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DES ARMENIENS ATTERRISSENT A BAKOU, L’EUROPE RESTE ECARTEE. ET MAINTENANT ?

21 Novembre 2025 15:49 (UTC+01:00)
DES ARMENIENS ATTERRISSENT A BAKOU, L’EUROPE RESTE ECARTEE. ET MAINTENANT ?
DES ARMENIENS ATTERRISSENT A BAKOU, L’EUROPE RESTE ECARTEE. ET MAINTENANT ?

Paris / La Gazette

Ce 21 novembre, un groupe de représentants de la société civile et de spécialistes arméniens est arrivé à Bakou. Cette visite constitue une réponse directe au déplacement de la délégation azerbaïdjanaise à Erevan un mois plus tôt, les 21 et 22 octobre.

En Azerbaïdjan, comme en Arménie, les participants poursuivront leur dialogue dans le cadre de l’agenda de paix adopté après la Déclaration conjointe du 8 août à Washington.

L’objectif de ces rencontres est de dynamiser les contacts entre les sociétés civiles des deux pays et de créer des mécanismes durables de confiance mutuelle.

Il convient de rappeler que les principaux progrès du processus de paix ont été accomplis précisément dans un format strictement bilatéral, comme l’ont souligné à plusieurs reprises les deux capitales. Et ces réunions entre acteurs de la société civile ont elles aussi été initiées et organisées sans aucune intervention extérieure — un signe clair de la volonté de construire des relations de bon voisinage fondées sur la confiance.

L’absence de tierces parties — pourtant longtemps impliquées dans le dossier — est un élément essentiel. Bakou avait insisté, à juste titre on le voit aujourd’hui, sur la nécessité d’un dialogue exempt de « conseillers » occidentaux, dont chacun poursuivait ses propres intérêts.

C’est dans ce tête-à-tête diplomatique que les deux pays ont pu régler la question sensible du retour à l’Azerbaïdjan des villages occupés du district de Gazakh, et avancer de manière significative dans la préparation du texte du traité de paix. Ce n’est que récemment que Washington est venu se greffer au processus.

Le Président Ilham Aliyev l’a rappelé devant la 80ᵉ session de l’Assemblée générale de l’ONU :

« L’Azerbaïdjan a proposé cinq principes fondamentaux fondés sur le droit international et soumis un projet de traité de paix. À notre initiative, un processus de négociation sur le texte s’est ouvert, qui a duré d’octobre 2022 à l’été 2025. Malgré diverses provocations, les discussions ont été fructueuses, car menées exclusivement en bilatéral et sans aucune ingérence extérieure. »

L’Europe décontenancée

Quant aux initiatives européennes concernant le processus de paix, personne n’ignore que les élites et institutions occidentales ont souvent formulé des propositions biaisées, empreintes de doubles standards. L’Occident refusait de reconnaître la justesse des positions de Bakou, malgré l’attachement constant de ce dernier au droit international. Résolutions hostiles, tentatives d’entrave, projets anti-azerbaïdjanais : tout y est passé.

Dans le même temps, certaines forces en Europe ont encouragé l’étroite minorité des groupes arméniens revanchistes qui refusent de considérer les nouvelles réalités régionales.

L’UE a même déployé en Arménie une mission d’observation, malgré l’opposition catégorique de Bakou au déploiement de forces tierces à proximité de ses frontières. Et maintenant ? Que vont observer ces missions européennes, alors que la paix n’a jamais été aussi proche ? Pourtant, elles restent toujours en place…

En Azerbaïdjan, on se souvient que les politiques occidentaux prônaient le maintien du statu quo et demandaient à Bakou d’accepter l’idée que certaines de ses terres étaient perdues à jamais.

Quand l’Europe soutient ailleurs ce qu’elle ignore ici

Aujourd’hui, l’Azerbaïdjan a libéré seul ses territoires et rétabli pleinement sa souveraineté.

Et l’Europe, autrefois si bruyante et intrusive, se fait soudain discrète. Pourquoi ceux qui, hier encore, prônaient la paix en soutenant ouvertement l’agresseur, semblent-ils désormais ignorer les contours clairs de la paix dans le Caucase du Sud ?

Peut-être parce que la paix s’est révélée possible sans eux, rendant obsolètes leurs projets « pro-arméniens ».

Cette attitude contraste étrangement avec l’engagement massif de l’Europe envers l’Ukraine — politique, financier, humanitaire, déminage, projets de reconstruction.

Rien de comparable n’est proposé à l’Azerbaïdjan, alors même que 20 % du territoire national ont été dévastés et nécessitent une reconstruction totale. L’Europe, capable de bâtir des villes entières ailleurs, n’a lancé aucun projet similaire en Azerbaïdjan et n’apporte même pas de soutien notable au déminage.

Les Européens pourraient pourtant contribuer au développement de grands projets régionaux : le corridor de Zanguezour (TRIP), les initiatives énergétiques, de transport et de communication.

La société azerbaïdjanaise pose donc une question légitime : qu’est-ce qui justifie cette attitude ?

Pendant ce temps, les capitales européennes semblent investies ailleurs : débats sociétaux, causes identitaires, projets culturels qui irritent fréquemment les sociétés traditionnelles du Caucase.

L’Europe n’a plus de raison de rester

Il n’y a plus de menace de guerre dans le Caucase du Sud. L’Azerbaïdjan et l’Arménie affichent ouvertement leur volonté de paix.

L’Europe peut donc retirer ses observateurs de la frontière et les envoyer remplir une mission qui, à ses yeux, serait plus prioritaire : défendre les intérêts de groupes marginaux au sein de l’UE.

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