L'AFRIQUE DE L'OUEST A ENREGISTRÉ PLUS DE 1 800 ATTAQUES TERRORISTES AU COURS DES SIX PREMIERS MOIS DE 2023, SELON UN RESPONSABLE REGIONAL
Paris / La Gazette
L'Afrique de l'Ouest a enregistré plus de 1 800 attaques au cours des six premiers mois de l'année, faisant près de 4 600 morts et entraînant des conséquences humanitaires désastreuses, ce qui, selon un haut fonctionnaire régional, n'est qu'un « aperçu de l'impact épouvantable de l'insécurité ».
Omar Touray a déclaré mardi au Conseil de sécurité des Nations Unies qu'un demi-million de personnes dans la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui compte 15 pays, sont des réfugiés et que près de 6,2 millions sont déplacées à l'intérieur du pays.
Sans une réponse internationale adéquate aux 30 millions de personnes qui ont besoin de nourriture dans la région, ce nombre pourrait atteindre 42 millions d'ici la fin du mois d'août, a-t-il ajouté.
M. Touray, qui est président de la Commission de la CEDEAO, a accusé le crime organisé, les rébellions armées, les changements anticonstitutionnels de gouvernement, les activités maritimes illégales, les crises environnementales et les fausses nouvelles d'être à l'origine de l'insécurité dans la région.
Il a averti que la région s'inquiétait de la résurgence de l'armée, trois pays - le Mali, le Burkina Faso et la Guinée - étant dirigés par des militaires.
« Le renversement des acquis démocratiques va de pair avec l'insécurité à laquelle l'Afrique de l'Ouest et le Sahel sont confrontés depuis un certain temps », a estimé M. Touray, ancien ministre gambien des Affaires étrangères.
Entre janvier et le 30 juin, il y a eu 2 725 attaques au Burkina Faso, 844 au Mali, 77 au Niger et 70 au Nigeria, qui ont fait 4 593 morts, selon M. Touray.
Il a ajouté que les attaques au Bénin et au Togo, qui ont des côtes sur l'océan Atlantique, sont une « indication frappante de l'expansion du terrorisme dans les États côtiers, une situation qui constitue une menace supplémentaire pour la région ».
Les chefs d'état-major de la CEDEAO ont tenu des consultations pour renforcer une force régionale en attente « de manière à lui permettre de soutenir les États membres dans la lutte contre le terrorisme et contre les menaces à l'ordre constitutionnel », a-t-il évoqué.
Selon M. Touray, les chefs militaires ont proposé deux options : la création d'une brigade de 5 000 hommes, pour un coût annuel de 2,3 milliards de dollars, ou le déploiement de troupes à la demande, pour un coût annuel de 360 millions de dollars.
Il a réitéré la demande de l'Union africaine pour que les opérations de paix africaines soient financées par le budget ordinaire des Nations Unies, auquel contribuent les 193 États membres de l'ONU.
M. Touray a indiqué que les recommandations relatives au personnel militaire avaient été formulées avant que le gouvernement militaire du Mali n'exige le départ de la force de maintien de la paix de l'ONU, forte de 15 000 hommes, ce qui a été suivi par le vote unanime du Conseil de sécurité, le 30 juin, pour mettre fin immédiatement à la mission. Le Mali a fait appel à des mercenaires du groupe russe Wagner pour l'aider à combattre les groupes armés.
M. Touray a indiqué au CSNU que les dirigeants de la CEDEAO allaient convoquer une session extraordinaire sur la paix et la sécurité d'ici la fin du mois d'août, qui sera présidée par Bola Tinubu, le nouveau président du Nigeria, qui a pris la présidence du bloc en juillet dernier.
Le nouveau chef du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS), Leonardo Santos Simao, a également informé le Conseil de sécurité des Nations Unies que la situation en matière de sécurité dans le Sahel central, en particulier dans la région frontalière du Burkina Faso, du Mali et du Niger, « s'est encore détériorée, avec de multiples attaques contre les civils et les forces de défense et de sécurité ».
M. Simao a lancé un appel en faveur d'un « soutien solide et décisif » au plan d'action de la CEDEAO visant à endiguer l'insécurité au Sahel.