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Tensions entre Alger et Paris: le président Tebboune ne fera pas «le premier pas»

7 Novembre 2021 08:52 (UTC+01:00)
Tensions entre Alger et Paris: le président Tebboune ne fera pas «le premier pas»
Tensions entre Alger et Paris: le président Tebboune ne fera pas «le premier pas»

Paris/ La Gazette

Le président algérien s'est exprimé, vendredi 5 novembre, dans l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Il répond notamment à des questions sur ses relations avec la France et le président Emmanuel Macron. Les relations entre les deux pays se sont fortement tendues après qu'Emmanuel Macron a questionné l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation française. Abdelmadjid Tebboune prévient qu'il ne fera pas le « premier pas » pour apaiser les tensions.

« On ne touche pas à l'histoire d'un peuple et on n'insulte pas les Algériens », affirme le président algérien dans l'hebdomadaire allemand. Le président français a « porté atteinte à la dignité des Algériens », poursuit-il. « Avec cette déclaration, Macron s'est placé du côté de ceux qui justifient la colonisation », assène-t-il.

Abdelmadjid Tebboune, interrogé sur le pourquoi des propos d'Emmanuel Macron, estime qu'il s'agit de visées électoralistes. « C'est le même discours que le journaliste d'extrême droite, Eric Zemmour, utilise depuis longtemps », dénonce-t-il.

« Nous ne sommes plus obligés de coopérer les uns avec les autres », déclare le président algérien. Début octobre, Abdelmadjid Tebboune avait rappelé son ambassadeur à Paris. Il avait également interdit le survol de son territoire aux avions militaires français qui circulent au-dessus de l'Algérie pour rejoindre la bande sahélienne et les opérations Barkhane. « Ils devront juste faire neuf heures de vol au lieu de quatre heures », souligne-t-il.

Sur la question de la sécurité au Mali, si les Maliens sont confrontés à une attaque, le président Tebboune se dit prêt à intervenir, seulement si Bamako demande de l'aide. Mais, prévient-il, pas question d'envoyer ses soldats « pour les intérêts des autres.

À l’inverse, le président algérien tresse des lauriers à l'Allemagne d'Angela Merkel. "Les Allemands nous ont toujours traités avec respect, ils ne nous ont jamais traités avec arrogance, il n'y a jamais eu de désaccords en matière de politique étrangère", salue-t-il, disant "admirer" la "persévérance et la modestie d'Angela Merkel".

En tous cas, ces déclarations, peut-être mal inspirées, risque de compromettre les gestes qu’Emmanuel Macron avait fait pour pacifier les relations entre la France et l’Algerie.

Le président français avait reconnu en 2018 l’assassinat par de Maurice Audin, membre du parti communiste algérien et militant de l'indépendance par des soldat français, ainsi que l’assassinat de l’avocat indépendantiste Ali Boumendjel. Il avait également restitué les crânes de 24 résistants algériens tués en 1849 et conservés au Musée de l'Homme à Paris (il en reste encore environ 300).

Ces gestes risques d’apparaître comme simplement opportunistes.

Il est toutefois encore temps de redresser la situation avant le 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 2022.

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