LE RÔLE STRATÉGIQUE DE BAKOU DANS L'ESSOR DU SUD GLOBAL
Paris / La Gazette
Dans le discours géopolitique contemporain, les termes Sud Global et Nord Global ne se réfèrent pas strictement aux hémisphères géographiques mais aux divisions en développement socio-économique, influence politique et trajectoires historiques.
Le Nord global inclut généralement des nations développées - principalement en Europe occidentale, en Amérique du Nord et dans certaines parties de l'Asie de l'Est - avec des économies avancées, une infrastructure technologique et une influence mondiale significative. En revanche, le Sud global englobe un groupe diversifié de nations à travers l'Afrique, l'Amérique latine, l'Asie et certaines parties de l'Europe de l'Est qui ont historiquement été marginalisées dans la prise de décision mondiale mais qui affirment désormais une agence et une influence croissantes sur la scène mondiale.
L'essor du Sud global redéfinit les dynamiques de pouvoir mondiales, en particulier dans le commerce, la diplomatie climatique et la coopération multilatérale. Dans ce contexte, l'Azerbaïdjan émerge comme un pivot stratégique - tirant parti de sa géographie, de sa neutralité politique et de sa diplomatie proactive pour servir de pont entre ces deux sphères mondiales.
En raison de sa situation géopolitique favorable à la croisée de l'Europe de l'Est et de l'Asie de l'Ouest, l'Azerbaïdjan joue depuis longtemps un rôle vital en tant que connecteur entre l'Est et l'Ouest, le Nord et le Sud. Ce rôle de pont n'est pas uniquement géographique - il reflète une politique étrangère délibérée et équilibrée qui intègre les intérêts nationaux avec une perspective multilatérale et coopérative.
Depuis son indépendance, l'Azerbaïdjan a mené une politique étrangère ancrée dans le respect du droit international, de la souveraineté et de la diversification économique. Cela a permis à Bakou de développer des relations stables avec les puissances occidentales, la Russie, le monde islamique et les économies émergentes du Sud global. Ces relations sont renforcées par l'implication active de l'Azerbaïdjan dans les principales initiatives et organisations internationales.
La position de l'Azerbaïdjan en tant que pont offre des avantages multiples, tant sur le plan économique que géopolitique. Tout d'abord, cela renforce la valeur de l'Azerbaïdjan en tant que plaque tournante du transit pour l'énergie et le commerce. Des projets comme le Corridor médian (ou Middle Corridor), le pipeline pétrolier Bakou-Tbilissi-Ceyhan, le Corridor gazier du Sud et les initiatives dans le cadre de la Ceinture et Route positionnent l'Azerbaïdjan comme un point de transit clé dans la sécurité énergétique mondiale et la logistique commerciale.
Deuxièmement, l'accueil de grands événements multilatéraux - tels que la COP29, le prochain Sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) et le 13e Forum mondial des villes de l'ONU - renforce la visibilité diplomatique de l'Azerbaïdjan. Ces événements ne sont pas de simples formalités ; ce sont des plateformes où Bakou met en avant son soft power et consolide ses relations avec une diversité de nations.
Cette agilité diplomatique offre à l'Azerbaïdjan des avantages stratégiques, notamment des partenariats commerciaux diversifiés, des investissements directs étrangers et des alliances politiques renforcées qui atténuent la dépendance excessive à un seul bloc.
L'engagement de l'Azerbaïdjan avec le Sud Global
Dans le paysage évolutif de la géopolitique mondiale, la division entre le Sud Global et le Nord Global continue de façonner la nature des relations internationales, des stratégies de développement et de la coopération multilatérale. Comme l'a noté le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev lors de son discours à la conférence de fondation de la Plateforme des ONG du Sud Global, « le plus grand obstacle est la méfiance qui s'est développée au fil des ans entre le Sud Global et le Nord Global. » Cette méfiance persistante, a-t-il souligné, reste une barrière fondamentale à la construction d'un ordre international plus inclusif et équitable.
C'est dans ce contexte que les plateformes de coopération Sud-Sud ont gagné en importance. Ces plateformes - telles que le Mouvement des non-alignés, les BRICS, le G77 + Chine, et diverses initiatives soutenues par l'ONU - servent de mécanismes par lesquels les pays du Sud global peuvent échanger des connaissances, développer des projets conjoints et défendre des intérêts collectifs, en dehors des cadres d'aide ou de politique traditionnels dictés par le Nord.
Dans ce contexte, l'Azerbaïdjan apparaît comme un facilitateur et un connecteur essentiel. En raison de sa position stratégique, de ses liens historiques et de sa politique étrangère équilibrée, l'Azerbaïdjan se positionne comme un pont non seulement entre l'Est et l'Ouest, mais aussi entre le Nord et le Sud. Ce double rôle - géopolitique et diplomatique - est devenu essentiel pour que Bakou puisse s'affirmer comme un acteur crédible, neutre et actif dans un monde de plus en plus multipolaire.
Lors d'une récente réunion de la commission des relations internationales du Milli Majlis (le Parlement azerbaïdjanais), le vice-ministre des Affaires étrangères, Yalchin Rafiyev, a souligné l'engagement de l'Azerbaïdjan en faveur du multilatéralisme et d'une diplomatie inclusive. Il a fait remarquer que le leadership de l'Azerbaïdjan dans les forums internationaux est le reflet de son intention de forger des partenariats à long terme au-delà des alliances occidentales traditionnelles.
L'Azerbaïdjan est en train de se faire une place de choix en tant que puissance moyenne dans un ordre mondial en évolution rapide. Sa capacité à servir de pont - non seulement physique, mais aussi diplomatique et économique - le place dans une position unique pour tirer parti de l'évolution de l'influence mondiale.
L'impératif stratégique consiste désormais à soutenir cette dynamique par des partenariats inclusifs, un leadership régional et un engagement inébranlable en faveur du multilatéralisme. Alors que le Sud global se développe, le positionnement réfléchi de l'Azerbaïdjan pourrait bien lui assurer un siège à la table des décisions mondiales - non seulement en tant que participant, mais aussi en tant que facilitateur du dialogue, du commerce et de la paix.
