LÉGISLATIVES 2024 : UN MOMENT HISTORIQUE POUR L’AZERBAÏDJAN

Paris / La Gazette
Le 1er septembre 2024 se tiendront, en Azerbaïdjan, les élections législatives destinées à renouveler les 125 députés du Milli Majlis, l’Assemblée Nationale azerbaïdjanaise. Ces élections étaient prévues en novembre, mais le président de la république Ilham Aliyev a préféré dissoudre le parlement afin qu’elles puissent avoir lieu plus tôt, de manière à ne pas coïncider avec la tenue de la COP29 prévue à Bakou du 11 au 22 novembre.
Ces élections auront, pour le pays, une valeur symbolique toute particulière. C’est en effet la première fois que le scrutin pourra se dérouler sur l’ensemble du pays, après presque 30 ans d’occupation du cinquième de son territoire par les forces arméniennes.
En 1993, les forces armées arméniennes, en envahissant le Karabakh, en ont chassé l’intégralité de la population, réalisant ainsi un nettoyage ethnique dont le seul précédent avait été l’expulsion, en 1987, des centaines de milliers d’azéris vivant en Arménie. Dans le but d’effacer toute trace de la mémoire azerbaïdjanaise au Karabakh, les villes les plus emblématiques, comme Aghdam et Fuzuli, ont été entièrement rasées pendant l’occupation. La capitale culturelle, Choucha a été « arménisée », mais laissée pratiquement à l’abandon. Khankendi, l’ancienne capitale de la région, rebaptisée « Stepanakert », du nom d’un activiste bolchévique arménien, a été désignée comme capitale d’un « état » indépendant arménien reconnu par aucun pays étranger, Arménie comprise.
Après la guerre de 2020 qui a permis à l’Azerbaïdjan de chasser l’envahisseur, puis la reprise de Khankendi en 2023, qui a scellé la reconstitution de l’intégrité territoriale du pays, les Azerbaïdjanais jadis chassés de leurs terres avaient nourri l’espoir de retourner un jour dans leurs maisons. Le vandalisme des occupants et le piégeage des territoires libérés par les mines placées par les Arméniens au moment de leur retraite, avaient rendu la chose impossible.
La priorité des autorités azerbaïdjanaises a alors été la reconstruction des villes détruites, ainsi que des infrastructures : routes, ponts, alimentation en eau, etc… réduites à l’état de ruines. Cette réhabilitation a été menée tambour battant et, depuis quelques mois, les premiers anciens habitants du Karabakh ont pu enfin revenir sur leurs terres dans les habitations neuves des villes reconstruites.
C’est ainsi que, pour la première fois, ces habitants du Karabakh vont pouvoir voter de chez eux. Cette participation de la région, jadis confisquée, à la vie politique du pays est le véritable symbole de l’unité retrouvée de l’Azerbaïdjan.
Cette situation ouvre la porte au retour à des relations normales et à des coopérations fructueuses entre pays totalement souverains, et par conséquent à des perspectives de paix. Même si le sud Caucase n’est pas encore totalement stabilisé, notamment en raison de l’activisme des nationalistes arméniens qui provoquent des escarmouches à la frontière entre les deux pays, et de la politique de certains pays voisins et de certains pays occidentaux qui souhaitent réarmer l’Arménie afin de garder un pied dans une région-clé sur le plan géo-stratégique.
Toujours est-il que, par ces élections, l’Azerbaïdjan démontre sa volonté d’être maître chez lui, et de ne pas se laisser ballotter au gré des ingérences étrangères. Une bonne nouvelle et un bon exemple pour ses pays frères du Caucase et de l’Asie centrale qui ont souvent, eux aussi, à faire face à des problématiques de reconstruction après des années de soviétisation, et à l’appétit, jamais rassasié, de leurs puissants voisins.
Au niveau international, ces élections marqueront un nouveau pas dans le processus démocratique de ce très jeune pays, cible régulière des médias occidentaux. Des moyens de surveillance inédits et la présence de nombreux observateurs locaux et étrangers (plus de 40 pays et jusqu’à 30 organisations internationales) sont appelés à garantir la régularité de ces élections, dont le succès viendra s’ajouter à celui, espéré, de l’organisation de la COP29, pour renforcer la réputation mondiale de l’Azerbaïdjan.
Jean-Michel Brun