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ROUTE DE LATCHINE : L'AZERBAÏDJAN DÉNONCE LES "REMARQUES REGRETTABLES" DE L'UE SUR LE DOSSIER DU KARABAKH

27 Juillet 2023 15:59 (UTC+01:00)
ROUTE DE LATCHINE : L'AZERBAÏDJAN DÉNONCE LES "REMARQUES REGRETTABLES" DE L'UE SUR LE DOSSIER DU KARABAKH
ROUTE DE LATCHINE : L'AZERBAÏDJAN DÉNONCE LES "REMARQUES REGRETTABLES" DE L'UE SUR LE DOSSIER DU KARABAKH

Paris / La Gazette

Les commentaires récents du responsable de la politique étrangère de l'Union européenne sur la situation actuelle dans la région contestée du Karabakh sont « regrettables », a déploré l'Azerbaïdjan jeudi.

« L'approche de la situation dans la région présentée par le haut représentant (de l'UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, dans son communiqué du 26 juillet, basée sur la propagande et les manipulations politiques diffusées par l'Arménie, est regrettable », a déclaré le porte-parole du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Aykhan Hajizada, dans un communiqué.

M. Hajizada a souligné que Bakou appréciait le soutien de l'UE « à l'établissement de la paix et de la stabilité dans la région, ainsi qu'aux négociations de paix avec l'Arménie », mais « ignorer » les griefs de l'Azerbaïdjan concernant le retrait incomplet des forces arméniennes de la région et présenter l'établissement par l'Azerbaïdjan d'un poste de contrôle frontalier sur la route de Latchine comme sa fermeture est « fondamentalement erroné ».

« De même, il doit être clair que la mauvaise interprétation flagrante des décisions pertinentes de la Cour internationale de justice (CIJ) ne donnera pas de résultats », a insisté M. Hajizada, indiquant qu'une décision de la CIJ au début de ce mois « a démontré une fois de plus que la protection de sa propre sécurité par l'Azerbaïdjan est légitime ».

Le 6 juillet, la CIJ a rejeté à l'unanimité la demande d'Erevan de modifier la décision de la Cour de février 2022 sur l'affaire « Arménie contre Azerbaïdjan », dans laquelle l'une des demandes de l'Arménie était de supprimer le poste de contrôle frontalier établi par Bakou à l'entrée de la route de Latchine.

Mercredi, M. Borrell a déclaré que l'UE était « profondément préoccupée par la grave situation humanitaire » dans la région, tout en affirmant que la circulation via la route de Latchine « reste obstruée depuis plus de sept mois ».

En réponse à cette affirmation, M. Hajizada a évoqué que des véhicules appartenant au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) passent quotidiennement par cette route et que l'Azerbaïdjan continue de coopérer avec le CICR et de faciliter le passage des fournitures médicales.

Il a également justifié que l'Azerbaïdjan avait proposé d'utiliser la route Aghdam-Khankendi et d'autres itinéraires alternatifs dans la région pour le transport de grandes quantités de marchandises, tout en « prenant en compte les menaces provenant de l'Arménie ».

La région montagneuse du Karabakh est au centre d'un conflit territorial qui dure depuis des décennies entre les deux pays. Lorsque l'Union soviétique s'est effondrée en 1991, les séparatistes arméniens du Karabakh se sont détachés de l'Azerbaïdjan. Le conflit qui s'en est suivi a fait quelque 30 000 morts.

Les deux anciennes républiques soviétiques ont mené deux guerres pour contrôler le Karabakh dans les années 1990 et à nouveau en 2020. Six semaines de combats à l'automne 2020 se sont terminées par un cessez-le-feu parrainé par la Russie, qui a vu l'Arménie restituer des pans entiers de territoires qu'elle contrôlait depuis des décennies.

En avril de cette année, l'Azerbaïdjan a installé un check-point à l'entrée du corridor de Latchine, exacerbant les allégations de l'Arménie concernant un « blocus » du Karabakh. L'escalade des tensions provoquée par cette mesure a fait une demi-douzaine de morts de part et d'autre depuis le mois de décembre.

Bakou a vigoureusement démenti ces allégations, affirmant que le point de contrôle avait été créé en réponse aux menaces sécuritaires de l'Arménie et citant le transfert d'armes et de munitions vers la région du Karabakh. Au début du mois, le poste de contrôle a été temporairement fermé dans l'attente d'une enquête sur la branche arménienne de la Croix-Rouge pour contrebande présumée.

Les derniers développements font suite à une protestation de plusieurs mois de la part de militants écologistes azerbaïdjanais, qui, selon Erevan, a provoqué une crise humanitaire et des pénuries de nourriture et de carburant.

À l'époque, l'Azerbaïdjan avait insisté sur le fait que les transports civils pouvaient passer sans entrave par le corridor de Latchine.

En février, la Cour internationale de justice (CIJ) - l'organe judiciaire suprême des Nations Unies - avait ordonné à l'Azerbaïdjan de garantir la libre circulation sur cette route.

La journaliste d'Euronews Annelise Borges, qui s'est rendue sur place a constaté, dans un tweet que les camions de la Croix-Rouge traversaient sans encombre le check Point, ce qui lui a d'ailleurs valu des insultes et menaces de la part des activistes arméniens.

De fréquents affrontements ont eu lieu à la frontière commune des deux pays, malgré les pourparlers de paix en cours entre Bakou et Erevan, sous la médiation de l'Union européenne et des États-Unis.

En début de semaine, à l'issue d'une réunion entre les plus hauts diplomates des deux parties, le premier ministre arménien Nikol Pachinian a laissé entendre que les deux pays pourraient signer un traité de paix d'ici la fin de l'année. Il a cité la normalisation entre Bakou et la région du Karabakh comme condition à la signature du traité et a déclaré que l'Arménie ne pouvait pas décider du sort de la population du Karabakh et qu'elle devait négocier des garanties de sécurité dans les pourparlers avec Bakou.

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