L’AZERBAÏDJAN - UN NOUVEAU NŒUD DE PUISSANCE : COMMENT BAKOU ET LES ÉTATS-UNIS ONT REDESSINE EN QUELQUES MOIS LA GEOPOLITIQUE DU CAUCASE DU SUD
Paris / La Gazette
Le rapprochement entre l’Azerbaïdjan et les États-Unis s’est accéléré de manière spectaculaire au cours des derniers mois, à un rythme bien supérieur aux tendances observées auparavant. Un indicateur frappant de cette dynamique, en cette fin d’année, a été la première réunion du groupe de travail bilatéral États-Unis–Azerbaïdjan, tenue le 20 décembre à Washington.
Cette rencontre a marqué le lancement de la mise en œuvre du Mémorandum d’entente signé le 8 août dans le cadre du Sommet pour la paix organisée par le président américain Donald Trump. La signature de ce document a revêtu une importance historique non seulement pour les relations bilatérales entre Bakou et Washington, mais aussi, plus largement, pour l’ensemble du Caucase du Sud.
Il convient de comprendre que ce mémorandum d’entente ne se limite pas à des questions d’économie, d’investissements, de relations commerciales ou de coopération en matière de sécurité. Ce document indique clairement l’augmentation de l’influence des États-Unis dans la région, au détriment d’autres acteurs plus faibles et depuis longtemps discrédités, et revêt également une importance géopolitique majeure, faisant de l’Azerbaïdjan un nœud reliant les États-Unis à l’Asie centrale.
Un rôle clé dans ce contexte est joué par le projet Trump Route for International Peace and Prosperity (TRIPP), qui permettra de relier l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan via le territoire de l’Arménie et de faciliter considérablement la logistique vers les pays de l’Union européenne. Un aspect non négligeable réside dans le fait que les États-Unis joueront un rôle important dans la garantie du développement futur et de la sécurité de ce projet. L’intérêt des États-Unis pour un projet d’une telle envergure minimise les risques potentiels, y compris ceux émanant de tiers.
La perspective de devenir un élément nodal du Caucase du Sud avait autrefois été offerte à la Géorgie, mais le pays a aujourd’hui perdu cette opportunité. À l’époque où Tbilissi bénéficiait de la faveur de Washington, Bakou faisait face à des problèmes territoriaux non résolus, qui constituaient la principale raison pour laquelle le potentiel de l’Azerbaïdjan ne pouvait se déployer pleinement. Tout a cependant changé en 2020, avec la montée progressive de l’influence du pays aux niveaux régional et international.
Le XIIᵉ sommet de l’Organisation des États turciques, tenu le 7 octobre 2025 à Gabala, en Azerbaïdjan, a jeté des bases encore plus profondes et prometteuses pour l’établissement d’une liaison unifiée, via l’Azerbaïdjan, entre les États-Unis et l’Asie centrale. Cela apparaît d’autant plus significatif dans le contexte de la visite à Washington, le 6 novembre, des dirigeants du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Turkménistan, du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan.
Ainsi, se dessine clairement une future chaîne : Organisation des États turciques – Azerbaïdjan - TRIPP - États-Unis, avec une importance croissante de l’Azerbaïdjan et du corridor de Zanguezour en tant qu’itinéraire alternatif vers l’Europe. L’attractivité économique est indiscutable : des économies potentielles annuelles de 20 à 30 milliards de dollars et une augmentation du commerce international pouvant atteindre 50 à 100 milliards de dollars par an. Mais l’essentiel est ailleurs…
L’élément le plus important est que cette formule exclut des acteurs tiers pseudo-intéressés, dont la présence ne ferait pas tant avancer les choses qu’elle ne nuirait à la mise en place d’un nouveau corridor logistique, avec toutes les garanties et la stabilité nécessaires dans la région. Le rôle nodal y est joué par un pays pleinement intéressé par l’inverse - le développement.
