Lagazette

La collection Morozov, feu d'artifice de chefs d'oeuvres à la Fondation Vuitton

22 Septembre 2021 15:05 (UTC+01:00)
La collection Morozov, feu d'artifice de chefs d'oeuvres à la Fondation Vuitton
La collection Morozov, feu d'artifice de chefs d'oeuvres à la Fondation Vuitton

Paris / Lagazetteaz

Des Van Gogh, Gauguin, Renoir, Cézanne, Matisse, comme s'il en pleuvait... Quatre ans après l'immense succès de l'exposition Chtchoukine, la Fondation Vuitton présente une autre collection de chefs-d'oeuvre, acquis au tournant du XIXe siècle par deux frères russes, les Morozov, annonce France24.

Trois fois reportée, pandémie oblige, cette exposition est l'événement artistique de la rentrée et ouvrira (enfin) ses portes mercredi à Paris, un an après la date prévue.

La collection Morozov présente 200 tableaux, sculptures, photographies et constitue le deuxième volet consacré aux grands collectionneurs russes, après l'exposition Chtchoukine (2016-17) qui avait attiré 1,29 million de visiteurs, un record.

Après avoir franchi une porte ornée d'un haut-relief, réplique de la sculpture de l'entrée du Théâtre d'art de Moscou, le visiteur fait connaissance du "clan Morozov", famille et amis des frères, Mikhaïl et Ivan. Puis se succèdent au fil des salles des oeuvres de Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Monet, Picasso, Gauguin, Bonnard, Vuillard, Rodin etc.

Dans une salle à part, un Van Gogh peu connu : "La Ronde des prisonniers" (1890), où le seul personnage à fixer le spectateur est un homme aux cheveux roux, comme le peintre.

Mikhaïl et Ivan Morozov naissent en 1870 et 1871 dans une famille moscovite d'industriels du textile, d'origine serve et de religion Vieux-croyant orthodoxe. Leur mère leur donne une éducation artistique. Ils prennent des cours de dessin avec des artistes russes venus se former à Paris et familiers des Impressionnistes.

Mikhaïl, l'aîné, voyage et acquiert dès ses 20 ans ses premiers tableaux à Paris. Il est "audacieux", et choisit Manet, Degas mais surtout Van Gogh et Gauguin, "pas du tout reconnus à l'époque", ajoute Anne Baldassari, commissaire de l'exposition. Il est le premier à apporter en Russie un tableau de ces deux peintres.

Il meurt jeune (à 33 ans), mais sa collection compte déjà 39 tableaux signés Monet, Toulouse-Lautrec, Renoir, Gauguin etc.

Les deux frères sont nés vingt ans après Sergueï Chtchoukine, industriel fortuné, lui aussi passionné par la peinture française de son époque. Ils se connaissent, s'apprécient, et partagent le même objectif de léguer leurs collections à la Galerie Tretiakov après leur mort. Avec la révolution bolchévique de 1917, les collections sont nationalisées, d'abord visibles aux murs des hôtels particuliers des deux industriels survivants puis réunies "dans un chaos pictural" avec d'autres objets d'art, dans quelques pièces d'une des deux demeures.

Les tableaux sont envoyés dans l'Oural au déclenchement de la guerre avec l'Allemagne en 1941 et y resteront des années, tant bien que mal conservés, par -40°... Ce n'est qu'à la fin des années 50 que le public soviétique pourra à nouveau les admirer à la Galerie Tretiakov, aux Musées Pouchkine (Moscou) et de l'Ermitage (Saint-Pétersbourg).

C'est la première fois que ces trois musées prêtent autant de tableaux de la collection Morozov à l'étranger.

Après Chtchoukine et Morozov, peut-on attendre un troisième volet? "Les trois hommes étaient les grands collectionneurs d'art français de leur époque," répond la commissaire. "Mais il y a aussi de grands collectionneurs d'art russe. A l'avant-garde française a succédé l'avant-garde russe".

Loading...
L'info de A à Z Voir Plus