LES D-8 RASSEMBLENT DES PAYS TOTALISANT PRES DE DEUX MILLIARDS D’HABITANTS
À l’initiative de l’Azerbaïdjan, le Forum des médias de l’Organisation pour la coopération économique des huit pays en développement (D-8) s’est tenu pour la première fois à Bakou, sous le thème : « Promouvoir le dialogue, la collaboration et la cohésion régionale ». L’événement a réuni les dirigeants d’organismes médiatiques et les principaux acteurs du secteur provenant des États membres, aux côtés d’invités de haut rang et d’experts reconnus. Environ 150 participants étaient présents dans la capitale azerbaïdjanaise, dont soixante et onze représentants des huit pays et du Secrétariat des D-8.
Lors de la cérémonie d’ouverture, Hikmet Hajiyev, assistant du président de la République et chef du département de la politique étrangère à l’administration présidentielle, a lu un message adressé par le président Ilham Aliyev aux participants. Dans cette allocution, le chef de l’État a défini les orientations selon lesquelles la coopération médiatique entre les pays D-8 acquiert une importance stratégique.
Des sessions thématiques ont ensuite été consacrées au journalisme, à l’innovation numérique, aux communications stratégiques, à la gestion de crise, ainsi qu’à un atelier pratique sur l’éthique des médias face à l’accélération de la numérisation et à l’évolution des tendances.
L’enjeu de ce qui se déroule à Bakou dépasse largement le cadre d’une rencontre professionnelle. Pour les pays D-8, l’agenda médiatique s’inscrit dans une architecture politique et économique beaucoup plus vaste, en développement depuis près de trois décennies autour de l’organisation.
Contexte : Les D-8 rassemblent des pays totalisant près de deux milliards d’habitants et couvrant un territoire immense doté d’importantes ressources humaines, de villes en croissance rapide, d’un potentiel industriel notable, et d’opportunités diversifiées dans l’énergie, l’agriculture, le commerce et les technologies.
L’idée de créer une organisation islamique unissant des pays de l’Asie du Sud à l’Afrique fut proposée par l’ancien Premier ministre turc Necmettin Erbakan. En 1996, lors d’un séminaire sur la coopération au développement, il suggéra de constituer une structure regroupant les principaux pays à majorité musulmane pour soutenir leur développement économique et politique.
Six mois plus tard, en juin 1997, naissait ainsi l’Organisation pour la coopération économique des huit pays en développement (D-8), dont le siège est établi à Istanbul et qui réunit le Bangladesh, l’Égypte, l’Indonésie, l’Iran, la Malaisie, le Nigeria, le Pakistan et la Turquie.
Le 19 décembre 2024, lors du 11e Sommet des D-8, l’Azerbaïdjan a été admis à l’unanimité comme membre de l’organisation. Il s’agit de la première extension des D-8 en trente ans, geste qui reflète la confiance accordée à Bakou et reconnaît le rôle que joue le pays au carrefour de multiples corridors économiques et politiques.
Pour l’Azerbaïdjan, cette participation s’inscrit dans la continuité d’une diplomatie multivectorielle devenue l’un des piliers de sa politique étrangère. En témoignent les nombreux déplacements du président Ilham Aliyev au cours des trois ou quatre derniers mois : sommet de Washington, sommet de la CPE au Danemark, 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies, réunion du Conseil des chefs d’État de la CEI à Douchanbé, ou encore sommet pour la paix au Moyen-Orient à Charm el-Cheikh, auquel il a participé sur l’invitation personnelle du président américain Donald Trump et du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
L’ensemble de ces initiatives montre que l’Azerbaïdjan évolue simultanément à l’échelle régionale, transrégionale et mondiale, selon un modèle durable où Bakou construit des réseaux de partenariats, renforce les liens entre différentes régions et propose à la communauté internationale des solutions concrètes. L’adhésion aux D-8 s’inscrit clairement dans cette politique étrangère à multiples facettes.
Dans le contexte du Forum des médias, il convient de souligner que le président Ilham Aliyev a mis en avant la nécessité de créer des plateformes permettant aux pays D-8 de coordonner leurs efforts, non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans les médias et la communication. Aujourd’hui, l’espace informationnel détermine en grande partie le rythme du rapprochement entre États, façonne la perception publique des partenariats et influence la stabilité des projets politiques et économiques. Les médias ont désormais le pouvoir de briser les stéréotypes, d’ouvrir de nouvelles voies de coopération, de protéger les pays contre les manipulations et de renforcer la résilience des liens entre sociétés.
Le potentiel des D-8 dans ce domaine est immense. Chacun des États membres dispose d’une large audience, de plateformes dynamiques, d’écosystèmes numériques en croissance et d’une jeune génération de journalistes et créateurs de contenu. Exploiter ce potentiel collectivement pourrait faire des D-8 l’un des réseaux médiatiques les plus influents du continent eurasiatique. L’initiative de Bakou visant à créer une plateforme médiatique entend jouer un rôle moteur en offrant un espace d’échange d’expériences, d’élaboration de standards, de construction d’une culture commune de circulation de l’information et de renforcement des liens professionnels. Et surtout, cette plateforme n’est pas pensée comme une structure formelle, mais comme un mécanisme de coopération pratique — incluant formation, transfert de technologies, projets conjoints et vision partagée de ce que doit être un journalisme responsable à l’ère numérique.
L’agenda du Forum prévoyait également des échanges sur les modèles permettant aux pays D-8 de dialoguer plus efficacement avec les audiences internationales, d’élaborer leurs propres récits et de présenter leurs positions au monde. Des États rassemblant près de deux milliards d’individus ne peuvent se permettre de rester invisibles dans des narratifs façonnés par d’autres. Ils ont besoin de leurs propres outils de diplomatie publique, de plateformes modernisées de communication stratégique et d’une infrastructure contemporaine de coopération médiatique. D’où la mise en avant, à Bakou, de thèmes tels que l’innovation numérique, l’éthique des médias, la gestion de crise et la création de modèles de communication durables.
Dans cette dynamique, l’Azerbaïdjan n’est pas seulement un hôte : il agit en initiateur. Le pays montre sa capacité à créer des plateformes reliant diverses régions et générant une nouvelle qualité d’interaction. Sa confiance interne, son potentiel économique, la réussite de ses initiatives diplomatiques et son positionnement international renforcé constituent le socle qui fait de Bakou un lieu attractif pour ce type de forums. C’est dans la capitale azerbaïdjanaise que se prennent aujourd’hui des décisions influençant l’architecture informationnelle de plusieurs régions — du Moyen-Orient à l’Asie du Sud-Est et jusqu’à l’Afrique.