PAİX RETROUVÉE AU CAUCASE : NİKOL PACHİNİAN SALUE UN « TOURNANT HİSTORİQUE » ENTRE L’ARMÉNİE ET L’AZERBAÏDJAN
Quelques mois après la signature de l’accord tripartite du 8 août 2025 à Washington, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian affiche un optimisme nouveau. Invité du Forum de Paris sur la Paix 2025, il a défendu, avec un ton à la fois mesuré et enthousiaste, la nouvelle ère qui s’ouvre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : celle de la paix, enfin devenue réalité.
Un accord sous le sceau de Washington
« La paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan est établie. C’est une réalité que nous voyons et ressentons sur le terrain », a affirmé le chef du gouvernement arménien, rappelant le rôle central joué par le président américain Donald Trump, témoin et garant de la signature de la Déclaration de paix de Washington.
Signé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays en présence du président américain, ce texte marque, selon Pachinian, un tournant historique non seulement pour Erevan et Bakou, mais pour toute la région du Caucase du Sud.
Vers une région de paix et de prospérité
Pour la première fois depuis des décennies, les deux voisins ennemis évoquent ensemble un avenir commun fondé sur la coopération économique et la connectivité régionale.
Le traité inclut un volet majeur : le “Plan Trump”, projet d’infrastructure reliant l’est à l’ouest, et devant permettre à l’Arménie et à l’Azerbaïdjan d’utiliser mutuellement leurs territoires pour développer des corridors de transit internationaux.
« Ce corridor n’est pas qu’une route : c’est une ouverture vers un nouvel ordre économique régional, une chance pour nos deux nations », a expliqué Pachinian.
Cette connectivité, basée sur les principes de souveraineté, réciprocité et respect des frontières internationalement reconnues, pourrait transformer le Caucase en un hub reliant le golfe Persique, la mer Noire, la mer Caspienne et la Méditerranée.
Des défis politiques en vue des élections
Interrogé sur les risques de tensions internes à l’approche des élections législatives arméniennes de juin 2026, le Premier ministre s’est voulu rassurant.
Il a reconnu que certaines « forces » s’opposent encore à cette ouverture, mais s’est dit confiant :
« Tous les acteurs ont intérêt à ce projet. Les citoyens arméniens comprennent qu’il s’agit d’une voie vers la prospérité et la stabilité. »
Face à la montée des campagnes de désinformation, Pachinian a insisté sur la solidité démocratique de l’Arménie et sur la volonté de son peuple de « continuer sur le chemin de la paix ».
La “Route Trump”, une révolution logistique
Très attendue, la fameuse “Route Trump” devrait faciliter le transit des marchandises entre l’Asie centrale et l’Europe.
Le Premier ministre a confirmé que les discussions techniques avec Washington avancent à bon rythme :
« Il n’y a plus d’obstacle majeur. Nous travaillons chaque jour sur les bases juridiques et logistiques pour mettre en œuvre ce projet historique. »
L’Azerbaïdjan, de son côté, a levé les dernières restrictions au transit sur son territoire — un geste salué par Erevan comme une « décision courageuse et historique ».
Pachinian s’est même déclaré prêt à rétablir la liaison ferroviaire avec la Turquie, signe d’un dégel diplomatique longtemps jugé impossible.
De la paix régionale à l’avenir européen
Au-delà du rapprochement avec Bakou, le chef du gouvernement arménien voit dans cette paix une étape vers l’intégration européenne.
« Nous avons adopté une loi pour l’adhésion de l’Arménie à l’Union européenne », a-t-il rappelé, soulignant que cette orientation s’inscrit dans la même dynamique que celle de la Géorgie, candidate officielle depuis 2024.
Une normalisation en marche avec Ankara
La paix avec l’Azerbaïdjan semble aussi avoir adouci les relations avec la Turquie. Pachinian a confirmé que des discussions constructives sont en cours :
« L’établissement de relations diplomatiques et l’ouverture des frontières avec la Turquie ne sont qu’une question de temps. Il n’y a plus d’obstacle majeur. »
Une Constitution clarifiée
Enfin, le Premier ministre a répondu à la question délicate de la référence au Haut-Karabagh dans la Constitution arménienne.
Selon lui, ce point n’est plus un frein au processus de paix :
« La Cour constitutionnelle a tranché dès 1994 : l’Arménie n’a aucune revendication territoriale envers ses voisins. Le traité signé à Washington règle définitivement ces questions. »
Un pari sur l’avenir
Au terme de cet échange, Nikol Pachinian a livré une réflexion plus intime sur le sens de ce moment historique :
« Après des décennies d’animosité, Arméniens et Azerbaïdjanais ont compris qu’ils partagent un destin commun : celui de nations souveraines et indépendantes, décidées à tourner la page des conflits. »
Un message d’espoir, porteur d’une promesse inédite : celle d’un Caucase enfin réconcilié, tourné vers la coopération, la modernité et la paix durable.