LANCEMENT DE LA LIVRAISON DU GAZ AZERBAÏDJANAIS VERS LA SYRIE : BAKOU CONSTRUIT UN PONT VERS LE MOYEN-ORIENT

Paris / La Gazette
Aujourd'hui marque le début des exportations de gaz naturel azerbaïdjanais vers la Syrie via la Turquie — une étape significative qui signale le début d'une phase fondamentalement nouvelle dans la politique énergétique de l'Azerbaïdjan. L'entrée sur le marché du Moyen-Orient élargit la stratégie de diversification des approvisionnements du pays, renforce la sécurité énergétique et ouvre de nouvelles voies de coopération.
Jusqu'à récemment, l'Azerbaïdjan se concentrait principalement sur l'Europe, mais maintenant ses exportations de gaz dépassent la carte d'approvisionnement familière et se dirigent vers le Moyen-Orient. Cette démarche n'est pas seulement une entrée sur un nouveau marché, mais aussi le reflet d'une confiance croissante en l'Azerbaïdjan en tant que partenaire fiable et prévisible dans le secteur de l'énergie.
L'exportation de gaz vers la Syrie est devenue possible grâce au partenariat énergétique étroit entre l'Azerbaïdjan et la Turquie. Cette relation a déjà prouvé son efficacité à travers des projets d'infrastructure à grande échelle tels que le gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum, qui a jeté les bases des exportations de gaz azerbaïdjanais vers l'Occident ; l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan — l'un des plus grands de la région ; et le Corridor gazier Sud, un projet stratégique acheminant le gaz de la mer Caspienne vers l'Europe. Maintenant, ce modèle de coopération réussie est étendu à une nouvelle direction—le Moyen-Orient.
La signature d'un mémorandum d'entente entre le géant azerbaïdjanais SOCAR et le gouvernement intérimaire de la Syrie lors de la visite à Bakou du président par intérim de la République arabe syrienne, Ahmed al-Charaa, est devenue le point de départ de cette nouvelle route gazière. Cette étape symbolise la restauration et la relance des relations bilatérales qui étaient restées longtemps gelées à cause du régime précédent à Damas. La rencontre entre le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev et le nouveau dirigeant syrien a confirmé la volonté de Bakou de soutenir la reconstruction de la Syrie et d'approfondir la coopération dans les domaines de l'énergie, des infrastructures et de la sécurité.
La Syrie pourrait jouer un double rôle — non seulement en tant que destinataire du gaz azerbaïdjanais, mais aussi en tant que plaque tournante pour les livraisons ultérieures, en particulier vers la Jordanie et l'Égypte. Bien que le pipeline reliant la Syrie et la Jordanie ait été précédemment détruit, sa reconstruction est faisable, ce qui pourrait éventuellement ouvrir un corridor pour les approvisionnements en gaz jusqu'en Afrique du Nord.
En parallèle, l'Azerbaïdjan explore la possibilité d'exporter de l'électricité vers les pays du Moyen-Orient. La stratégie de création d'un corridor d'énergie verte de la région Caspienne à l'Europe s'avère déjà efficace, et cette expérience pourrait être adaptée également pour la direction sud. Cela ajoute une profondeur supplémentaire à la diplomatie énergétique de l'Azerbaïdjan, qui intègre à la fois des sources d'énergie traditionnelles et renouvelables.
Le début des exportations de gaz azerbaïdjanais vers la Syrie est plus qu'une simple expansion de son marché de vente. C'est un signal géopolitique et économique significatif qui renforce le statut de l'Azerbaïdjan en tant que centre énergétique régional doté de la capacité technologique, politique et diplomatique pour diriger. L'expansion de la géographie de l'approvisionnement, le renforcement des liens avec les acteurs régionaux clés, un partenariat réussi avec la Turquie et l'avancement des initiatives en matière d'énergie durable — tout cela met en évidence le rôle croissant de l'Azerbaïdjan dans l'architecture énergétique mondiale.
En entrant sur le marché du Moyen-Orient, l'Azerbaïdjan fait un pas en avant — de fournisseur de l'Europe à pont énergétique stratégique entre l'Orient et l'Occident.