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GAZ, OR ET GEOPOLITIQUE : COMMENT L’AZERBAÏDJAN POURRAIT INFLUENCER L’AVENIR DE LA SYRIE, SELON THE JERUSALEM POST

5 Novembre 2025 20:48 (UTC+01:00)
GAZ, OR ET GEOPOLITIQUE : COMMENT L’AZERBAÏDJAN POURRAIT INFLUENCER L’AVENIR DE LA SYRIE, SELON THE JERUSALEM POST
GAZ, OR ET GEOPOLITIQUE : COMMENT L’AZERBAÏDJAN POURRAIT INFLUENCER L’AVENIR DE LA SYRIE, SELON THE JERUSALEM POST

Le quotidien israélien The Jerusalem Post a publié un article approfondi sur les relations entre l’Azerbaïdjan et la Syrie, soulignant le rôle croissant que Bakou pourrait jouer dans la reconstruction et la redynamisation économique du pays arabe. Caliber.az en a repris les passages les plus significatifs.

Une coopération en plein essor

Alors que le Moyen-Orient connaît d’importantes transformations économiques et géopolitiques, la Syrie cherche de nouveaux partenaires pour relancer une économie affaiblie par plus d’une décennie de crise. Dans cette quête, l’Azerbaïdjan apparaît comme un partenaire prometteur et stratégique, notamment dans les secteurs de l’énergie et des métaux précieux.

Selon The Jerusalem Post, la signature d’un mémorandum d’entente sur la fourniture de gaz naturel à la Syrie a marqué un tournant majeur dans les relations bilatérales. Cet accord s’inscrit dans un processus de rapprochement engagé depuis deux ans, après une longue période de stagnation diplomatique.

Le développement le plus marquant est la conclusion d’un accord de livraison de gaz azerbaïdjanais à la Syrie via le territoire turc, annoncé en juillet 2025. Ce contrat prévoit un approvisionnement initial de 3,4 millions de mètres cubes de gaz par jour, avec une hausse progressive jusqu’à 1 à 2 milliards de mètres cubes par an. Cette livraison devrait permettre la remise en service de centrales électriques à l’arrêt et atténuer la pression sur le secteur énergétique syrien.

Une stratégie économique et politique

Pour Damas, cette coopération reflète une nouvelle stratégie de diversification économique, visant à réduire la dépendance vis-à-vis de partenaires traditionnels. Elle s’intègre aussi dans un plan national de relance du secteur de l’or et des métaux précieux, considéré comme une source vitale de devises.

L’expert économique Ibrahim Qoushji estime que ce partenariat avec Bakou offre à la Syrie une « occasion rare de se réinsérer dans le réseau commercial régional ». Il affirme que si cette coopération est gérée par des mécanismes institutionnels clairs, elle pourrait stimuler les exportations syriennes et reconstituer les réserves monétaires du pays, surtout si les échanges sont effectués en monnaies nationales ou via des accords de troc.

I.Qoushji ajoute que le secteur bancaire syrien doit accompagner cette ouverture en modernisant ses systèmes de paiement électronique et en rétablissant des canaux de communication financière internationale, car « la Syrie a besoin de partenariats concrets, et l’Azerbaïdjan peut en être la porte d’entrée ».

Un partenariat aux implications géopolitiques

Au-delà de l’économie, cette coopération porte une dimension géopolitique importante. Selon le professeur Samer Al-Khatib, de l’Université de Damas, l’Azerbaïdjan représente pour la Syrie « une fenêtre à la fois politique et économique ». Pays musulman entretenant des relations équilibrées avec la Turquie, l’Iran et la Russie, Bakou occupe une position d’équilibre unique dans les dynamiques régionales.

L’arrivée du gaz azerbaïdjanais sur le territoire syrien pourrait, selon lui, élargir le cercle des intérêts régionaux en Syrie et offrir à Damas une plus grande marge de manœuvre diplomatique, tout en posant les bases d’une coopération future dans les domaines sécuritaire et technologique.

Un réalignement diplomatique fondé sur le pragmatisme

L’article souligne que ce rapprochement entre Bakou et Damas s’inscrit dans un réalignement discret, motivé avant tout par des considérations économiques plutôt que par des alliances politiques traditionnelles. L’Azerbaïdjan manifeste son intérêt à contribuer à la reconstruction syrienne, en particulier dans les secteurs de l’énergie, de l’infrastructure et des transports, tandis que la Syrie se dit prête à faciliter les investissements azerbaïdjanais et à partager son savoir-faire technique.

Les observateurs estiment que cette coopération pourrait devenir un modèle d’intégration économique régionale, si elle repose sur la transparence et la flexibilité. Bakou dispose d’importantes ressources énergétiques et d’une solide expérience dans les infrastructures et la logistique, tandis que la Syrie, avec sa position stratégique sur la Méditerranée, pourrait devenir un hub de transit reliant le Moyen-Orient à l’Europe.

Bakou, médiateur potentiel dans la région

L’analyste Adelkhan Gadilishiev, de l’Institut de l’intégration eurasienne, considère que les relations avec la Syrie sont désormais un pilier de la politique de Bakou au Moyen-Orient. Il rappelle que, sur instructions du Président Ilham Aliyev, des délégations azerbaïdjanaises ont visité la Syrie pour manifester leur soutien à ses efforts de reconstruction.

A.Gadilishiev souligne que Bakou a reçu des signaux « extrêmement positifs » de Damas et que l’influence personnelle du Président Aliyev a encouragé d’autres pays à envisager de nouveaux modèles de partenariat avec l’Azerbaïdjan.

Il ajoute enfin que, fort de ses relations équilibrées avec Israël et la Syrie, Bakou pourrait même jouer un rôle de médiateur régional, favorisant un dialogue entre Damas et Tel-Aviv — une initiative qui, au-delà de la réconciliation bilatérale, pourrait contribuer à une paix plus large et durable au Moyen-Orient.

Ainsi, conclut The Jerusalem Post, le rapprochement entre l’Azerbaïdjan et la Syrie dépasse largement le cadre énergétique : il illustre une redéfinition silencieuse mais stratégique des équilibres régionaux, où Bakou pourrait émerger comme un acteur clé du nouvel ordre moyen-oriental.

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