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RESERVE D’AVEYDAG : UN TRESOR DU PATRIMOINE SPIRITUEL ET ARCHITECTURAL

8 Novembre 2025 10:58 (UTC+01:00)
RESERVE D’AVEYDAG : UN TRESOR DU PATRIMOINE SPIRITUEL ET ARCHITECTURAL
RESERVE D’AVEYDAG : UN TRESOR DU PATRIMOINE SPIRITUEL ET ARCHITECTURAL

RESERVE D’AVEYDAG : UN TRESOR DU PATRIMOINE SPIRITUEL ET ARCHITECTURAL — PARTIE II

Un voyage historique à travers le temps - II

Poursuivant l’exploration de la réserve historique et culturelle d’Aveydag, il convient d’évoquer les autres sections du complexe, qui abritent un ensemble exceptionnel de monuments archéologiques, tumulus anciens, vestiges d’habitations médiévales et structures sacrées. L’ensemble forme une mosaïque fascinante où chaque élément témoigne d’une époque différente et des civilisations qui ont successivement marqué cette terre.

Le complexe de grottes de Keshikchidag : une chronique vivante de l’humanité

Le complexe de grottes de Keshikchidag, situé le long de la frontière géorgienne, s’étend sur près de 25 kilomètres au cœur des plaines de Jeyranchol, sur les pentes de la chaîne de Gatardag, entre 750 et 950 mètres d’altitude. Il comprend 76 grottes naturelles et artificielles, offrant une vue spectaculaire sur les vastes plaines environnantes.

Certaines de ces cavités, formées naturellement il y a des milliers d’années, furent ensuite aménagées entre les VIᵉ et XVᵉ siècles. Les fouilles ont révélé des foyers, des ossements d’animaux et des outils, témoignant d’une occupation humaine continue. Ces abris ont servi de refuge contre les bêtes sauvages et les intempéries, mais aussi de lieux de vie, de prière et d’activité artisanale.

Dès le Ve–VIᵉ siècle, des moines venus d’Asie Mineure s’y installèrent, trouvant dans ces grottes un cadre propice à la vie ascétique. Pour pallier le manque d’eau, ils mirent en place un ingénieux système de collecte des eaux de pluie : de longs canaux de sédimentation, creusés dans le grès sur plus de 200 à 300 mètres, alimentaient des puits profonds où l’eau restait fraîche pendant de longues périodes.

Les grottes renfermaient aussi des réserves alimentaires, avec des niches et puits servant à conserver les denrées dans la fraîcheur naturelle de la roche — une solution essentielle à la survie dans ce milieu isolé.

Fresques et temples : les témoins spirituels du passé

Certaines grottes-temples conservent encore des fresques religieuses, peintes entre le XIXᵉ et le début du XXᵉ siècle. Réalisées à l’aquarelle, elles représentent des scènes bibliques d’une intensité spirituelle remarquable, illustrant la foi et la vie intérieure des moines.

Au sommet de la steppe de Jeyranchol, deux temples albano-caucasiens se dressent, distants d’environ 1 500 mètres l’un de l’autre. Édifiés à la fin de la période médiévale ancienne, ils témoignent d’un savoir-faire architectural exceptionnel. Le premier, taillé directement dans la roche, se fond dans la montagne ; le second, bâti sur un plateau, domine le paysage et offre une vue panoramique. Sa façade est ornée de fenêtres étroites s’élevant jusqu’au toit, accentuant la verticalité et la monumentalité de l’ensemble.

Keshikchigala : la forteresse des hauteurs

Non loin de là se dresse Keshikchigala, une forteresse de guet perchée à 850 mètres d’altitude sur le mont Galtan. Construite entre les IXᵉ et XIᵉ siècles, elle adopte une forme quadrangulaire de 11 mètres de haut et 26 m² de superficie. Ses murs épais d’un mètre, percés de meurtrières, permettaient une surveillance totale de la région. Bâtie en pierre locale et brique liées à la chaux vive, elle combinait robustesse et longévité.

Accessible uniquement par des sentiers escarpés, la forteresse servait de poste d’observation stratégique, d’où l’on transmettait probablement des signaux d’alerte vers les habitations troglodytes en cas d’invasion étrangère.

Une terre de mémoire : des kourganes à la redécouverte archéologique

Les environs de Keshikchidag témoignent d’une occupation humaine continue depuis la préhistoire. Des monuments du Paléolithique ont été mis au jour, ainsi que des structures funéraires formant la célèbre Vallée des Kourganes.

Longtemps, la région resta inaccessible : entre 1948 et 1991, elle servit de terrain d’entraînement militaire soviétique. Ce n’est qu’après la création officielle de la réserve d’Aveydag que les fouilles archéologiques purent reprendre, révélant une riche collection d’artefacts et de vestiges culturels.

Les recherches ont permis de découvrir plus de 150 kourganes, certains contenant des sépultures du Bronze final et du Fer ancien. L’un des sites les plus marquants est la tombe d’un chef tribal inhumé sur un trône, portant un sceau cylindrique orné de gravures dans le style glyptique du royaume de Mitanni (XVe–XIIIe siècle av. J.-C.), preuve des liens culturels anciens entre le Caucase et le Proche-Orient.

Des fouilles plus récentes, menées depuis 2020 dans le cadre des projets « Recherches scientifiques et archéologiques de Keshikchidag » et « École d’été archéologique », ont mis au jour de nouveaux complexes funéraires liés à la culture archéologique de Khojaly-Gadabay, propre au Sud-Caucase.

Keshikchidag : le souffle éternel de l’histoire

Plus qu’un simple site archéologique, Keshikchidag est un sanctuaire du temps. Chaque pierre y porte la mémoire des millénaires, chaque silence résonne des voix des civilisations disparues. Entre nature, foi et histoire, la réserve d’Aveydag demeure un pont vivant entre le passé et le présent, un symbole de la continuité spirituelle et culturelle de l’Azerbaïdjan.

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