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UN MANDAT POUR LE CHANGEMENT: L'ONU PROPOSE DE RATIONALISER DES TÂCHES DANS LE CADRE D'UNE RÉFORME MAJEURE

5 Août 2025 09:19 (UTC+01:00)
UN MANDAT POUR LE CHANGEMENT: L'ONU PROPOSE DE RATIONALISER DES TÂCHES DANS LE CADRE D'UNE RÉFORME MAJEURE
UN MANDAT POUR LE CHANGEMENT: L'ONU PROPOSE DE RATIONALISER DES TÂCHES DANS LE CADRE D'UNE RÉFORME MAJEURE

Paris / La Gazette

Des millions de vies ont été améliorées grâce aux mandats confiés à l'Organisation des Nations Unies (ONU). Pourtant, les doublons, la fragmentation et des tâches désuètes épuisent les ressources et compromettent la capacité de l'organisation à répondre aux besoins de ceux qui en ont le plus besoin. Dans le cadre de l'initiative ONU80, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a présenté aux États membres une série de propositions visant à rendre l'ONU plus efficace et plus cohérente, indique le site officiel de l’organisation.

Les mandats – demandes ou directives d'action émises par l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social – se sont considérablement multipliés depuis 1945. Aujourd'hui, on compte plus de 40.000 mandats actifs, gérés par environ 400 organes intergouvernementaux. Ensemble, ils nécessitent plus de 27.000 réunions par an et génèrent environ 2.300 pages de documentation par jour, pour un coût annuel estimé à 360 millions de dollars.

Les mandats guident l'action de l'ONU dans plus de 190 pays et territoires, du maintien de la paix à l'intervention humanitaire en passant par le développement. Mais nombre d'entre eux sont obsolètes ou se chevauchent, et leur complexité augmente. Depuis 2020, le nombre moyen de mots des résolutions de l'Assemblée générale a augmenté de 55 %, tandis que celles du Conseil de sécurité sont désormais trois fois plus longues qu'il y a 30 ans.

« Soyons réalistes », a déclaré le Secrétaire général António Guterres lors d'un exposé devant l'Assemblée générale vendredi : « Nous ne pouvons pas espérer un impact bien plus important sans les moyens nécessaires. En éparpillant nos capacités à ce point, nous risquons de nous concentrer davantage sur les processus que sur les résultats ».

Le manque de coordination aggrave la situation. Plusieurs entités des Nations Unies invoquent les mêmes mandats pour justifier des programmes et des budgets distincts, ce qui entraîne des doublons et une réduction de l'impact. Plus de 85 % des mandats ne prévoient aucune disposition relative à leur réexamen ou à leur résiliation. « Les examens efficaces sont l'exception, et non la règle », a déclaré M. Guterres. « Les mêmes mandats sont discutés année après année, souvent avec seulement des modifications marginales aux textes existants ».

Le rapport sur l’examen de l’exécution des mandats, publié le 31 juillet, s'inscrit dans le cadre plus large de l'initiative ONU80 du Secrétaire général, un effort pluriannuel visant à moderniser le fonctionnement de l'ONU. Plutôt que d'évaluer les mandats individuellement, le rapport adopte une approche axée sur le « cycle de vie », examinant la manière dont ils sont créés, mis en œuvre et révisés, et proposant des pistes d'amélioration à chaque étape.

« Soyons clairs : les mandats sont l'affaire des États Membres », a souligné M. Guterres à l'Assemblée générale. « Ils sont l'expression de votre volonté. Et ils relèvent de la seule propriété et de la responsabilité des États Membres. La tâche essentielle de les créer, de les réviser ou de les supprimer vous incombe – et à vous seuls. Notre rôle est de les mettre en œuvre – pleinement, fidèlement et efficacement ».

« Ce rapport respecte cette distinction », a-t-il ajouté. « Il examine la manière dont nous exécutons les mandats que vous nous confiez ».

Pour remédier aux doublons et à la complexité, le rapport préconise la création de registres numériques des mandats afin de faciliter le suivi des décisions adoptées par les différents organes. Il encourage également l'élaboration de résolutions plus courtes et plus claires, assorties d'exigences de ressources réalistes. « Nous ne pouvons espérer un impact bien plus important sans les moyens nécessaires », a dit M. Guterres.

Le rapport souligne également la charge opérationnelle croissante que représentent les réunions et les rapports. L'année dernière, le système des Nations Unies a soutenu 27.000 réunions et produit 1.100 rapports, dont trois sur cinq sur des sujets récurrents. « Les réunions et les rapports sont essentiels », a déclaré M. Guterres. « Mais nous devons nous demander : utilisons-nous nos ressources limitées de la manière la plus efficace ? »

Les propositions comprennent la réduction du nombre de rapports et de réunions, la simplification des formats et le suivi de l'utilisation des rapports afin d'en garantir la pertinence. Le Secrétaire général appelle également à une coordination renforcée entre les entités des Nations Unies afin d'éviter les chevauchements et de garantir que chaque mandat soit lié à des impacts clairs.

Le rapport met en garde contre la fragmentation du financement qui compromet la cohérence de la mise en œuvre. En 2023, 80 % du financement des Nations Unies provenait de contributions volontaires, dont 85 % étaient affectées à des fins spécifiques. « La fragmentation du financement, combinée à une mise en œuvre fragmentée, conduit à une fragmentation de l'impact », a déclaré M. Guterres. « Chacun de nous a un rôle à jouer pour y remédier. Et chacun de nous doit agir sur les leviers dont il a le contrôle ».

Pour le Secrétaire général, les réformes ne concernent pas seulement les processus, mais aussi l'impact. « Les mandats ne sont pas une fin en soi », a-t-il affirmé. « Ce sont des outils permettant d'obtenir des résultats concrets, dans la vie réelle, dans le monde réel ».

Il a salué le rôle central du personnel des Nations Unies dans cet effort. « Aucune des tâches liées à la mise en œuvre des mandats n'est possible sans notre personnel – les femmes et les hommes des Nations Unies », a déclaré M. Guterres. « Leur expertise, leur dévouement et leur courage sont indispensables à cette entreprise. Si nous voulons améliorer la mise en œuvre des mandats, nous devons également soutenir et autonomiser ceux qui les exécutent ».

Dans ses remarques finales, le chef de l'ONU a souligné que les prochaines étapes doivent venir des États membres. « C'est à vous de décider de la voie à suivre », a-t-il déclaré. « Ma responsabilité est de veiller à ce que le Secrétariat fournisse les capacités et les contributions requises par le plan d'action que vous choisissez ».

Le rapport invite les États membres à envisager un processus intergouvernemental assorti d'un calendrier précis pour faire avancer les propositions et garantir que cet effort porte ses fruits là où les précédents ont échoué. Le rapport indique que l'ONU en sortirait plus agile, plus cohérente et plus efficace, capable de mieux exécuter ses programmes et de fournir ses services.

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