GAZ, SÉCURITÉ ET NUMÉRISATION : LES ENJEUX DU RAPPROCHEMENT ENTRE LE TURKMÉNISTAN ET LES ÉTATS-UNIS

Paris / La Gazette
Le 20 août à Ashgabat, le ministre des Affaires étrangères du Turkménistan, Rashid Meredov, a rencontré le secrétaire d'État américain Marco Rubio. Les négociations sont devenues une étape importante dans le renforcement des relations bilatérales et ont donné le ton pour une coopération ultérieure. Le même jour, Washington a accueilli la onzième série de consultations politiques annuelles entre le Turkménistan et les États-Unis. Ces événements ont démontré une nouvelle dynamique dans les relations entre le Turkménistan et les États-Unis, où les domaines clés restent l'économie, la sécurité et le développement du format de partenariat C5+1.
Le format C5+1, qui comprend le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l'Ouzbékistan et les États-Unis, a été établi pour renforcer le dialogue entre l'Asie centrale et Washington. Depuis 2015, de telles réunions sont devenues régulières, mais au cours des deux dernières années, leur rythme s'est considérablement accéléré. En 2024, les présidents des pays d'Asie centrale ont tenu leur premier sommet conjoint avec le président américain, ce qui a souligné l'importance croissante de la région dans la politique étrangère américaine.
Pour le Turkménistan, la participation au format C5+1 revêt une importance particulière. Le pays adhère à une politique de neutralité, mais cherche en même temps activement de nouveaux partenariats pour renforcer sa position internationale. La rencontre entre le ministre Meredov et M. Rubio est devenue un autre signal qu'Achgabat a l'intention d'élargir son spectre de coopération avec Washington, tout en maintenant un équilibre dans les relations avec ses voisins et d'autres grandes puissances.
À la fin de 2024, le chiffre d'affaires commercial entre les États-Unis et le Turkménistan a atteint 218,5 millions de dollars, soit une augmentation de 93,8 pour cent par rapport à 2023. Les exportations du Turkménistan sont principalement des textiles, des produits chimiques et des équipements pétroliers et gaziers, tandis que les États-Unis fournissent des technologies aéronautiques, des produits électroniques et des machines agricoles.
Washington a souligné son intérêt pour développer de nouveaux domaines de coopération, principalement dans l'énergie et la logistique. Le Turkménistan, qui détient les quatrièmes plus grandes réserves de gaz naturel au monde, est considéré comme un acteur important pour assurer la stabilité énergétique régionale. En 2024, le pays a produit 40,2 milliards de mètres cubes de gaz, dont environ 20 milliards de mètres cubes ont été exportés.
Une autre direction prometteuse est l'économie numérique. En 2024, le Turkménistan a augmenté le nombre d'entreprises informatiques enregistrées de 15 pour cent dans le cadre de son « Concept de développement de l'économie numérique du Turkménistan pour 2019-2025 ». Les entreprises américaines ont exprimé leur intérêt à participer au projet de construction de la ligne de câble à fibre optique transcaspienne, conçue pour relier l'Europe et l'Asie à travers la mer Caspienne.
La coopération entre Achgabat et Washington va au-delà de l'économie. Dans le contexte d'une instabilité croissante, les Parties discutent des moyens de renforcer la sécurité régionale. Le Turkménistan joue un rôle particulier en tant que pays ayant une longue frontière avec l'Afghanistan. Le soutien aux projets de développement des infrastructures et du commerce dans les régions frontalières, selon les analystes, réduit les risques pour la région tout en renforçant simultanément l'économie du Turkménistan. Selon les chiffres présentés lors du forum d'affaires turkmène-afghan en 2024, le chiffre d'affaires commercial mutuel entre les deux pays a atteint 46 millions de dollars, soit plus du double par rapport à la même période en 2023.
Les États-Unis se concentrent également sur les questions environnementales et les ressources en eau. En 2024, plusieurs programmes conjoints ont été lancés pour la gestion durable de l'eau en Asie centrale. Pour le Turkménistan, où l'utilisation rationnelle du fleuve Amou-Daria revêt une importance stratégique, une telle coopération ouvre de nouvelles opportunités. Selon l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), ces projets ont contribué à réduire les pertes d'eau dans les systèmes d'irrigation de 10 % dans les régions pilotes.
Le dialogue actuel entre le Turkménistan et les États-Unis montre que le partenariat atteint un nouveau niveau. Si, il y a quelques années, la coopération se limitait à des projets isolés, aujourd'hui les deux Parties élaborent des plans à long terme qui prennent en compte les intérêts de toute la région d'Asie centrale.
La politique équilibrée d'Achgabat lui permet de maintenir de bonnes relations non seulement avec Washington, mais aussi avec Moscou, Pékin et d'autres partenaires importants. Une telle flexibilité renforce la position du Turkménistan en tant qu'État neutre et ouvre de larges perspectives pour son économie et sa politique internationale.