LA RUSSIE ATTAQUE UN DÉPÔT DE PÉTROLE DE LA SOCIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE SOCAR D'AZERBAÏDJAN EN UKRAINE
Paris / La Gazette
Une récente frappe aérienne russe sur un dépôt de pétrole de la compagnie énergétique publique azerbaïdjanaise SOCAR à Odesa, en Ukraine, a causé des destructions sévères, laissant apparemment l'installation complètement inopérante.
« Cette nuit, les Russes ont frappé les terminaux pétroliers de SOCAR dans la région d'Odessa. Deuxième frappe russe sur la société d'État azerbaïdjanaise ces dernières semaines », a écrit le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha sur X le 18 août, rappelant l'attaque précédente du 8 août.
Dans la nuit du 18 août, les forces russes ont déployé des drones kamikazes « Shahed » de fabrication iranienne pour frapper et incendier le dépôt pétrolier de SOCAR dans la région d'Odessa. Comme on l'a déjà rapporté, l'attaque a détruit des réservoirs de stockage, une station de pompage, des salles d'opérateurs, des installations de pesage et des structures techniques. La capacité de stockage de carburant de la base dépasse 16 000 mètres cubes. Au total, SOCAR exploite 60 stations-service à travers l'Ukraine.
Il s'agit de la deuxième attaque en deux semaines. Plus tôt, le 8 août, le dépôt pétrolier de la SOCAR avait déjà été attaqué par cinq drones lancés par l'armée russe. L'attaque aurait endommagé le pipeline de carburant diesel et blessé quatre employés de SOCAR.
Le 6 août, près de 20 drones russes ont frappé une station de compression de gaz de l'opérateur du système de transmission de gaz de l'Ukraine dans la région d'Odessa. L'installation joue un rôle majeur dans la route reliant les terminaux de GNL grecs aux installations de stockage de gaz ukrainiennes via le pipeline trans-balkanique nouvellement lancé, qui a déjà transporté du GNL américain et des volumes tests de gaz azerbaïdjanais.
En juillet, la compagnie énergétique publique ukrainienne Naftogaz Group a signé son premier accord avec SOCAR Energy Ukraine, marquant le premier accord de transport de gaz signé pour la route trans-balkanique. Cependant, les livraisons depuis l'Azerbaïdjan ont cessé après l'offensive russe du 6 août.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev et le président ukrainien Volodymyr Zelensky ont conjointement dénoncé ces attaques, soulignant qu'elles « n'entraveraient pas la coopération énergétique entre l'Azerbaïdjan et l'Ukraine ».
L'attaque du 8 août est survenue à la suite d'un sommet de paix trilatéral auquel ont participé le président Aliyev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinyan, sous la médiation du président américain Donald Trump à Washington. La réunion s'est conclue par la signature d'une Déclaration conjointe et l'initialisation d'un accord de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Les deux pays ont convenu de poursuivre d'autres actions visant à la signature et à la ratification finale de l'accord de paix et à l'établissement de relations interétatiques fondées sur la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale et de la souveraineté.
À Washington, les ministres des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie ont également signé l'appel conjoint à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur la clôture du processus de Minsk de l'OSCE et des structures connexes, appelant tous les États participants de l'OSCE à adopter cette décision. Pendant 30 ans, la Russie a agi en tant que l'un des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, établi pour médiatiser et faciliter une résolution politique de l'ancien conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, mais l'effort a échoué malgré des décennies de diplomatie navette.
Certains analystes ont lié les attaques consécutives de la Russie contre les installations de SOCAR en Ukraine aux relations tendues entre Bakou et Moscou depuis décembre 2024, lorsqu'un avion de passagers exploité par Azerbaijan Airlines (AZAL) a été touché dans l'espace aérien russe et s'est ensuite écrasé. L'incident mortel a exacerbé les tensions, l'Azerbaïdjan affirmant que l'avion avait été abattu par les forces russes et exigeant une admission officielle de responsabilité, la punition des responsables et une indemnisation — pour les familles des victimes, pour les blessés et pour AZAL pour la perte de l'avion. Ces appels restent sans réponse.
De plus, en juin, le FSB russe a mené un raid ciblant les Azerbaïdjanais ethniques à Ekaterinbourg, détenant des dizaines de personnes et laissant deux morts. Les examens médico-légaux effectués à Bakou ont confirmé que les décès étaient dus à des tortures infligées lors des interrogatoires. Cet incident a encore aggravé les relations déjà tendues entre Bakou et Moscou.
