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LE FMI ÉPINGLE LA FRANCE POUR SA DETTE

15 Mai 2023 10:11 (UTC+01:00)
LE FMI ÉPINGLE LA FRANCE POUR SA DETTE
LE FMI ÉPINGLE LA FRANCE POUR SA DETTE

Paris / La Gazette

Les mesures du quoiqu’il en coûte “ont été très coûteuses” et “n’étaient pas particulièrement ciblées”, regrette Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du Fonds monétaire international. L'Hexagone devrait être le seul pays de la zone euro à ne pas réduire son endettement public d'ici à 2028. Dans le regard du FMI, la France vient de passer en lanterne rouge.

Éternelle bonne élève, l’Allemagne devrait voir sa dette repasser sous la barre des 60 % de PIB en cinq ans (contre 69 % en 2021), prévue par les règles budgétaires européennes. À l’opposé, unique exception à la bonne dynamique européenne de réduction régulière des déficits publics, la France connaîtrait sur la même période une hausse constante de son endettement, au point de dépasser, en 2028, les 115 % de dette par rapport au PIB, dépassant ainsi le niveau atteint au plus fort de la pandémie. Déjà l’année dernière, l’endettement de la France s’est creusé de 126,4 milliards d’euros pour atteindre 2950 milliards d’euros et frôler le cap symbolique des 3000 milliards d’euros, selon l’Insee.

Le budget français devrait par ailleurs connaître un déficit annuel, le rapport entre les dépenses et les recettes de l’État, compris entre 5,3 % et 3,9 % du PIB entre 2023 et 2028, toujours selon les estimations du FMI. Ainsi, il ne reviendrait pas sous la barre des 3 %, objectif pourtant affiché et martelé par l’exécutif pour 2027. Le programme de stabilité (PSTAB), texte destiné à présenter aux institutions européennes la trajectoire macroéco-nomique du pays devrait être publié dans les semaines qui viennent.

Le Fonds monétaire international (FMI) préconise pour la France "un programme de rétablissement des comptes publics un petit peu plus agressif à un horizon 2027-2028", que celui "actuellement dans les cartons", indique son chef économiste, Pierre-Olivier Gourinchas, mercredi 10 mai sur franceinfo. "Il ne s'agit pas d'avoir une austérité budgétaire, il ne s'agit pas d'aller serrer la vis", précise-t-il.

À l’échelle mondiale, le FMI s’inquiète d’une reprise des dettes publiques après deux années de baisse grâce à la reprise économique et à l’inflation (qui gonfle les recettes fiscales). Les niveaux d’endettement atteints durant la pandémie pourraient être de nouveau atteints en 2028.

À mi-avril, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, avait reconnu que la dette constituait « un point noir ». « Aujourd’hui, nous prévoyons de faire moins de cinq points de réduction de la dette, nous le disons avec sincérité », avait-il affirmé, attribuant cette révision à l’abandon de la hausse de la taxe carbone et à la croissance moins dynamique qu’attendu.

Selon Bercy, le déficit public devrait atteindre 3,1 % du PIB cette année, puis 1,2 % en 2022. La dette publique devrait quant à elle passer de 98,4 % en 2018 à 96,8 % en 2022, soit une baisse de 1,6 point de PIB, alors que l’exécutif promettait jusque-là une baisse de cinq points.

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