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Les Oudis en Azerbaïdjan ont préservé leur riche passé historique grâce à la politique de multiculturalisme de l’État azerbaïdjanais

18 Janvier 2021 15:07 (UTC+01:00)
Les Oudis en Azerbaïdjan ont préservé leur riche passé historique grâce à la politique de multiculturalisme de l’État azerbaïdjanais
Les Oudis en Azerbaïdjan ont préservé leur riche passé historique grâce à la politique de multiculturalisme de l’État azerbaïdjanais

Paris / Lagazetteaz

Le Journal des musulmanes et des musulmans en France a publié une interview avec Robert Mobili, chef de la communauté albanienne-oudie en Azerbaïdjan, dont Lagazetteaz présente le texte intégral.

Qui sont les « Oudis » ?

Les Oudis sont aujourd’hui environ dix mille en Azerbaïdjan. Ils possèdent leur propre langue, leur propre religion, leur propre culture et leurs propres traditions.

Des informations à leur sujet peuvent être trouvées dans l’ouvrage « Histoire » de l’auteur grec Hérodote du cinquième siècle avant J.-C., dans l’ouvrage « Géographie » de Strabon, qui vécut au premier siècle avant J.-C., dans les œuvres de Caecili Secundi Pline, Azinius Guadrate ainsi que chez de nombreux autres auteurs anciens. Une excellente source de documentation est « l’Histoire de l’Albanie du Caucase » de Musa Kalankatuklu, qui vécut au VIIIe siècle.

Les Oudis sont des citoyens de la République d’Azerbaïdjan qui vivaient autrefois dans l’ancienne Albanie du Caucase et qui vivent maintenant dans les districts de Gabala et d’Oghuz en Azerbaïdjan. L’Azerbaïdjan est historiquement un lieu habité par de nombreux peuples et groupes ethniques qui s’est attaché à conserver leur identité ethnique, leurs croyances religieuses et leurs traditions, qui ont toutes survécu jusqu’à nos jours. Comme d’autres minorités, les Oudis ont préservé leur riche passé historique grâce à la politique de multiculturalisme de l’Etat et, comme des membres d’une même famille, ont établi des liens avec les Azerbaïdjanais dans toutes les domaines.

D’après le « Voyage au Caucase » de l’écrivain français Alexandre Dumas, les Oudis sont issus de tribus vivant dans le Caucase. « Bien que le nombre de tribus parlant ce dialecte soit faible » note-t-il, ce sont des gens très intéressants. Ils parlent une langue incompatible avec toute autre langue.»

L’un des marqueurs l’identité d’une nation est la culture matérielle qu’elle a su créer au fil des siècles. La préservation des traditions vestimentaires, de la cuisine, des diverses cérémonies, du style de vie des Oudis lui ont permis de rester une nation à part entière.

Les Oudis en Azerbaïdjan

Le Centre de culture populaire des Oudis, établi dans le village de Nidj à Gabala, ancienne capitale du Royaume de l’Albanie du Caucase, est fortement engagé dans le développement et la préservation des anciennes traditions des Oudis. La société de tolérance qui est l’une des caractéristiques de l’Azerbaïdjan, ainsi que l’absence de discrimination nationale et religieuse, ont créé des conditions favorables pour que les peuples minoritaires et les groupes ethniques, y compris les Oudis, maintiennent leur existence. Aujourd’hui, l’État azerbaïdjanais apporte un soutien permanent aux activités de la communauté oudie.

Le folklore des Oudis est très coloré. Divers jeux, divertissements, chansons lyriques et héroïques, danses, légendes et mythes sont liés à la vie quotidienne. Même après s’être convertis au christianisme, les Oudis, comme d’autres tribus d’Albanie du Caucase, n’ont pas oublié leurs vies et leurs traditions passées. La vénération de la lune découlant de leurs croyances passées demeure par exemple toujours présente.

Les danses nationales oudies, de même que des danses folkloriques azerbaïdjanaises telles que « Yalli » et « Uzundere » sont exécutées lors de fêtes de mariages et de festivités. Le vendredi est un jour qui porte bonheur. En règle générale, le travail commencé ce jour-là se poursuivra avec succès.

Bien que les Oudis soient chrétiens, le sacrifice est une pratique assez répandue. Ces sacrifices sont accomplis dans des sanctuaires considérés comme sacrés. Il en existe dans chaque quartier et rue de Nidj. Bien que les chrétiens aient abandonné cette pratique depuis longtemps, elle reste présente chez les Oudis, ce qui surprend souvent les touristes chrétiens qui visitent le village de Nidj.

La communauté religieuse chrétienne albanienne-oudie a été reconnue en République d’Azerbaïdjan en 2003. À partir de cette date, l’État a commencé à restaurer des églises et favoriser la pratique du culte. En 2006, l’une des plus anciennes églises du Caucase, le temple de Kich dans le district de Chéki, a été restaurée, et l’un des trois temples chrétiens situés dans le village de Nidj, l’église Saint Elysée de Jotari a pu être rouvert au culte de la communauté des Oudis.

L’Église apostolique autocéphale d’Albanie était depuis longtemps une église indépendante en Azerbaïdjan. Après l’occupation du Caucase par la Russie tsariste, cette église fut subordonnée à l’Église grégorienne arménienne dans les années 1830. Le rétablissement de l’indépendance de l’Azerbaïdjan a permis aux Oudis de restaurer l’Église apostolique d’Albanie. Les Oudis sont les héritiers religieux de l’Église albanienne et en assurent aujourd’hui le maintien.

On trouve d’anciennes églises albanaises à Latchin, Kelbadjar et Goubadly au Karabagh.

La restauration de l’Église apostolique albanienne, est un remarquable exemple du soutien conjoint de l’État et du peuple azerbaïdjanais pour que des communautés religieuses fonctionnent librement. Les citoyens azerbaïdjanais, comme les organisations non gouvernementales, le Bureau des musulmans du Caucase, ainsi que d’autres organisations ont soutenu, chacun à son niveau, la restauration de l’Église apostolique d’Albanie. En particulier, le Président de la République d’Azerbaïdjan nous accorde chaque année une aide financière grâce à laquelle nous sommes en mesure de poursuivre nos activités, notamment la restauration de nos monuments.

Voilà ce que sont les réalités de l’Azerbaïdjan, qui n’oublie pas qu’il est l’héritier de l’Albanie du Caucase et fait tout pour préserver ce patrimoine culturel chrétien, de la même manière que nous, les Oudis, servons l’héritage que nous a transmis l’Église albanienne.

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