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LE SOMMET DU G20 SCRUTÉ PAR LES MEDIAS INTERNATIONAUX

2 Novembre 2021 15:26 (UTC+01:00)
LE SOMMET DU G20 SCRUTÉ PAR LES MEDIAS INTERNATIONAUX
LE SOMMET DU G20 SCRUTÉ PAR LES MEDIAS INTERNATIONAUX

La Gazette / Émile Mila

Les chefs d'État et de gouvernement des 20 pays les plus riches du monde se sont réunis le week-end dernier à Rome, pour discuter principalement des problèmes liés à l'économie mondiale et au réchauffement climatique, à quelques heures du lancement de la COP26 à Glasgow en Écosse.

Le sommet du G20 dans la capitale italienne a permis aux dirigeants de ces pays d'engager des mesures communes afin de "relever les défis mondiaux les plus urgents d'aujourd'hui et de converger vers des efforts communs pour mieux se remettre de la crise de la Covid-19 et permettre une croissance durable et inclusive dans nos pays et à travers le monde", pouvait-on lire dans le communiqué final du sommet [1].

La presse internationale qui a porté l'événement à la Une, a accordé un intérêt particulier aux initiatives validées par cette réunion ainsi qu'aux entretiens bilatéraux tenus par les dirigeants des 20 pays les riches du monde, tels que le président des États-Unis Joe Biden, la chancelière allemande Angela Merkel accompagnée de son vice-chancelier Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron, le premier ministre britannique Boris Johnson ou le président turc Recep Tayyip Erdogan,. Elle a aussi largement commenté les grands absences à ce sommet : le président russe Vladimir Poutine et le chef d'État chinois Xi Jinping, qui ont pris part aux réunions par visioconférence.



Questions liées à la sécurité du sommet de Rome

Le quotidien américain « The New York Times », a publié plusieurs dizaines d'articles sur la réunion de Rome. Il s'est notamment focalisé, à l'ouverture du sommet, sur les questions liées à la sécurité de l'événement [2].

Rappelant la mort d'un manifestant lors d'un sommet du G8 qui s’était tenu à Gênes (Nord de l'Italie) en 2001, le journal new-yorkais notait que le gouvernement italien avait cette fois "déployé un vaste appareil sécuritaire" afin d'éviter que les manifestations prévues dans la capitale italienne ne tournent à l'émeute et à des affrontements avec les forces de sécurité, comme ce fut le cas il y a 20 ans.

"Plus de 5 000 agents supplémentaires des forces de l'ordre ont été mobilisés. Des véhicules spéciaux patrouillent pour détecter les substances toxiques. Dans le ciel, des drones militaires et des systèmes de lutte contre les drones malveillants bourdonnent au-dessus de nos têtes tandis que des hélicoptères patrouillent dans une zone d'exclusion aérienne", rapportait le New York Times depuis Rome.

"Chaque nation apporte aussi sa propre sécurité. Lorsque le président [américain] Biden s'est rendu au Vatican pour une réunion avec le pape François vendredi, il a traversé la large Via della Conciliazione avec un cortège de plus de 80 voitures, dont beaucoup étaient lourdement armées et dotées de personnel militaire", précisait le quotidien américain ajoutant que "la sécurité autour des ambassades est extrêmement stricte", alors qu'"une vaste zone de « haute sécurité » a été érigée autour du centre de conférence où se déroule le sommet".



La question climatique au centre des conclusions du sommet

Le quotidien britannique « The Guardian » a également porté le sommet du G20 à sa Une en s’interessant plus particulièrement aux conclusions de cette réunion [3], et en rappelant que le "changement climatique, la fiscalité, l'économie mondiale, l'aide et les vaccins Covid étaient tous à l'ordre du jour alors que les dirigeants se réunissaient pour la première fois en deux ans", du fait de la pandémie de coronavirus affectant tous les pays du monde.

"Les dirigeants se sont engagés à atteindre l'objectif clé de l'Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, se sont [également] engagés à agir contre les centrales au charbon, mais n'ont pas atteint l'objectif de zéro émission", notait le quotidien britannique ajoutant que les chefs d'État et de gouvernement "se sont également engagés à atteindre un objectif de zéro émission nette de carbone « d'ici au milieu du siècle ou vers le milieu du siècle », au lieu de fixer une date claire à 2050, comme l'espéraient les militants et l'hôte du sommet, l'Italie".

The Guardian rapportait aussi que les dirigeants "ont accepté de cesser de financer de nouvelles centrales au charbon à l'étranger d'ici à la fin de 2021, et ont réaffirmé l'engagement non tenu jusqu'à présent de mobiliser 100 milliards de dollars pour les pays en développement pour les coûts d'adaptation au climat".

Le quotidien britannique soulignait enfin que "les dirigeants ont pour la première fois reconnu « l'utilisation de mécanismes de tarification du carbone et d'incitations » comme un outil potentiel contre le changement climatique, tout comme le Fonds monétaire international (FMI) appelle les pays les plus polluants à s'engager dans cette voie en fixant un prix minimum au carbone".



Validation d'une "réforme fiscale historique"

Les grands titres des médias français, tels que « Le Monde » et « Le Figaro » ont également mis le sommet du G20 de Rome à la Une, alors que la chaîne publique française d'information « France 24 » rapportait, elle aussi, les conclusions majeures de la réunion.

Notant que "le G20 patine sur le climat", France 24 rapportait que le sommet avait approuvé une "réforme fiscale historique" [1].

"C'était la seule certitude d'avancée concrète pour ce sommet : la fiscalité. Les dirigeants du G20 réunis à Rome, jusqu'à dimanche, ont approuvé samedi 30 octobre, l'accord historique sur une réforme de la taxation internationale, qui ambitionne de mettre fin aux paradis fiscaux en instaurant un impôt mondial minimal de 15 % sur les bénéfices des multinationales", notait le média francophone rappelant que "cet accord avait été conclu début octobre sous l'égide de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] par 136 pays, qui représentent plus de 90 % du PIB mondial. La réforme devrait permettre à ces pays de dégager environ 150 milliards de dollars de recettes supplémentaires par an", précisait le média public français.

Rappelant que "le climat est au cœur des discussions" du sommet du G20, France 24 ajoutait que "les chefs d'État et de gouvernement partiront à Glasgow [pour la réunion de la COP26] à peine la réunion du G20 achevée, dimanche, à Rome", alors que "leur capacité à s'entendre ce week-end sur des engagements forts pour le climat n'est pas garantie", selon le média français.



"Des journalistes agressés par les agents de sécurité de Bolsonaro à Rome"

La presse outre-Rhin comme le média public allemand « Deutsche Welle » (DW) a largement couvert les débats et conclusions des réunions tenues dans la capitale italienne.

Dans un article publié lundi [5], DW s'est notamment focalisé sur l'agression de journalistes brésiliens couvrant le sommet, par les agents de sécurité du président brésilien Jair Bolsonaro.

Rapportant que "les gardes du corps de Jair Bolsonaro ont attaqué des journalistes qui suivaient le président alors qu'il marchait dans les rues de Rome pour parler à ses partisans", le média allemand a noté que "les journalistes ont déclaré qu'ils déposeraient une plainte auprès de la police".

DW affirmait également que "Bolsonaro entretient des relations hostiles avec la presse et accuse depuis longtemps les journalistes de publier de fausses informations et de le traiter injustement", le média allemand a précisé que "les attaques présumées ont eu lieu alors que le président d'extrême droite était dans les rues de la capitale italienne dimanche [...] et rencontrait des Brésiliens vêtus du maillot de l'équipe nationale".

Notant qu'ils protestaient "bruyamment" contre "sa mauvaise gestion de la crise des coronavirus au Brésil", DW ajoutait que "certains la qualifiait de « génocidaire ».

Dans d'autres articles traitant du sommet du G20, le média public allemand ra rapporté les entretiens bilatéraux de la chancelière allemande Angela Merkel accompagnée du vice-chancelier Olaf Scholz, alors que Merkel achevait son dernier mandat à la tête du gouvernement fédéral.



Focus de la presse internationale sur les entretiens bilatéraux

La rencontre du président français Emmanuel Macron avec son homologue américain Joe Biden était au centre du focus médiatique, notamment dans le contexte de la crise diplomatique liée à l'annulation du contrat de vente de sous-marins par la France à l'Australie, en faveur des États-Unis.
La presse anglo-saxonne et française titrait la réconciliation entre Paris et Washington alors que les deux présidents mettaient en scène ce réchauffement des relations franco-américaines.
La presse anglaise et française s'attardait également sur la crise diplomatique affectant la relation franco-britannique dans le contexte de l'application de l'accord post-Brexit de Londres avec l'Union européenne (UE), notamment du contentieux sur les autorisations de pêche accordées par Londres aux pêcheurs français dans la Manche, notamment autour de l'île de Jersey, dépendante de la couronne britannique.
La presse française s'est également attardé sur la rencontre Erdogan-Macron alors que les chefs d'État turc et français sortent d'une période de crise diplomatique. Macron et Erdogan affichaient une certaine sérénité retrouvée dans la relation franco-turque.
La presse turque s'intéressait davantage à l'entretien Erdogan-Biden et la volonté du président turc de régler le contentieux opposant Washington à Ankara sur la vente des avions de chasse américains F-35 bloquée il y a deux ans par le Congrès américain alors qu'Ankara achetait le système russe de défense anti-aérienne S-400.
Le président turc, de retour dimanche dans son pays, rappelait que les États-Unis avaient refusé de vendre à la Turquie le système américain de défense anti-aérienne « Patriot », ce qui avait mené le partenaire dans l'OTAN à chercher des alternatives avec d'autres acteurs mondiaux de la défense, tels que la Russie.









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Notes :

[1] Communiqué final du Sommet 2021 du G20 à Rome (en anglais)
https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/documents/meetingdocument/wcms_826035.pdf

[2] "Italy deploys a vast security apparatus, hoping to avoid a repeat of past chaos" - (en anglais) The New York Times - 30 octobre 2021
https://www.nytimes.com/2021/10/30/world/europe/g20-summit-rome-security.html

[3] "G20: what did world leaders agree at the summit in Rome?" (en anglais) - The Guardian - 1e novembre 2021
https://www.theguardian.com/world/2021/nov/01/g20-what-did-world-leaders-agree-at-the-summit-in-rome

[4] "Le G20 approuve une réforme fiscale historique, mais patine sur le climat" - France 24 - 30 octobre 2021
https://www.france24.com/fr/europe/20211030-%C3%A0-la-veille-de-la-cop26-le-climat-au-centre-des-discussions-au-g20

[5] "Reporters attacked by Bolsonaro's security agents in Rome" (en anglais) - Deutsche Welle - 1e novembre 2021
https://www.dw.com/en/reporters-attacked-by-bolsonaros-security-agents-in-rome/a-59681718

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