire de notre IIIe République, à l'instar de celui de la Ve République française, est uni et indivisible, et tous ses citoyens, quelles que soient leur ethnie et leur religion, sont égaux devant la loi.

La nouvelle réalité post-conflit

La guerre de 44 jours relève de l'Histoire, le conflit est résolu. Aujourd'hui, nos priorités dans cette période post-conflit sont la reconstruction et le développement de la région azerbaïdjanaise du Karabakh, dans la paix et la sécurité.

Il s’agit, tout d'abord, du déminage des territoires libérés, de la reconstruction des villages et des villes détruites pendant l'occupation, de la réhabilitation des forêts brûlées, des sols contaminés, des rivières et des lacs pollués, de la restauration du patrimoine culturel et religieux.

Parallèlement, nous entreprenons la mise en œuvre de nouveaux grands projets d'infrastructure et de transport dans la région du Caucase du Sud, destinés à connecter les économies des pays de la région (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie ) entre eux, mais aussi avec les pays voisins (Russie, Turquie, Iran) et les marchés mondiaux (Europe, Asie et Moyen-Orient).

La France doit jouer son rôle dans la réconciliation entre Arménie et Azerbaïdjan

Une priorité tout aussi déterminante dans la période post-conflit est également la réconciliation historique des voisins arméniens et azerbaïdjanais, l'intégration des Arméniens du Karabakh dans l'espace juridique, économique et culturel de l'Azerbaïdjan, et la préparation du traité de paix entre l'Arménie et l’Azerbaïdjan.

Dans tous ces processus, la France peut et doit jouer un rôle majeur, puisque 70 grandes entreprises françaises qui sont installées dans le marché azerbaïdjanais pourraient en devenir les locomotives. En jeu, sa crédibilité de grande puissance, car celle-ci repose non seulement sur la taille du territoire et le nombre des missiles nucléaires, mais aussi sur sa capacité de mener, quelles que soient ses préférences communautaristes, une politique responsable en respectant les principes fondamentaux du droit international, y compris le respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'inviolabilité des frontières des autres États. Et cela, bien évidemment, au bénéfice de la relance et du progrès des relations azerbaïdjano-françaises, qui fêteront cette année leur 30e anniversaire.

La thèse que nous rappelons souvent en France, et qui ne perd rien de sa pertinence, est que la responsabilité du développement des relations bilatérales incombe à part égale aux deux parties, l'Azerbaïdjan et la France. En ce qui nous concerne, en Azerbaïdjan, nous sommes conscients de notre responsabilité et sommes prêts à faire notre part du chemin. Nous invitons la France à en faire autant.

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