Lagazette

LE CAUCASE DU SUD EN 2026: L'ERE DE LA PAIX ET DE L'INTEGRATION ECONOMIQUE

30 Décembre 2025 16:01 (UTC+01:00)
LE CAUCASE DU SUD EN 2026: L'ERE DE LA PAIX ET DE L'INTEGRATION ECONOMIQUE
LE CAUCASE DU SUD EN 2026: L'ERE DE LA PAIX ET DE L'INTEGRATION ECONOMIQUE

Le 30 décembre 2025, le site EU Reporter a publié un article du politologue ukrainien Taras Kouzio, consacré au bilan de l’année 2025 pour le Caucase du Sud et aux perspectives pour 2026. Caliber.Az en propose ci-dessous un extrait.

« Pour le Caucase du Sud, l’année écoulée a été positive. Le conflit le plus violent, né entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan lors de l’effondrement de l’URSS, a été réglé à la Maison-Blanche. Bien que le président américain Donald Trump ait assisté à la cérémonie de signature, sa contribution au processus de paix a été essentiellement symbolique.
Il y a trente ans, des conflits ont également éclaté en Moldavie, en Géorgie et en Tchétchénie, mais le conflit arméno-azerbaïdjanais était le plus difficile à résoudre. Il se distinguait par la politique irrédentiste et expansionniste menée par les Arméniens à l’égard des États voisins. Après la première guerre du Karabakh (1988-1994), l’Arménie a occupé près d’un cinquième du territoire azerbaïdjanais pendant presque trois décennies et procédé à des nettoyages ethniques de la population azerbaïdjanaise.
Erevan n’a renoncé au projet expansionniste de la “Grande Arménie” qu’après la restitution à l’Azerbaïdjan des territoires occupés en 2020 et 2023.
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, confronté à l’opposition de nationalistes en colère, de la diaspora et de l’Église, a déclaré que le pays devait reconnaître les frontières internationales qu’il possédait à l’époque soviétique. Il s’agissait d’un tournant majeur par rapport au nationalisme arménien et d’un pas important vers la paix avec Bakou et la normalisation des relations avec Ankara.
Pachinian a soutenu que la quête d’une “Arménie historique” n’avait conduit qu’à des conflits. Il a également compris que tant que le pays resterait isolé, il demeurerait dans la sphère d’influence de la Russie. Ainsi, les documents signés à Washington ouvriront la voie à un affaiblissement des liens arméno-russes et à une intégration européenne.
Les accords conclus à la Maison-Blanche ont créé des opportunités pour régler la question du corridor de Zanguezour — une bande de 42 kilomètres reliant l’Azerbaïdjan continental au Nakhitchevan à travers la région arménienne du Syunik. Les États-Unis ont joué un rôle de médiateur en proposant la construction de la “Route Trump pour la paix et la prospérité internationales” (TRIPP), destinée à contourner l’Iran et à réduire l’influence russe. La restauration des liaisons routières, ferroviaires et des pipelines renforcera l’intégration économique et les échanges commerciaux. L’Arménie bénéficiera de sa participation au transport international du pétrole et du gaz via le Caucase du Sud, en coopération avec l’Azerbaïdjan, la Turquie et la Géorgie.
La Russie et l’Iran jouent le rôle de fauteurs de troubles. Ils ne souhaitent pas voir leur influence dans le Caucase du Sud diminuer au profit des États-Unis et de l’Europe. Moscou et Téhéran affichent une hostilité ouverte envers Washington. La Russie considère le conflit avec Kiev comme une guerre par procuration contre l’Occident, où l’Ukraine serait devenue un État marionnette de l’Amérique. Le régime théocratique iranien a toujours été hostile au “grand Satan” — les États-Unis —, en particulier après le soutien de Trump à Israël et le lancement d’attaques contre les installations nucléaires iraniennes.
En Arménie, l’antiaméricanisme est peu populaire en raison de l’importance de la diaspora arménienne aux États-Unis. En Azerbaïdjan, cette tendance est également inacceptable.
Le Kremlin est absorbé par une guerre de grande ampleur en Ukraine, et son influence dans les États eurasiens, tout comme sa capacité à les convaincre, s’affaiblissent. Suivant l’exemple de l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan a lancé des réformes militaires, notamment un projet d’un milliard de dollars pour la construction de quatre nouvelles usines de production d’artillerie et de mines conformes aux normes de l’OTAN.
Toutefois, la Russie conserve des leviers d’influence sur l’Arménie grâce à l’adhésion de celle-ci à l’OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective) et à l’Union économique eurasiatique (UEE). En 2013, Moscou a exercé avec succès des pressions sur Erevan, l’obligeant à renoncer à la signature d’un accord d’association avec l’UE et à rejoindre l’UEE.
L’Agenda stratégique de partenariat UE–Arménie, adopté en décembre de cette année, constitue un plan ambitieux visant à approfondir la coopération. Mais le renforcement des relations entre Erevan et Bruxelles favorisera-t-il la paix dans le Caucase du Sud ou conduira-t-il à un éloignement de l’Azerbaïdjan vis-à-vis de l’Europe ? Le document de l’UE sur les conflits armés mentionne le conflit du Karabakh, ce qui est regrettable, car cette confrontation a été un instrument de contrôle de la part de la Russie.
Par ailleurs, malgré son importance pour la sécurité énergétique de l’Europe, l’Azerbaïdjan est largement ignoré par l’UE. L’Arménie est le seul pays à bénéficier de l’aide européenne. Au début des années 1990, près d’un million d’Azerbaïdjanais ont fui l’Arménie et les territoires azerbaïdjanais occupés, et leurs besoins en matière de logement et de protection sociale ont été pris en charge par le gouvernement azerbaïdjanais. Or, l’Agenda stratégique de partenariat UE–Arménie ne mentionne que la “satisfaction des besoins et le soutien à l’intégration socio-économique des Arméniens du Karabakh”.
La paix s’est installée dans cette région stratégiquement essentielle du Caucase du Sud, qui a connu son plus grand conflit. En 2026, Arméniens et Azerbaïdjanais consolideront les accords de paix conclus, en développant les échanges commerciaux et en renforçant la sécurité de l’Arménie en Europe et celle de l’Azerbaïdjan dans le monde turcique », écrit Taras Kouzio.
Loading...
L'info de A à Z Voir Plus