UN NOUVEAU SYSTÈME DE GESTION ÉLECTRONIQUE DES FRONTIÈRES DE L'UE PERMETTRA DE DÉTECTER LES DÉPASSEMENTS DE VISA

Paris / La Gazette
L'Union européenne lancera officiellement son système électronique d'entrée-sortie (EES) longtemps retardé le 12 octobre 2025, dans le but de renforcer les contrôles aux frontières et de surveiller les mouvements des ressortissants non-UE entrant et sortant de l'espace Schengen.
Annoncé mercredi 30 juillet par le commissaire européen à la Migration Magnus Brunner à Bruxelles, l'EES est conçu pour renforcer la sécurité des frontières, prévenir les dépassements de séjour et lutter contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme.
Le nouveau système remplacera les tampons de passeport traditionnels par des données biométriques, telles que la reconnaissance faciale et les empreintes digitales, et enregistrera automatiquement l'entrée, la sortie et la durée de séjour des ressortissants de pays tiers.
Selon M. Brunner, l'EES améliorera la capacité de l'UE à détecter les dépassements de visa et à réduire les cas impliquant des faux documents et des identités falsifiées. « Ce système nous permettra de mieux surveiller les mouvements transfrontaliers, de renforcer la sécurité et d'améliorer l'accès aux données pour les forces de l'ordre », a-t-il prédit. La transition vers le nouveau système se déroulera sur six mois, se terminant le 10 avril 2026, les États membres étant tenus de mettre en place le système à leurs points de passage frontaliers, la moitié d'ici trois mois.
L'EES s'appliquera à tous les pays de l'UE, à l'exception de l'Irlande et de Chypre. Quatre membres non-UE de la zone Schengen — la Norvège, l'Islande, la Suisse et le Liechtenstein — adopteront également le système.
M. Brunner a précisé que des campagnes d'information seront lancées dans les aéroports et aux passages frontaliers terrestres pour informer les voyageurs avant le déploiement.
Le SEE devait initialement être lancé en novembre 2024, mais a été reporté en raison du manque de préparation d'une série d'États membres, y compris l'Allemagne, la France et les Pays-Bas.
Bien que la Commission européenne ait promu le système comme un outil clé pour la sécurité et la gestion des migrations, les critiques ont exprimé des préoccupations quant aux possibles temps d'attente plus longs aux contrôles frontaliers et à l'impact sur les voyageurs. Les groupes de défense des droits civils ont également soulevé des questions concernant la confidentialité des données et le traitement des demandeurs d'asile.
Dans un développement connexe, l'UE a récemment publié une liste de sept « pays d'origine sûrs » dans le cadre de sa politique migratoire plus large. La liste comprend le Bangladesh, la Colombie, le Kosovo, l'Égypte, l'Inde, le Maroc et la Tunisie. Cette désignation vise à accélérer l'examen des demandes d'asile et à faciliter le retour des migrants de ces pays.
Cependant, la décision a suscité des critiques de la part des groupes de défense des droits de l'homme. EuroMed Rights, un réseau de 68 organisations à travers l'Europe et la Méditerranée, a dénoncé la classification de l'Égypte, du Maroc et de la Tunisie comme « sûrs », en soulignant les violations des droits de l'homme documentées dans ces États. L'organisation a averti que cette étiquette est à la fois « dangereuse et trompeuse ».
Le déploiement du SEE fait partie d'une stratégie plus large de la Commission européenne visant à renforcer les contrôles aux frontières et à accélérer les expulsions. En mars 2025, la Commission a dévoilé des mesures visant à rationaliser le retour des demandeurs d'asile rejetés. La proposition comprenait l'application de plus de pression sur les migrants qui refusent de coopérer ou fournissent de fausses informations, ainsi que l'amélioration de la reconnaissance mutuelle des décisions d'expulsion entre les États membres de l'UE pour éviter les retards procéduraux.