COMMENT EREVAN A ACCUEILLI LES AZERBAÏDJANAIS ? TEMOIGNAGES DE PREMIERE MAIN
Comme l’a rapporté la veille caliber.az, un « table ronde » réunissant des représentants de la société civile d’Azerbaïdjan et d’Arménie s’est tenue à Erevan les 21 et 22 octobre 2025.
Cette rencontre a été organisée à l’initiative conjointe d’un groupe d’experts et d’activistes, avec le soutien officiel des structures gouvernementales des deux pays.
Du côté arménien, y ont participé Areg Kotchinyan, Boris Navasardyan, Naira Soultanyan, Narek Minasian et Samvel Meliksetyan.
La délégation azerbaïdjanaise était composée de Farhad Mammadov, Rusif Huseynov, Ramil Iskanderli, Kamala Mammadova et Dilara Efendiyeva.
L’initiative visait à promouvoir une approche pacifique dans l’esprit de la Déclaration conjointe signée à Washington le 8 août 2025, et constituait la première rencontre de ce type entre les représentants de la société civile arménienne et azerbaïdjanaise.
Au cours de leur visite, les participants ont notamment rencontré Armen Grigoryan, le secrétaire du Conseil de sécurité de la République d’Arménie.
Pour connaître les détails de cette rencontre et recueillir les réactions des participants, un correspondant de caliber.az s’est entretenu avec plusieurs membres de la délégation azerbaïdjanaise.
« Un événement soutenu par les deux gouvernements »
Le politologue Farhad Mammadov, directeur du Centre d’études du Caucase du Sud, a souligné que, bien que cette rencontre ait eu lieu dans un cadre non gouvernemental, elle a bénéficié du soutien direct des autorités.
« Les deux gouvernements — celui de l’Azerbaïdjan et celui de l’Arménie — ont participé à la préparation et à la tenue de cette rencontre. Cela en dit long sur son importance », a-t-il déclaré.
Selon lui, de nombreux sujets bilatéraux ont été abordés :
« Nous avions déjà eu des contacts avec des experts arméniens lors de conférences internationales organisées par des structures étrangères. Mais cette fois-ci, la rencontre s’est tenue exclusivement au format bilatéral, sans la présence de tiers ni de médiateurs extérieurs. »
F. Mammadov a ajouté qu’après la signature de la Déclaration de Washington, une nouvelle atmosphère de confiance s’est instaurée entre les deux pays :
« C’est une occasion unique de renforcer le dialogue entre experts, médias et société civile. C’est un tournant historique, et j’espère que ce format deviendra durable et régulier. De telles rencontres devraient devenir une composante essentielle de nos relations bilatérales, aussi bien diplomatiques et économiques que sociales. »
« Une visite chaleureuse et sincère »
La défenseure des droits humains Dilara Efendiyeva a décrit le séjour de la délégation azerbaïdjanaise à Erevan comme chaleureux et positif : « Nous avons été très bien accueillis. On sentait une réelle volonté du côté arménien de poursuivre le travail, de renforcer le dialogue et d’impliquer la société civile dans le processus de paix. C’est également ce qu’a exprimé Armen Grigoryan lors de notre rencontre personnelle. »
Elle a ajouté que la visite lui a laissé des impressions à la fois professionnelles et de chaleur humaine : « Erevan est une très belle ville, moderne et accueillante. Les gens ont été bienveillants. Nous avons même remarqué que certaines personnes nous reconnaissaient dans la rue, et leurs réactions étaient toujours positives. Dans les hôtels, les restaurants — partout, nous avons ressenti une véritable ouverture et une sincère volonté de dialogue. Personne ne nous percevait comme des étrangers. »
D. Efendiyeva a précisé que les discussions n’ont pas porté sur la politique, mais sur les perspectives de coopération économique et sociale : « Nous avons convenu de poursuivre notre collaboration, d’élargir nos partenariats et de lancer de futurs projets conjoints. Il est d’ailleurs symbolique que, le jour même de notre rencontre, la nouvelle de la levée de toutes les restrictions sur le transit de marchandises vers l’Arménie via l’Azerbaïdjan ait été annoncée — une décision qui a beaucoup enthousiasmé nos collègues arméniens. »
Elle a conclu : « Nous sommes la première délégation à nous engager dans ce processus à ce niveau et avec un tel soutien officiel. Cela montre que la volonté politique existe réellement, des deux côtés. Nous remercions les administrations d’Azerbaïdjan et d’Arménie qui ont permis cette initiative. Le moment est venu d’établir de vrais contacts entre nos sociétés. »
« Une rencontre constructive et sans tensions »
La journaliste Kamala Mammadova, rédactrice en chef du site d’information 1news.az, a jugé la réunion constructive et fructueuse : « Nous avons discuté de sujets qui préoccupent réellement nos sociétés. Naturellement, il a beaucoup été question de paix et de notre volonté de poursuivre des initiatives communes. Nous avons proposé des projets concrets, notamment sur la manière dont la société civile peut faciliter le dialogue. Les thèmes humanitaires, la logistique et les mesures de confiance ont été largement abordés. »
Elle a souligné que le climat de compréhension mutuelle était notable : « Aucun signe de tension ou de négativité. L’organisation était exemplaire, la sécurité assurée, et tout s’est déroulé dans le calme. »
Enfin, évoquant la rencontre avec Armen Grigoryan, Kamala Mammadova a conclu : « La discussion a été très constructive, marquée par une réelle volonté d’avancer. A. Grigoryan a répondu à toutes nos questions et a insisté sur l’importance d’accélérer les contacts et les initiatives communes. »
En somme, cette première rencontre directe entre représentants de la société civile d’Arménie et d’Azerbaïdjan à Erevan marque une étape inédite dans le dialogue post-conflit, symbolisant une volonté croissante de réconciliation et de coopération régionale durable.
