LA BANQUE DES RÈGLEMENTS INTERNATIONAUX MET EN GARDE CONTRE LES FRACTURES DE L'ÉCONOMIE MONDIALE DANS UN CONTEXTE DE TENSIONS COMMERCIALES
Paris / La Gazette
L'économie mondiale est devenue de plus en plus incertaine en 2025, selon le rapport économique annuel de la Banque des règlements internationaux (BRI). Le rapport souligne que les tensions commerciales renouvelées et les vulnérabilités structurelles de longue date ont contribué à accroître la volatilité et à réduire les perspectives de croissance dans le monde entier.
Le rapport montre que les perspectives mondiales se sont détériorées au cours du deuxième trimestre de l'année, suite à une série d'annonces tarifaires par les États-Unis. Ces développements ont perturbé les flux commerciaux, déclenché une incertitude politique et conduit à des réductions des prévisions de croissance.
"Les banques centrales doivent gérer les conséquences immédiates tout en gardant à l'esprit les faiblesses structurelles plus profondes qui menacent la résilience de l'économie mondiale. Le succès dépendra du maintien de la confiance du public – confiance dans la capacité des banques centrales à agir et à le faire dans l'intérêt public. La confiance dans leur engagement envers une faible inflation a été décisive pour apaiser l'inflation de l'ère pandémique. Maintenant, la confiance dans les institutions publiques – y compris la confiance dans la monnaie – doit servir de point fixe autour duquel les autres peuvent se rassembler", souligne la BRI.
L'analyse a montré qu'à partir de début 2025, l'économie mondiale semblait stable. L'inflation approchait des niveaux cibles dans de nombreux pays, et la croissance mondiale en 2024 a atteint un peu plus de 3 %. Les marchés du travail s'étaient largement redressés, tandis que les marchés financiers reflétaient l'optimisme des investisseurs. Cependant, la BRI a souligné que les nouveaux tarifs imposés par les États-Unis ont entraîné un retournement brusque du sentiment, provoquant une volatilité sur les marchés boursiers et des devises et affaiblissant la confiance des entreprises.
"Les dynamiques pourraient bien s'avérer beaucoup plus complexes que ces simples effets de manuel. L'économie mondiale n'est pas une collection d'îles ; elle se compose d'un dense réseau d'interconnexions entre les fournisseurs, les clients, les consommateurs et les intermédiaires financiers qui les relient. L'activité chevauche la frontière, de sorte que les biens échangés subissent de nombreux cycles de valeur ajoutée avant de trouver leurs clients finaux", indique le rapport.
La BRI note également que, bien que le ralentissement ne se soit pas encore reflété dans les données économiques officielles, les premiers indicateurs signalent une baisse de la confiance parmi les entreprises et les consommateurs. Les prévisions de croissance pour 2025 ont été révisées à la baisse dans un certain nombre de grandes économies. Les attentes en matière d'inflation ont augmenté aux États-Unis, mais elles restent globalement inchangées ailleurs. En conséquence, certaines banques centrales ont suspendu les baisses de taux d'intérêt, tandis que d'autres continuent de relâcher leur politique en réponse à l'incertitude et à la demande en ralentissement.
"Comme l'a clairement montré l'expérience de l'inflation pendant la pandémie, la perturbation des chaînes d'approvisionnement pourrait à nouveau entraîner des surprises à la hausse de l'inflation. Un tel choc inflationniste pourrait raviver les attentes inflationnistes qui restent sensibles après l'expérience inflationniste liée à la Covid-19. Même avant que les effets complets des tarifs ne se fassent sentir, les économies devraient ressentir l'impact d'une grande incertitude, les entreprises retardant leurs investissements et leurs plans d'embauche, et les ménages augmentant leur épargne de précaution", ajoute le rapport.
Au-delà des développements liés au commerce, le rapport attire l'attention sur des vulnérabilités économiques plus profondes qui se répartissent en trois catégories : les vulnérabilités réelles, telles que la faible croissance du potentiel de production ; les pressions fiscales ; et les vulnérabilités macro-financières liées aux changements structurels dans le système financier mondial.
"Ces vulnérabilités ne sont pas nouvelles, mais les turbulences récentes ont accru leur pertinence. Ils ont le potentiel d'amplifier les effets des chocs actuels et, dans certains cas, pourraient également générer des chocs eux-mêmes", lit-on dans le rapport.
