LE FMI PRÉVOIT UNE CROISSANCE MONDIALE DE 3,2 % EN 2024 ET 2025

Paris / La Gazette
L'économie mondiale devrait croître de manière peu dynamique à 3,2 % cette année et rester à ce niveau en 2025, a déclaré le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport mardi, abaissant la projection pour l'année prochaine tout en avertissant que les chiffres stables masquaient des changements régionaux et sectoriels "importants".
Le Fonds monétaire international a relevé ses prévisions de croissance économique pour 2024 aux États-Unis, au Brésil et au Royaume-Uni, mais les a abaissées pour la Chine, le Japon et la zone euro, ajoutant que les risques abondent en raison des conflits armés, des potentielles nouvelles guerres commerciales et des séquelles d'une politique monétaire stricte.
Le dernier Rapport sur les perspectives de l'économie mondiale (WEO) du FMI a déclaré que les changements laisseront la croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial de 2024 inchangée par rapport aux 3,2 % projetés en juillet, donnant un ton peu engageant à la croissance alors que les dirigeants financiers mondiaux se réunissent à Washington cette semaine pour les réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale.
Dans son nouveau rapport, le FMI estime également que l'inflation mondiale continuera de diminuer, atteignant 5,8 % cette année, avant de tomber à 4,3 % en 2025.
"Nous voyons l'inflation se diriger dans la bonne direction sans un ralentissement majeur de la croissance économique ni une récession mondiale", a indiqué l'économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, à l'Agence France-Presse (AFP) dans une interview avant la publication du rapport.
"Dans notre analyse de base, dans les économies avancées, l'inflation sera de retour aux objectifs des banques centrales en 2025", a-t-il poursuivi, ajoutant que cela prendrait "un peu plus de temps" pour les marchés émergents.
Le rapport du Fonds a noté que la croissance mondiale devrait atteindre un modeste 3,1 % d'ici 2029, et a averti des risques croissants pour ce chiffre.
Sous les perspectives relativement calmes de croissance jusqu'en 2025, "le tableau est loin d'être monolithique", a ajouté le Fonds, avertissant de "changements sectoriels et régionaux importants", survenus au cours des six derniers mois.
Le rapport constate que les États-Unis sont restés un moteur de la croissance mondiale – en nette contradiction avec la zone euro, où l'expansion reste lente.
La plus grande économie du monde devrait maintenant croître de 2,8 % cette année, légèrement en baisse par rapport aux 2,9 % observés en 2023, mais encore un peu mieux que l'estimation précédente du Fonds en juillet.
Il est ensuite prévu qu'il se stabilise quelque peu à 2,2 % en 2025 – soit une hausse de 0,3 point de pourcentage par rapport à juillet – alors que la politique fiscale est "progressivement resserrée et qu'un marché du travail en ralentissement freine la consommation", a reconnu le FMI.
En Europe, la croissance continue de s'orienter à la hausse mais reste faible selon les normes historiques, et devrait atteindre un anémique 0,8 % cette année, pour remonter légèrement à 1,2 % en 2025.
Alors que la France et l'Espagne ont vu leurs perspectives pour 2024 améliorées, le FMI a réduit ses prévisions de croissance pour l'Allemagne de 0,2 point de pourcentage cette année, et de 0,5 point de pourcentage l'année prochaine, citant sa "faiblesse persistante dans le secteur manufacturier."
Il y a eu de bonnes nouvelles au Royaume-Uni, où la croissance devrait s'accélérer en 2024 et 2025, "alors que la baisse de l'inflation et des taux d'intérêt stimule la demande intérieure."
La croissance au Japon devrait ralentir fortement pour atteindre seulement 0,3 % cette année, avant de s'accélérer à 1,1 % l'année prochaine, "soutenue par la consommation privée à mesure que la croissance des salaires réels se renforce", selon le FMI.
Le Fonds s'attend à ce que la croissance de la production économique en Chine continue de ralentir, passant de 5,2 % l'année dernière à 4,8 % cette année, puis tombant encore à 4,5 % en 2025.
Le FMI prévoit une légère reprise de la croissance au Moyen-Orient et en Asie centrale à 2,4 % cette année, avant de bondir à 3,9 % en 2025, alors que l'effet temporaire des perturbations pétrolières et maritimes s'estompe.
En Afrique subsaharienne, le FMI prévoit que la croissance restera inchangée à 3,6 % cette année, pour atteindre 4,2 % en 2025 à mesure que les chocs climatiques s'atténueront et que les contraintes d'approvisionnement se relâcheront.
En comptant les risques pour les perspectives mondiales, le FMI a signalé le potentiel d'importantes augmentations tarifaires et de mesures de rétorsion, mais il n'a pas mis en avant la promesse du candidat républicain à la présidence américaine, Donald Trump, d'imposer des tarifs de 10 % sur les importations mondiales aux États-Unis et de 60 % sur les marchandises en provenance de Chine.
D'autres risques mentionnés dans le rapport incluaient la possibilité d'une flambée des prix du pétrole et d'autres matières premières si les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine s'intensifiaient.
Le FMI a mis en garde les pays contre la poursuite de politiques industrielles visant à protéger les industries et les travailleurs nationaux, en disant qu'elles échouent souvent à apporter des améliorations durables du niveau de vie.