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UN CONCERT À PARIS POUR LA FÊTE DE LA RESTAURATION DE L’INDÉPENDANCE AZERBAÏDJANAISE

19 Octobre 2025 10:50 (UTC+01:00)
UN CONCERT À PARIS POUR LA FÊTE DE LA RESTAURATION DE L’INDÉPENDANCE AZERBAÏDJANAISE
UN CONCERT À PARIS POUR LA FÊTE DE LA RESTAURATION DE L’INDÉPENDANCE AZERBAÏDJANAISE

Paris / La Gazette

C’est au Temple protestant de Plaisance, à Paris que le trio Avey a offert un magnifique concert de musique, et notamment du compositeur azéri Uzeyir Hadjibeyli

Ce 18 octobre 2026, jour de fête de la restauration de l’indépendance azerbaïdjanaise, un public nombreux a pu assister à un magnifique concert donné par le trio Avey.

L’œuvre de Uzeyir Hadjibeyli a, sans conteste, joué un rôle fondamental dans l’histoire de la nation azerbaïdjanaise. Auteur de l’hymne national azerbaïdjanais, il est également à l’origine du tout premier opéra du monde musulman.

Né le 18 septembre 1885, Uzeyir Hadjibeyli a grandi à Choucha, la ville-forteresse qui domine le Karabakh. Un environnement propice au développement de la fibre artistique du jeune garçon qui, proche de la célèbre poétesse Natavan, se voit ouvrir les portes des meilleurs antres de la musique, à l’image du populaire Majlisi-Uns, dont elle fut l’instauratrice.

Le présentateur, Jean-Michel Brun, journaliste spécialisé dans le Caucase, a rappelé sa première visite à Choucha, à la fin de la guerre des 44 jours.

Choucha fut en effet – et est redevenue – la capitale culturelle de l’Azerbaïdjan. Au lendemain de la guerre de 44 jours, cette ville prestigieuse, fondée en en 1752 par Panah Ali Khan, est devenue, dans la seconde moitié du XIXe siècle, le lieu où se réunissait l’élite culturelle de tout le Caucase. On y produisait quotidiennement des spectacles de théâtre, de cirque, et des concerts. Chaque quartier de Choucha possédait son cercle littéraire où se composaient des poèmes, illustrés par des peintres et accompagnés de musique. Elle fut le berceau de la musique nationale : le Mugham. Tant d’œuvres majeures y virent le jour qu’on appela Choucha « Le conservatoire de l’Orient ».

Pourtant, ceux qui l’ont découverte à la fin de l’année 2020, n’ont vu que ruines et désolation. Le magnifique palais de la Princesse- poétesse Natavan n’était plus qu’une carcasse, des maisons multi-centenaires il ne restaient que quelques pierres gisant au sol, lui-même piégé par des mines anti-personnel. Même les fontaines qui jaillissaient jadis aux quatre coins de la cité avaient été asséchées. Après presque 30 ans d’occupation, la « Perle du Caucase » n’était plus qu’une coquille vide.

Mais le 8 novembre 2020, les forces azerbaïdjanaises entrèrent, seulement équipés d’armes légères afin de ne pas risquer d’abîmer encore ce qui en restait, pénétrèrent à Choucha et la libérèrent. Cette victoire fut un immense symbole. Le symbole, pour tout un peuple, d'une liberté retrouvée , et l'espoir, pour chaque habitant de Choucha, de retrouver la terre où il avait vécu et grandi. Quelques jours plus tard, l’occupant capitula et quitta la ville.

Aujourd’hui, Choucha se reconstruit. Les habitants jadis expulsés, retrouvent leur terre. C’est aussi en l’honneur de cette résurrection ce concert a été organisé.

Les interprètes

Le trio Avey a été fondé en 2024 par le flûtiste Agharahim Gouliyev, le pianiste Eldaniz Alakbarzade et la violoncelliste Laure Volpato.

Laure Volpato est lauréate de nombreux prix internationaux, elle se produit sur les meilleures scènes du monde. Cette violoncelliste virtuose s’exprime dans des genres les plus variés, du baroque au jazz, et adore collaborer à des créations musicales, qu’elles soient chorégraphiques, picturales, littéraires, ou théâtrales.

Agharahim Gouliyev, est un virtuose, azerbaïdjanais cette fois, de la flûte traversière. Il a étudié à l'Académie de Musique de Bakou, puis est entré à l'Ecole Normale de Musique de Paris. En 2018, Agharahim a reçu le premier prix au fameux concours international "Clés d'Or" à Paris.

C’est Azusa Lozinguez qui était au piano. Née à Tokyo, diplômée du conservatoire de musique TOHO Gakuen de Tokyo et de l'Ecole Normale de Musique de Paris, elle a donné de nombreux récitals à Paris. Elle a également sorti plusieurs albums de ses propres compositions, dont certaines ont été jouée dans ce concert.

Pendant tout le concert, le peintre azerbaïdjanais Rovshan Nur a réalisé, au rythme de la musique, deux tableaux qui ont immortalisé ce moment. Exactement comme du temps de la grandeur de Choucha où, dans les majlis, musique, peinture et littérature se mariaient dans un moment suspendu dans le temps.

Le programme

La première œuvre a été l’ouverture de Koroghlu, de Uzeyir Hadjibeyli, jouée par Agharahim Gouliyev. C’est justement cet opéra que le général de Gaulle est allé voir lors de son passage à Bakou en 1944.

Puis le Trio pour flûte, violoncelle et piano, Op. 45 de Louise Farrenc.
Louise Farrenc était une pianiste et compositrice française née en 1804. On lui doit un nombre considérable de composition pour piano, pour orchestre, ainsi que des oeuvres vocales. Si elle est un peu oubliée aujourd’hui, elle fut très appréciée au XIXe siècle. On la redécouvre aujourd’hui.

Au piano solo, Azusa Lozinguez a interprété Arazbari, une version symphonique d’un poème musical appartenant au mugham zerbi , un style de mugham rythmique. Un exemple de plus du mariage harmonieux que Uzeyir Hadjibeyli célébrait entre la musique classique et les accents traditionnels de l’Azerbaïdjan.

Ensuite, deux œuvres particulièrement évocatrices, de Uzeyir Hadjibeyli : les romances Sensiz [Sans toi] et Sevgili canan [Bien-aimé]

Puis les deux mouvements de la sonate en mi mineur, BWV 1034 de J.S. Bach : Adaggio ma non tanto et Allegro. Cemagnifique duo flûte et piano a été suivi de Six pièces pour flûte et piano de Fikrat Amirov, un autre immense compositeur azerbaïdjanais, né en 1922 à Ganja. Il est l’auteur d’œuvres symphoniques, d’opéras et de ballets. Il savait également jouer du tar et puisait son inspiration dans la musique traditionnelle azerbaïdjanaise. Il fut le créateur d’un nouveau genre musical : la mugham symphonique.

La pianiste Azusa Lozinguez est aussi une brillante compositrice. C’est sur trois de ses œuvres, composées d’après des poèmes de la poétesse japonaise Misuzu Kaneko, que s’est achevé ce concert.

D’abord, « Les noms des herbes »

« Les noms des herbes connus de tous
À moi me sont inconnus
Les noms des herbes inconnus de tous
Eh bien, moi je les connais !
Oui ! Car j’ai donné un nom à mes herbes bien aimées
Les noms des herbes que tout le monde connait ont bien été inventés par quelqu’un !
Le vrai nom, seul le soleil du ciel le connaît
Alors, moi, j’ai décidé de les appeler d’un petit nom connu de moi seule »

Toujours inspiré par un poème de Kaneka, nous avons entendu « Nadiya », qui signifie « espoir ». L’espoir que le monde retrouve enfin la paix.

Enfin une brillante illustration pianistique du poème « Écho »

« Est-ce un écho ?
Quand je dis : Si on jouait ?

Vous dites : Si on jouait ?
Quand je dis : Vous êtes bêtes ?
Vous dites : Vous êtes bêtes ?
Quand je dis : Je ne joue plus
Vous dites : Je ne joue plus
Est-ce un écho ?
Non, c’est tout le monde
Puis je me sens triste
Je dis: Excusez-moi
Vous dites : Excusez-moi
Est-ce un écho ?
Non, c’est tout le monde »

Ce magnifique moment a été rendu possible grâce à Aytan Mouradova, de l’association Dialogue France Azerbaïdjan, qui l’a organisé, au Fonds de soutien à la diaspora azerbaïdjanaise, qui l’a financé, et à Madame L’ambassadrice Leyla Abdullayeva qui a mis à disposition le centre culturel de l’Azerbaïdjan à Paris pour les répétitions.

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