LA HONGRIE ACCUSE L'UKRAINE APRÈS UNE ATTAQUE QUI A COUPÉ L'APPROVISIONNEMENT EN PÉTROLE RUSSE VIA L'OLÉODUC DRUZHBA
Paris / La Gazette
Les livraisons de pétrole brut russe vers la Hongrie et la Slovaquie ont été suspendues lundi après qu'une frappe présumée ukrainienne ait ciblé l'oléoduc Druzhba, l'un des corridors énergétiques les plus importants d'Europe.
Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a dénoncé l'attaque, accusant Kiev d'avoir frappé la ligne pour la deuxième fois en deux semaines.
« L'Ukraine a de nouveau attaqué l'oléoduc menant à la Hongrie, coupant ainsi les approvisionnements. Cette dernière attaque contre notre sécurité énergétique est scandaleuse et inacceptable !» a écrit M. Szijjarto sur son compte X.
Selon le ministre, les responsables russes l'ont informé que des techniciens étaient en train de réparer une station de transformation endommagée, essentielle au fonctionnement du pipeline. Cependant, le vice-ministre de l'Énergie, Pavel Sorokine, n'a pas pu fournir de calendrier quant à la reprise des expéditions.
Le pipeline Druzhba, le plus long oléoduc du monde, transporte du pétrole brut russe à travers le Belarus et l'Ukraine, fournissant à la Hongrie et à la Slovaquie la majeure partie de leur approvisionnement en pétrole. Alors que la plupart des pays de l'UE ont réduit leur dépendance à l'énergie russe depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou en 2022, Budapest et Bratislava continuent d'acheter du pétrole et du gaz russes à prix réduit.
La Hongrie reste fortement dépendante de Druzhba, s'approvisionnant à environ 65 pour cent de son pétrole brut par le biais du pipeline. Les chiffres du gouvernement russe montrent que la Hongrie a reçu 4,78 millions de tonnes de pétrole l'année dernière et près d'un million de tonnes au cours des deux premiers mois de 2025.
M. Szijjarto a soutenu que les attaques répétées faisaient partie d'efforts plus larges visant à entraîner la Hongrie dans le conflit.
« Depuis trois ans et demi, Bruxelles et Kiev tentent d'entraîner la Hongrie dans la guerre en Ukraine. Ces attaques répétées de l'Ukraine contre notre approvisionnement énergétique servent le même objectif », a-t-il déclaré. « Ce n'est pas notre guerre. Nous n'avons rien à voir avec cela, et tant que nous serons aux commandes, la Hongrie restera en dehors de cela.»
Le ministre hongrois a également lancé un avertissement à Kiev, notant que « l'électricité provenant de Hongrie joue un rôle vital dans l'approvisionnement de votre pays ».
En réponse, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiha, a répondu que « vous pouvez envoyer vos plaintes - et vos menaces - à vos amis à Moscou ».
L'opérateur slovaque de pipelines Transpetrol a confirmé que les flux vers la Slovaquie avaient également cessé mais a souligné qu'il n'avait aucun détail sur la cause de la suspension.
« Notre société ne dispose pas d'informations plus précises sur les raisons de l'arrêt, qui se trouve en dehors du territoire de la République slovaque. Le transport de pétrole à travers le territoire slovaque est assuré et se déroule conformément au plan de pompage », a indiqué la société dans un communiqué.
Il s'agit de la deuxième perturbation signalée en moins d'une semaine. Jeudi dernier, M. Szijjarto a affirmé que des drones ukrainiens avaient touché une station de pompage de Druzhba, interrompant brièvement les livraisons avant que la Russie ne rétablisse le flux.
Bien que l'Union européenne ait interdit la plupart des importations de pétrole russe à la suite de l'invasion de l'Ukraine, elle a accordé des exemptions pour les livraisons par pipeline via le système Druzhba, permettant ainsi de continuer à approvisionner la Hongrie et la Slovaquie. La République tchèque, qui dépendait également autrefois de Druzhba, an mis fin aux importations russes plus tôt cette année après s'être connectée à une route alternative via l'Italie.
De 2022 à 2024, l'UE a complètement éliminé le charbon russe, réduit les importations de pétrole russe de 27 % de l'approvisionnement total à seulement 3 %, et divisé par deux les importations de gaz. Le gaz russe ne représente désormais que 19 % du mix énergétique de l'Europe, contre 45 % avant la guerre.
