Elchin Amirbeyov : la paix Azerbaïdjan–Arménie avance après Washington

Le 7 septembre 2025, l’Ambassadeur Elchin Amirbeyov, représentant spécial du Président de la République d’Azerbaïdjan, a accordé une interview à la rédaction française de la chaîne de télévision I24 News. Il a répondu aux questions du journaliste Kristian Mal concernant le processus de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, les résultats de la rencontre de Washington du 8 août pour la région du Caucase du Sud, le rôle de médiateur joué par l’Azerbaïdjan sur la scène internationale, ainsi que certaines questions internationales. L’interview est disponible via ce lien : https://youtu.be/aEAw5BmZLvg?si=RvWLCuv3BbTdX678. Nous présentons ci-dessous les points principaux de l’entretien :
Question : Quel impact aurait la signature d’un accord de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie sur la région du Caucase ? Le président Trump a particulièrement œuvré dans ce domaine.
Le 8 août, à Washington, la paraphation de l’accord de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie a eu lieu, constituant une avancée importante vers la normalisation des relations entre les deux pays. Il convient toutefois de souligner qu’à ce stade, il ne s’agit que d’une paraphation et non de la signature définitive. Pour que l’accord de paix soit signé et mis en œuvre, l’Arménie doit encore prendre des mesures concrètes. En particulier, certaines dispositions de la Constitution arménienne, qui contredisent la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et expriment des revendications territoriales inacceptables, demeurent en vigueur. Par conséquent, pour établir une paix durable, la Constitution arménienne doit être alignée sur le texte et l’esprit de l’accord de paix déjà paraphé par les deux pays.
Néanmoins, la paraphation elle-même constitue une avancée majeure. Elle résulte d’un dialogue constructif bilatéral, de la volonté politique des deux parties et du soutien constructif de plusieurs partenaires internationaux. Nous apprécions particulièrement la contribution personnelle et les efforts du président américain Donald Trump. Si ce processus se poursuit avec sérieux et détermination, une nouvelle page basée sur la coopération, la stabilité et le bien-être commun pourrait s’ouvrir dans l’histoire du Caucase du Sud.
Question : Votre pays et son Président jouent de plus en plus un rôle de médiateur. L’Azerbaïdjan est ami à la fois de l’Iran et d’Israël. Comment conciliez-vous les positions de ces deux régimes ennemis, surtout lorsque l’Iran appelle à la destruction d’Israël ?
Depuis le rétablissement de son indépendance, l’Azerbaïdjan mène une politique étrangère multilatérale, pragmatique et fondée sur les intérêts nationaux, en établissant des relations bilatérales avec d’autres pays, y compris l’Iran et Israël, basées sur le respect mutuel, la souveraineté et les intérêts réciproques. Notre objectif n’est pas de prendre parti dans leurs divergences, mais de jouer un rôle constructif et, dans la mesure du possible, de contribuer à leur compréhension mutuelle. Nous croyons fermement que les tensions régionales ne doivent pas entraver le dialogue et que la diplomatie discrète peut parfois ouvrir des voies inattendues vers l’apaisement. C’est dans cet esprit que nous agissons : avec prudence, équilibre et responsabilité.
Question : Dans le contexte de la guerre à Gaza, la solution à deux États est-elle la seule issue entre Israël et la Palestine ?
La « solution à deux États » reste, à nos yeux comme à ceux de nombreux acteurs internationaux, un fondement fiable et durable pour parvenir à une paix juste entre Israéliens et Palestiniens. Le conflit en cours à Gaza rend cette solution plus difficile et fragile, mais n’en diminue pas la pertinence. Au contraire, cette tragédie rappelle l’urgence de parvenir à une solution politique fondée sur le droit international, la sécurité et la dignité de tous. Le rôle de la communauté internationale consiste à soutenir activement toute initiative crédible dans ce sens.
Question : Ne sommes-nous pas témoins d’une dangereuse polarisation, avec la Chine, la Russie et l’Inde d’un côté, et les États-Unis, l’OTAN et l’Europe de l’autre ?
Le monde traverse effectivement un processus de rééquilibrage géopolitique. Cependant, il serait encore prématuré de parler d’une polarisation irréversible. L’interdépendance économique et les défis mondiaux tels que le climat, la santé et la sécurité rappellent que la coopération n’est pas seulement possible, mais inévitable. Plutôt que d’alimenter la logique du conflit, il est crucial de promouvoir un multilatéralisme inclusif qui respecte les intérêts légitimes de chaque acteur. En tant que pays indépendant, équilibré et ouvert au dialogue, l’Azerbaïdjan est prêt à contribuer aux efforts de rapprochement.
Question : Le monde devient de plus en plus instable. Ne craignez-vous pas que nous soyons au bord d’une troisième guerre mondiale ?
Votre inquiétude est compréhensible et partagée par beaucoup. Il est vrai que le monde traverse une période de tensions élevées. Cependant, au lieu de céder à la peur, nous devons doubler nos efforts pour renforcer le dialogue, le multilatéralisme et la diplomatie préventive. L’histoire nous enseigne que les grandes crises offrent aussi des occasions de repenser nos modes de coopération. Par conséquent, il est de notre responsabilité collective d’agir avec sagesse, prudence et détermination pour prévenir l’escalade et préserver la paix.