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L'AZERBAÏDJAN ET L'OUZBÉKISTAN FORMENT UN NOUVEL AXE ÉNERGÉTIQUE EN ASIE CENTRALE

31 Juillet 2025 11:57 (UTC+01:00)
L'AZERBAÏDJAN ET L'OUZBÉKISTAN FORMENT UN NOUVEL AXE ÉNERGÉTIQUE EN ASIE CENTRALE
L'AZERBAÏDJAN ET L'OUZBÉKISTAN FORMENT UN NOUVEL AXE ÉNERGÉTIQUE EN ASIE CENTRALE

Paris / La Gazette

Une nouvelle alignement stratégique se dessine au cœur de l'Eurasie. Le récent accord de partage de production (PSA) entre la compagnie pétrolière d'État azerbaïdjanaise SOCAR et le ministère ouzbek de l'Énergie marque un départ significatif des modèles énergétiques hérités qui ont longtemps lié l'Asie centrale aux sphères d'influence russes et chinoises. Ce pacte bilatéral signale non seulement un approfondissement de la coopération énergétique, mais aussi une reconfiguration géopolitique plus large dirigée par les acteurs régionaux eux-mêmes.

Au fond, le PSA représente une nouvelle génération d'accords—basés sur des règles, institutionnellement ancrés et stratégiquement motivés. L'entrée de SOCAR dans la région d'Ustyurt en Ouzbékistan, rendue possible par le cadre réformé des PSA de Tachkent, est plus qu'un simple mouvement commercial. Cela reflète une convergence de stratégies nationales à long terme : la tentative de l'Azerbaïdjan de se repositionner en tant que centre régional de services énergétiques, et la diversification prudente des partenariats de l'Ouzbékistan pour échapper à la dépendance vis-à-vis des grandes puissances.

Aujourd'hui, l'Azerbaïdjan et l'Ouzbékistan ne sont plus de simples États de transit ou des participants passifs aux flux énergétiques mondiaux. Au lieu de cela, ils définissent de plus en plus eux-mêmes les termes de l'engagement—rédigeant des accords qui attirent les investissements tout en préservant le contrôle souverain. Le changement de l'Ouzbékistan depuis 2016 vers un environnement énergétique libéralisé et favorable aux investisseurs porte désormais ses fruits, avec l'implication de SOCAR à la fois comme test décisif et validation de ces réformes.

De plus, le PSA s'inscrit dans un réseau d'initiatives plus larges, notamment le Corridor Énergétique Vert de la Caspienne—un cadre trilatéral avec le Kazakhstan visant à exporter de l'énergie renouvelable vers l'Europe. L'établissement en juillet 2025 de l'Alliance du Corridor Vert représente une institutionnalisation tangible de ces ambitions, reliant les réseaux d'Asie centrale par des câbles sous-marins haute tension et les intégrant dans l'architecture énergétique de l'UE.

Au-delà de l'infrastructure, cependant, se cache une transformation plus profonde. Le partenariat Azerbaïdjan-Ouzbékistan reflète un effort délibéré pour créer « un ordre énergétique auto-conçu » en Eurasie. Contrairement aux décennies précédentes où Moscou ou Pékin façonnaient les règles de l'engagement, cet axe est ancré dans l'agence régionale. Que l'Ouzbékistan ait conclu l'PSA sans se soucier des intermédiaires russes ou chinois—et que les cadres juridiques soient davantage alignés sur les normes de la BERD ou de la Banque mondiale—en dit long.

De manière cruciale, ce pivot vers l'est pour l'Azerbaïdjan étend la portée de la politique étrangère de Bakou au-delà du Sud-Caucase et de ses corridors énergétiques traditionnels vers l'ouest. Cela positionne le pays en tant qu'intégrateur transrégional, capable de traduire la coopération énergétique en une influence politique et institutionnelle plus large—en particulier au sein de plateformes comme l'Organisation des États turciques (OTS).

Pour conclure, le PSA SOCAR–Ouzbékistan n'est pas seulement un contrat technique—c'est un point d'inflexion géopolitique. Il affirme la maturation de la gouvernance énergétique de l'Ouzbékistan et renforce l'identité stratégique de l'Azerbaïdjan en tant que pont entre les régions, les secteurs et les systèmes.

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