NEUTRALITE INVARIABLE DE BAKOU, AIDE HUMANITAIRE TRANSPARENTE
Paris / La Gazette
Quand la fantaisie d'un tabloïd se heure à la réalité
L’Azerbaïdjan se retrouve une nouvelle fois au centre d’une vague de bruit médiatique. Cette fois, tout est parti d’un article du tabloïd britannique Daily Express, affirmant que Bakou enverrait à l’Ukraine des avions Su-22 « déguisés en aide humanitaire ».
Une formule choc, pensée pour faire sensation. Mais derrière le titre tapageur, rien : ni faits, ni preuves. Un nouvel exemple de la manière dont on tente d’impliquer l’Azerbaïdjan dans des processus auxquels il n’a strictement aucun lien.
La mécanique est tellement prévisible qu’elle en devient routinière. Depuis l’escalade du conflit russo-ukrainien en février 2022, les tentatives pour associer Bakou à des livraisons d’armes se répètent : d’abord une accusation bien vague, « selon une source », puis une suggestion lourde de sous-entendus… avant le silence total dès qu’il s’agit de vérifier l’information. Pas de faits, pas de documents, pas de trajets, pas de photos, pas d’images satellites, pas de registres de vol : rien qui puisse constituer une preuve. Mais le manque de preuves est précisément ce sur quoi reposent ce type de publications : elles cherchent l’émotion, non l’exactitude.
Toute personne familière de l’équilibre régional sait parfaitement que s’il existait la moindre livraison réelle d’équipements militaires à l’Ukraine depuis l’Azerbaïdjan, la réaction de Moscou aurait été immédiate. Les services russes surveillent en permanence tous les mouvements d’armement à destination de la zone de guerre. Dans ces conditions, il serait impossible de dissimuler ne serait-ce qu’un petit lot de matériel militaire, a fortiori des avions de chasse. Le scénario présenté par Daily Express ne résiste pas à la logique la plus élémentaire et n’a rien de nouveau.
Les tentatives d’attribuer à Bakou un rôle dans des livraisons d’armes à l’Ukraine ne datent pas d’hier. Parfois on parle de « drones mystérieux », parfois de « convois secrets », parfois encore de « cargaisons réaménagées ». Le schéma reste identique : plus l’accusation est spectaculaire, plus elle est détachée de la réalité. Et un élément crucial est systématiquement oublié : la position officielle de l’Azerbaïdjan, inchangée et vérifiable. Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, le pays maintient une neutralité stricte, ne participe à aucune opération militaire et ne fournit d’armes à aucune des parties.
Bakou limite son soutien à l’Ukraine à l’aide humanitaire et aux livraisons de gaz, effectuées ouvertement, officiellement et sans tenter de masquer les itinéraires ou les destinations. Exemple récent : en août, le président Ilham Aliyev a signé un décret allouant l’équivalent de 2 millions de dollars pour l’aide humanitaire à l’Ukraine.
« Sur la base des principes d’humanisme, la République d’Azerbaïdjan fournit une aide humanitaire à de nombreux pays du monde sur une base bilatérale et multilatérale. Compte tenu de la situation en Ukraine ces dernières années, l’État azerbaïdjanais a envoyé à plusieurs reprises une aide humanitaire au peuple ukrainien », précise ce document.
Cette transparence même fait des flux humanitaires une cible facile pour les manipulations : il suffit d’y « accrocher » des fantasmes sur des cargaisons militaires. Ainsi naît l’idée absurde « d’avions déguisés en aide humanitaire », alors qu’une telle opération est techniquement impossible : documents de chargement, procédures logistiques, contrôles internationaux — aucun de ces éléments ne peut être contourné discrètement.
Selon les sources fiables consultées par caliber.az, l’article du Daily Express est un exemple classique de sensationnalisme construit pour générer du trafic. Le genre tabloïd vit de ce type de contenus : pas d’effort pour comprendre les équilibres régionaux, pas de recoupement via des canaux indépendants, pas d’analyse des déclarations officielles. Quand il n’y a pas de preuve, on se contente de cette logique : si l’on peut l’imaginer, on peut l’écrire. Et dans le contexte d’un intérêt accru pour la guerre, ce genre d’affirmations se propage vite, même lorsqu’elles relèvent à 100 % de la spéculation.
Mais un point mérite attention : ces narratifs ne surgissent jamais par hasard. Les attaques informationnelles contre l’Azerbaïdjan s’intensifient lors des périodes de turbulences géopolitiques, quand Bakou adopte des positions autonomes qui déplaisent à certains acteurs extérieurs. La neutralité azerbaïdjanaise dans la guerre russo-ukrainienne irrite ceux qui aimeraient ouvrir un « deuxième front » et rendre le Caucase du Sud dépendant d’un certain axe politique. Fabriquer l’image d’un « fournisseur occulte d’armes » devient alors un instrument de pression, destiné à remettre en cause la position diplomatique de Bakou.
Le scénario du Daily Express n’est qu’une nouvelle tentative d’attribuer à l’Azerbaïdjan un rôle contraire à sa politique déclarée. Mais ces coups médiatiques se dissipent rapidement lorsqu’ils se heurtent à des faits et à des explications officielles. Bakou a déjà montré à maintes reprises qu’il suit une ligne posée et constante : neutralité inchangée, aide humanitaire transparente, coopération énergétique stable.
Dans ce contexte, il devient clair que l’agitation autour des « avions », des « cargaisons secrètes » ou des « routes militaires » n’a de valeur que pour ceux qui les façonnent à des fins de buzz ou de spéculation politique bon marché.