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PROFANATION DE LA PAIX : LE TRAITEMENT DU CAUCASE DU SUD PAR DEUTSCHE WELLE – UN RECIT SANS CONTEXTE

14 Novembre 2025 15:03 (UTC+01:00)
PROFANATION DE LA PAIX : LE TRAITEMENT DU CAUCASE DU SUD PAR DEUTSCHE WELLE – UN RECIT SANS CONTEXTE
PROFANATION DE LA PAIX : LE TRAITEMENT DU CAUCASE DU SUD PAR DEUTSCHE WELLE – UN RECIT SANS CONTEXTE

La chaîne publique allemande Deutsche Welle (DW) a récemment jugé opportun de livrer au public européen sa vision prétendument éclairée de la situation dans le Caucase du Sud. Cette tentative a pris la forme d’un documentaire intitulé :

« Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie : protestations, conflits, guerres et espoirs de la jeunesse »,

un titre dont la tonalité alarmiste et manipulatrice laisse déjà présager l’orientation générale du film. L’inclusion habituelle des termes « enfants » et « jeunesse » dans les titres médiatiques est souvent le signe d’une intention sous-jacente — et ici, cela ne fait aucun doute.

Une approche biaisée dès les premières minutes

Le premier écueil, et l’un des plus révélateurs, réside dans le choix de la présentatrice : la jeune journaliste géorgienne Mariam Japaridze. Dès les premières minutes, elle démontre une compréhension très partielle des réalités politiques de sa propre région.

Elle déclare ainsi : « En 2008, des hélicoptères russes survolaient notre village de Chiatura. Depuis, la Russie occupe l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, soit un cinquième du territoire géorgien. »

Or, replacés dans leur véritable contexte historique, les conflits abkhaze et ossète, ainsi que la perte de contrôle de Tbilissi sur ces régions, remontent en réalité au début des années 1990, bien avant l’intervention russe de 2008.

Ce manque de précision n’est qu’un prélude à une succession d’erreurs, d’omissions volontaires et de procédés ouvertement manipulatoires. L’une des phrases les plus révélatrices de cette méthode est :

« Si vous voulez la paix, vous devez être prêts à vous battre. Pour l’instant, nous avons un ennemi : la Russie, et elle tient notre avenir entre ses mains. »

Là encore, DW n’adopte pas une posture analytique mais projette un cadre narratif qui épouse les intérêts de certains cercles européens, sous couvert de défendre la jeunesse géorgienne.

Un segment géorgien conçu comme un outil de pression politique

Le documentaire montre ensuite des jeunes artistes de la scène musicale géorgienne, doux comme des peluches, censés être les nouvelles victimes du parti au pouvoir, Le Rêve Géorgien. Le message sous-jacent : la liberté des jeunes serait étouffée par un pouvoir autoritaire, conformément au discours actuellement promu par certaines institutions européennes.

L’épisode arménien : victimisation artificielle et promotion d’une organisation terroriste

Le segment consacré à l’Arménie est encore plus problématique. Malgré l’image controversée de Nikol Pachinian en Europe, souvent jugé trop conciliant envers Bakou, DW ménage soigneusement le Premier ministre arménien. Le rôle du « coupable » doit être réservé à l’Azerbaïdjan, présenté comme une menace quasi existentielle.

La protagoniste principale est une avocate de 27 ans qui, après le travail, suit des cours organisés par VOMA, une structure paramilitaire arménienne connue pour mener et préparer des actions subversives sur le territoire azerbaïdjanais. Dans le reportage, VOMA est décrite comme une « organisation patriotique » formant les Arméniens au combat. La journaliste géorgienne filme l’avocate rampant au sol, mimant un soldat arménien en difficulté face aux « Turcs », mais refusant de se rendre.

Puis la protagoniste explique que « les Arméniens ne peuvent plus croire en la paix », accusant l’Azerbaïdjan de violer les cessez-le-feu et de ne pas respecter des accords.

Pendant tout ce passage, DW omet complètement :

  • l’occupation de territoires azerbaïdjanais pendant plus de 25 ans,
  • l’expulsion de centaines de milliers d’Azerbaïdjanais,
  • la destruction massive d’infrastructures et de monuments culturels,
  • et le caractère légitime des opérations militaires azerbaïdjanaises destinées à restaurer son intégrité territoriale.

Le discours construit par DW s’appuie sur des citations telles que :

« En 2023, l’Azerbaïdjan a frappé le Karabakh et l’ensemble de la population arménienne a fui. »

Une présentation unilatérale, décontextualisée et délibérément orientée.

Une accusation absurde : Bakou comme obstacle au processus de paix

Le documentaire accuse même l’Azerbaïdjan d’entraver les négociations, alors que celles-ci en étaient à une étape décisive lorsqu’il a été tourné. Le paradoxe est frappant : DW reconnaît dans la suite du reportage que des avancées existent, tout en cherchant à faire porter à Bakou la responsabilité d’une crise inexistante.

La rhétorique alarmiste autour du Zanguezour

Le film s’inscrit également dans la campagne européenne visant à alimenter la panique autour d’une supposée menace azerbaïdjanaise contre la région du Zanguezour, appelée Syounik par les Arméniens. Ces accusations ont été profondément affaiblies depuis que Donald Trump lui-même a accepté la responsabilité de la mise en service du segment arménien du corridor de Zanguezour — ce qui n’empêche pas DW de persister dans son alarmisme.

Le segment « azerbaïdjanais » réalisé… à Istanbul

Point culminant de l’absurdité du documentaire : la journaliste, prétendant analyser l’Azerbaïdjan, ne se rend pas à Bakou mais à Istanbul, où elle interroge une activiste d’opposition expatriée en Turquie.

Cette dernière déclare être choquée par les célébrations de la victoire de l’Azerbaïdjan :

« Des parades, un parc des trophées, des discours clamant ‘nous avons gagné’… »

Comme si un pays ayant libéré ses territoires ne devait pas célébrer sa victoire — un argument grotesque, surtout venant d’un média basé dans un pays qui martèle quotidiennement la nécessité de se réarmer face à la Russie.

Un produit médiatique infantile et cynique

Le reste du documentaire mélange une rhétorique pseudo-humaniste sur la « démocratie » à des errances visuelles où la journaliste déambule en quête du « secret de la liberté ». C’est un assemblage :

  • d’immaturité journalistique,
  • de cynisme politique,
  • de distorsions factuelles,
  • et de complaisance envers une organisation terroriste.

Le résultat est un objet médiatique grotesque, un produit de commande mal construit et profondément malhonnête — une véritable insulte à l’intelligence du spectateur.

Ainsi va Deutsche Welle… Une chaîne qui prétend défendre la paix, tout en encourageant l’hostilité, la haine et la déformation systématique des réalités du Caucase du Sud.

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