L'ESTONIE ACCUSE LA RUSSIE DE CAPTURER UN PÉTROLIER EN DÉPIT DE L'ACCORD SUR L'ITINÉRAIRE DE TRANSIT
Paris / La Gazette
L'Estonie a accusé la Russie de détenir illégalement un pétrolier battant pavillon libérien qui a quitté le port estonien de Sillamäe et transitait dans les eaux territoriales russes le long d'une route de navigation préalablement convenue.
Dans un communiqué publié dimanche, le ministère des Affaires étrangères estonien a déclaré que le pétrolier Green Admire suivait une route convenue par l'Estonie, la Russie et la Finlande. Malgré cet arrangement, le navire aurait été arrêté par les autorités russes.
Pour prévenir des incidents similaires, l'Estonie a annoncé qu'elle redirigera désormais le trafic maritime vers et depuis Sillamäe par des routes qui restent entièrement dans ses propres eaux territoriales.
"L'incident d'aujourd'hui montre que la Russie continue de se comporter de manière imprévisible", a estimé le ministre des Affaires étrangères Margus Tsahkna. "J'ai également informé nos alliés de l'incident', a-t-il ajouté, en faisant référence aux membres de l'OTAN.
Selon l'Estonian Public Broadcasting (EPB), le pétrolier — appartenant à la société grecque Aegean Shipping — transportait une cargaison de pétrole de schiste vers Rotterdam aux Pays-Bas. Le média a noté que de tels incidents ne s'étaient pas produits auparavant.
Les navires partant de Sillamäe transitent généralement par les eaux russes pour éviter les zones côtières peu profondes de l'Estonie, qui présentent des risques de navigation pour les grands navires. Cette route, coordonnée entre la Russie, l'Estonie et la Finlande, ne respecte pas les frontières nationales. Le Green Admire respectait apparemment cet accord au moment de sa détention.
L'incident survient dans un contexte de tensions maritimes croissantes. Quelques jours plus tôt, la marine estonienne avait tenté d'intercepter un navire sans pavillon soupçonné d'appartenir à la soi-disant "flotte fantôme" de la Russie. En réponse, Moscou a déployé un chasseur qui a violé l'espace aérien estonien en escortant le navire.
La flotte fantôme de la Russie a été utilisée pour contourner les sanctions occidentales et continuer à exporter du pétrole brut — une préoccupation persistante depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Les relations diplomatiques entre l'Estonie et la Russie se sont fortement détériorées depuis l'invasion. L'Estonie, membre de l'OTAN et fervent soutien de l'Ukraine, a rejoint d'autres nations européennes pour sanctionner Moscou et expulser les diplomates russes au début de 2022.
En janvier 2023, l'Estonie a expulsé 21 diplomates et membres du personnel technique russes, exhortant les autres pays de l'UE à en faire de même. La Russie a riposté en abaissant les relations diplomatiques et en expulsant l'ambassadeur d'Estonie, ce qui a incité Tallinn à répondre par une mesure réciproque.
L'Estonie a également interdit certains médias russes et mis en place des contrôles frontaliers stricts. En coordination avec la Lettonie, la Lituanie et la Pologne, l'Estonie a interdit l'entrée aux citoyens russes titulaires de visas Schengen en septembre 2022.
