Lagazette

Interview avec Alban Claude, descendant de Hadji Zeynalabdin Tagiyev (Exclusif)

16 Juin 2020 08:00 (UTC+01:00)
Interview avec Alban Claude, descendant de Hadji Zeynalabdin Tagiyev (Exclusif)
Interview avec Alban Claude, descendant de Hadji Zeynalabdin Tagiyev (Exclusif)

Bakou/Lagazetteaz/

Nous présentons à nos lecteurs une interview exclusive avec Alban Claude, le descendant d’une personne éminent de l’histoire d’Azerbaïdjan – Hadji Zeynalabdin Tagiyev, qui vit et travaille en France.

-Alban, il y a presque un an que vous avez visité Bakou, rencontré des journalistes et vos parents, visité des sites touristiques. Comment cette visite est restée dans vos souvenirs? Que vous avez raconté à vos proches après le retour à Paris? Veuillez pondre plus en tail.

-C'était un moment très fort pour moi. Cela n'a duré en définitive qu'une seule semaine mais j'en ai gardé un souvenir impérissable. Mon souvenir le plus fort est sûrement celui des gens que je croisais dans les rues de Bakou et qui me racontaient des histoires sur Zeinalabdin Tagiyev. Mes proches ont pu suivre mon voyage sur les réseaux sociaux. Comme moi, ils ont été très contents et en même temps très surpris de voir que sa mémoire était toujours aussi vivante en Azerbaïdjan alors que l'on pensait qu'il était bel et bien tombé dans l'oubli. Les membres de ma famille veulent tous maintenant aller en Azerbaïdjan. Avant mon voyage, le souvenir de l'exil était encore d'une certaine façon dans les cœurs, et il était difficile pour eux d'envisager d'y retourner comme si de rien n'était. Ce n'est plus le cas maintenant grâce au formidable accueil que j'ai reçu, presque irréel.

-Vous avez dit que vous travailliez sur un livre consacré à votre famille Taghiev et Khajar à travers le prisme de l'histoire de l'Azerbaïdjan. L`ouvrage, est –il prêt et quels matériaux y seront inclus?

-C'est le projet de ce livre qui m'a amené en Azerbaïdjan en octobre dernier. J'ai dû reprendre beaucoup de passages suite à mon voyage car les expériences que j'y ai vécues ont beaucoup changé mon sentiment d'identité. J'espère l'avoir terminé cet été. J'ai beaucoup travaillé aux archives françaises notamment tant sur l’Azerbaïdjan que sur l'histoire plus personnelle de ma famille. Mon ouvrage inclura donc à la fois des documents qui appartiennent à ma famille et certaines archives publiques méconnues.

-Vous avez fondé le Caspian Research Center, en commun avec les autres étudiants d'origine azerbaïdjanais. Quels projets sont en cours ?

Je ne suis pas le fondateur du Caspian Research Center, mais j'ai rejoint le projet avec enthousiasme dès qu'il m'a été présenté, peu après mon retour d'Azerbaïdjan. La crise du coronavirus a beaucoup freiné nos premiers projets, mais nous ne sommes pas restés inactifs pour autant. Nos objectifs sont à la fois modestes et ambitieux. Nous souhaitons produire un contenu de qualité sur l'Azerbaïdjan en langue française, pour que tous les francophones intéressés par ce pays puissent approfondir leurs recherches. Aujourd'hui, il n'existe presque aucun livre sur l'Azerbaïdjan en français, alors qu'il y en a beaucoup en anglais. Nous avons réalisé des pastilles vidéos sur des personnages célèbres de la région, nous avons sous-titré en français l'intégralité du film « O olmasın bu olsun » et nous nous attelons à la traduction d'ouvrages sur l'Azerbaïdjan comme ceux de Swietochowski qui font référence à l'international. Plutôt que des projets très ambitieux et coûteux, nous préférons mener des projets plus ciblés mais personnel, au gré de nos découvertes et de nos coups de cœur. C'est pour moi un très bon moyen de découvrir la culture de l'Azerbaïdjan.

-Que vous faites maintenant, sur quels projets travaillez-vous ? Comment vous avez subi l'auto-isolement social ? Comment est la vie à Paris pendant la période de pandémie de coronavirus?

-J'ai beaucoup de travail en ce moment. Je poursuis mes recherches dans le cadre de mes études, je continue l'écriture de mon livre et je m'investis dans les projets de notre association. D'une certaine manière, le confinement dû au coronavirus a été une opportunité pour moi. J'ai pu travailler sans les distractions habituelles de la vie sociale. Paris était particulièrement calme pendant la pandémie. Maintenant la vie a repris son rythme effréné, les gens redeviennent désagréables dans la rue comme avant. J'ai profité du confinement pour avancer mon apprentissage de l'azerbaïdjanais en continuant les cours sur skype.

-Quels sont les autres plans, y a-t-il un désir de revenir dans la patrie de votre ancêtre ?

-Oui bien sûr je compte revenir souvent en Azerbaïdjan. Ce pays occupe une place très importante pour moi. J'attends juste que les restrictions de voyage soient levées pour pouvoir prendre mes billets. Je souhaite être présent pour l'inauguration de la statue de Zeinalabdin Tagiyev, mais aussi pour les cent ans du musée national d'histoire. J'aimerais aussi voir la villa de Mardakan restaurée de mes propres yeux. Mais je souhaite surtout pouvoir découvrir l'Azerbaïdjan par moi-même, et je prévois de passer un beaucoup plus long moment à arpenter le pays pour découvrir toutes ses richesses, au delà de la seule ville de Bakou.

-Au cours de votre visite, vous avez dit que vos proches à Bakou cherchaient pour vous une épouse azerbaïdjanaise. L'ont-ils trouvée?

Je crois que c'était surtout une blague à l'époque. Je ne pense pas au mariage pour le moment. Je suis très occupé, et je ne me sens pas encore prêt à assumer un engagement aussi important. J'attendrai d'être plus installé dans ma vie.

-En mars de cette année, le Président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a signé un décret sur l'installation d'un monument de Haji Zeynalabdin Tagiev. Pour cela, un concours spécial a même été organisé parmi les sculpteurs. Le projet de Khanlar Ahmadov a été choisi comme gagnant. Un monument de trois mètres de bronze, de granit rouge et noir sera installé à Bakou. Que pouvez-vous dire à ce sujet et le monument lui-même?

-Le projet de la statue est un formidable projet. J'aime beaucoup son emplacement, juste à la sortie du métro de la vieille ville. Les gens qui vont travailler le matin pourront l'apercevoir, il leur remontera sûrement le moral s'ils sont un peu déprimés. Les enfants pourront jouer autour aussi. C'est une statue qui accompagnera la vie de tous les habitants. Je n'ai pas été consulté pour le choix de la statue, mais j'ai regardé avec attention les projets qui étaient soumis, et j'avais mes préférés. J'ai été très content de voir que c'est le projet de Khanlar Ahmedov qui l'a emporté, c'était mon projet favori, même si je salue les nombreuses autres propositions qui avaient été faites. On voit que tous les artistes avaient réalisés ces œuvres avec leur cœur. Lors de mon voyage à Bakou j'ai eu la chance de rencontrer Khanlar Ahmadov dans son atelier. C'était un moment très fort et très émouvant pour moi lorsque j'ai compris qu'il avait commencé à penser à la statue de Tagiyev de nombreuses années auparavant.

-Merci pour l'interview. Et pour la conclusion, votre appel à vos amis en Azerbaïdjan et à tous les citoyens du pays qui, à ce jour, se réfèrent avec beaucoup de respect à la mémoire de Zeynalabdin Taghiev.

-J'espère que la mémoire de Tagiyev vivra encore longtemps dans leur cœur. Tous les gens qui se réfèrent à lui avec respect sont la preuve vivante que si les honneurs, la gloire et la richesse finissent toujours par disparaître, les bonnes actions, elles, restent éternelles. C'est ce que Tagiyev pensait et il avait manifestement raison. Je suis très fier de descendre de Tagiyev par le sang, mais en réalité, il appartient à tous les Azerbaïdjanais.
Interview rédigée par Alina Avdeyeva

Loading...
L'info de A à Z Voir Plus