LA BANQUE MONDIALE MET EN GARDE CONTRE LE RALENTISSEMENT DE L'ÉCONOMIE DU TADJIKISTAN
Paris / La Gazette
La croissance économique du Tadjikistan pourrait ralentir dans les années à venir en raison des défis croissants en matière de politique étrangère et des risques régionaux, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale.
Vulnérabilité aux chocs externes
Le rapport met en évidence plusieurs vulnérabilités externes qui pourraient impacter l'économie du Tadjikistan. Ceux-ci incluent des changements dans les politiques migratoires de la Russie, une instabilité mondiale accrue et des conflits armés en cours.
« Des politiques migratoires plus strictes et des restrictions imposées aux travailleurs tadjiks en Russie menacent de réduire considérablement les flux de remises de fonds, ce qui entraînerait une croissance économique plus faible, une augmentation de la pauvreté et une détérioration des équilibres budgétaires et extérieurs », a précisé la Banque mondiale.
Le protectionnisme mondial croissant devrait également augmenter les coûts du commerce extérieur du Tadjikistan. Le rapport note que les récentes augmentations des tarifs américains sur les importations provenant de plusieurs partenaires commerciaux clés de Douchanbé ont déclenché des mesures de représailles de la part de pays comme la Chine. Ces développements pourraient augmenter les coûts d'importation et intensifier les pressions logistiques.
De plus, la volatilité des prix mondiaux des matières premières devrait impacter les exportations tadjikes. Bien que la baisse des prix du pétrole et des matières premières puisse réduire les recettes d'exportation, en particulier pour l'aluminium, le zinc et les minerais, les prix mondiaux élevés de l'or en 2025 pourraient compenser partiellement cette baisse grâce à une augmentation des revenus.
Impact des conflits régionaux
La Banque mondiale avertit également que les conflits en cours en Ukraine et au Moyen-Orient pourraient perturber davantage les chaînes d'approvisionnement mondiales, augmentant les coûts de l'énergie et de la logistique. Ces défis se traduiraient par des prix d'importation plus élevés pour le Tadjikistan.
En revanche, le rapport suggère qu'un assouplissement potentiel des sanctions et une normalisation des relations entre les États-Unis et la Russie pourraient déstabiliser les économies d'Asie centrale. Cependant, les implications d'un tel changement restent incertaines et difficiles à prévoir.
Perspectives à moyen terme
Malgré ces vents contraires, la Banque mondiale s'attend à ce que l'économie du Tadjikistan reste stable, bien qu'avec une trajectoire de croissance en décélération :
8,4 % en 2024
7,0 % en 2025
4,9 % en 2026
4,7 % en 2027
Le ralentissement projeté est graduel et ne devrait pas entraîner de récession.
Des préoccupations similaires ont été exprimées par d'autres institutions. La Banque asiatique de développement et le Fonds eurasien de stabilisation et de développement ont également prévu un ralentissement progressif de la croissance économique du Tadjikistan à moyen terme.
