L'IMPORTANCE DU PROJET DE CÂBLE SOUS LA MER NOIRE POUR ACHEMINER VERS L'EUROPE L'ÉLECTRICITÉ VENUE D'AZERBAÏDJAN
Paris / La Gazette
La crise à laquelle l'Europe est confrontée en raison de sa forte consommation d'énergie et de son incapacité à approvisionner le marché intérieur avec sa propre électricité l'oblige à rechercher des sources d'énergie alternatives. L'Union européenne (UE), dont la demande d'énergie ne correspond pas à sa population et qui souffre de pénuries d'énergie, met en œuvre de nouveaux projets à cette fin.
De plus, le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne n'a pas laissé de côté la crise énergétique en Europe et a, dans une certaine mesure, accéléré la réalisation de ces projets. L'un de ces projets est le projet d'un câble électrique sous-marin sous la mer Noire (The Black Sea Energy Submarine Cable), qui fait partie de la stratégie « Global Gateway ». Afin de réaliser ce projet, un accord de partenariat stratégique a été signé en décembre 2022 à Bucarest avec la participation de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, du président roumain Klaus Iohannis, du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, du premier ministre hongrois Viktor Orban et du premier ministre géorgien Irakli Garibashvili. Le projet vise à fournir de l'énergie verte et renouvelable en sous-sol à la Roumanie via l'Azerbaïdjan, un pays du Caucase situé sur les rives de la mer Caspienne, et la Géorgie, qui dispose d'un accès direct à la mer Noire, contribuant ainsi à réduire la dépendance énergétique de l'Europe à l'égard de la Russie. Le projet dispose d'un budget initial de 2,3 milliards de dollars et devrait être opérationnel à partir de 2029. Comme l'a martelé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ce projet rapprochera les pays de l'UE de leurs partenaires du Caucase du Sud.
Selon Felix Chang, expert du programme Asie de l'Institut américain de recherche sur la politique étrangère, le câble électrique sous-marin sous la mer Noire peut stabiliser et réduire les coûts de production d'électricité dans le Caucase et en Asie centrale.
« Les gouvernements des deux régions auraient plus de facilité à s'industrialiser et peut-être à attirer des investissements directs étrangers si les prix de la production d'électricité étaient plus fiables et moins élevés », a estimé M. Chang dans un entretien accordé à notre publication.
Et d'ajouter : « Toutefois, pour que les avantages se matérialisent dans un avenir prévisible, Bruxelles devra consacrer davantage d'attention et de ressources au câble sous-marin de la mer Noire et à la stratégie "Global Gateway"».
Par ailleurs, M. Chang considère que Bruxelles serait intéressée par l'implication des pays d'Asie centrale dans l'exploitation de ce câble sous-marin d'énergie de la mer Noire.
« Toutefois, je ne pense pas que Bruxelles soit concrètement prête à étendre son initiative "Global Gateway", qui traverse la mer Caspienne, à l'Asie centrale à l'heure actuelle", explique-t-il.
L'expert souligne également que l'UE n'a pas encore engagé de financement significatif pour l'initiative, même pour le Caucase, et qu'il est peu probable que ce financement soit achevé avant que l'étude technique pour le câble sous-marin d'énergie de la mer Noire ne soit terminée.
L'Azerbaïdjan et la Géorgie ont déjà prouvé à quel point ils sont des partenaires importants dans des projets vitaux pour l'Europe en réalisant un certain nombre de projets régionaux dans le domaine de l'énergie et des transports, notamment le projet Bakou-Tbilissi-Jeyhan. Il ne fait aucun doute qu'après le rétablissement d'une paix et d'une coopération stables dans le Caucase du Sud, l'autre pays de cette dernière région, l'Arménie, qui est actuellement exclue du projet, devrait s'y associer. Les trois pays caucasiens disposent d'un potentiel suffisant en matière d'énergies alternatives, ce qui fait du Caucase du Sud une région extrêmement importante pour l'Europe.
L'expérience des dernières décennies montre que la Russie est un partenaire peu fiable en termes de commerce énergétique durable, et la dépendance stratégique vis-à-vis des produits énergétiques russes peut entraîner des résultats désastreux pour l'Europe à tout moment. À cet égard, l'entrée du Caucase du Sud sur les marchés européens de l'énergie en tant qu'acteur alternatif revêt une importance stratégique pour les autorités bruxelloises. À l'avenir, si les pays de la côte Est de la mer Caspienne (principalement le Kazakhstan et le Turkménistan) rejoignent ce projet, la quantité d'électricité que l'UE recevra à partir de sources d'énergie alternatives augmentera encore.