TRUMP CONTRE MACRON : LE CHOC DE DEUX VISIONS DU MONDE
Paris / La Gazette
Analyse – caliber.az
Les relations entre Washington et Paris viennent une nouvelle fois de s’envenimer à la suite d’une interview du président américain Donald Trump sur Fox News, dans laquelle il n’a pas manqué d’égratigner la France et les politiques d’Emmanuel Macron.
Interrogé sur la présence d’étudiants chinois aux États-Unis, Trump a affirmé vouloir « s’entendre avec le monde ». Lorsque le journaliste lui a rétorqué que « les Chinois ne sont pas les Français », accusant Pékin d’espionnage et de vol de propriété intellectuelle, l’ancien président américain a lancé :
« Vous pensez vraiment que les Français valent mieux ? Je n’en suis pas si sûr. Nous avons eu beaucoup de problèmes avec la France, notamment à cause de taxes injustes sur nos technologies et de droits de 25 % sur les produits américains. »
Une nouvelle pique qui relance le débat sur les tensions personnelles et idéologiques entre les deux dirigeants — un affrontement que plusieurs analystes interprètent comme un choc de visions du monde.
Deux modèles irréconciliables
Pour Mikhaïl Finkel, expert israélien en relations internationales et spécialiste des États-Unis, cette opposition dépasse la simple rivalité politique.
« Trump rejette fondamentalement la philosophie politique de Macron », explique-t-il. « Le président français incarne les élites globalistes et progressistes, alors que Trump défend une vision conservatrice, centrée sur la famille, la foi et la nation. »
Selon lui, Macron incarne « une idéologie postmoderne » éloignée des valeurs traditionnelles, notamment chrétiennes, chères à l’électorat de Trump :
« Pour Trump, la famille reste l’union d’un homme et d’une femme. Pour Macron et son entourage, ces définitions ne sont plus essentielles : on parle désormais de “parent 1” et “parent 2”. Ce symbole illustre le fossé culturel entre les deux hommes. »
Cette divergence s’étend également aux politiques migratoires. Finkel souligne que Trump a « mené une guerre contre l’immigration illégale », tandis que Macron aurait « ouvert grand les portes de la France à des millions de migrants d’Afrique et du Moyen-Orient ».
Selon lui, « des zones entières échappent désormais à la loi française, où règnent des codes culturels étrangers ».
« Trump voit en Macron l’exemple même du déclin européen, un dirigeant qui dilue l’identité nationale au nom d’un cosmopolitisme sans racines », conclut Finkel.
Le pragmatisme contre le symbolisme
Autre lecture, celle du politologue biélorusse Borislav Osinchuk, spécialiste du monde francophone.
Pour lui, l’attaque verbale de Trump contre Macron traduit un changement d’attitude stratégique de Washington :
« Trump n’a aucun intérêt à encourager l’indépendance politique de l’Europe. Macron, au contraire, tente de s’ériger en chef de file d’une Europe émancipée des États-Unis — une ambition qui agace profondément Washington. »
Mais selon Osinchuk, cette ambition est affaiblie par la réalité :
« La France traverse une crise économique et sociale majeure, et Macron change de gouvernement comme de chemise sans jamais redresser la barre. Son leadership est aujourd’hui contesté, y compris en Europe. »
Trump, ajoute-t-il, « reconnaît le pragmatisme chinois » — avec lequel il a su négocier — mais considère la France comme « une puissance stagnante, engluée dans ses contradictions ».
« Le président américain ne voit aucune raison d’être indulgent avec Macron. Il est prêt à le sanctionner politiquement, ou du moins à le tourner en dérision. Et il ne s’en cache pas. »
Un duel idéologique durable
Au-delà des querelles diplomatiques, ce face-à-face illustre un clivage idéologique mondial : entre un populisme nationaliste incarné par Trump et un progressisme libéral représenté par Macron.
Deux dirigeants aux tempéraments opposés, mais surtout porteurs de deux récits concurrents sur l’avenir de l’Occident : l’un prône le retour aux valeurs traditionnelles et à la souveraineté nationale ; l’autre défend une Europe ouverte, humaniste et multilatérale.
Et à en croire les experts, le duel Trump–Macron ne fait que commencer.