RESERVE D’AVEY : UN TRESOR DU PATRIMOINE SPIRITUEL ET ARCHITECTURAL
Paris / La Gazette
Un voyage à travers l’histoire
L’Azerbaïdjan, antique terre de civilisation, recèle d’innombrables monuments historiques et architecturaux, témoins vivants de siècles d’histoire et de spiritualité. Temples majestueux, forteresses anciennes, villages disparus et sanctuaires naturels uniques y composent un paysage d’une richesse exceptionnelle. Parmi ces joyaux, la réserve historique et culturelle d’État d’Avey occupe une place toute particulière.
Un lieu où se mêlent nature et histoire
S’étendant sur 3 613 hectares, la réserve d’Avey se distingue par l’harmonie entre son patrimoine naturel et son héritage historique. Elle comprend trois secteurs principaux — Damjili, Goyazan et Yukhari-Askipara — qui invitent chacun à un véritable voyage à travers les siècles.
Son cœur spirituel est le mont Avey, l’un des sommets du Petit Caucase. Sur ses pentes et à son sommet subsistent une trentaine de grottes et sanctuaires, ainsi qu’un temple albanien exceptionnel, daté du Ve au VIIe siècle. Culminant à 922 mètres d’altitude, ce temple fascine par son architecture et son implantation spectaculaire.
Un chef-d’œuvre de l’architecture de l’Albanie du Caucase
De l’extérieur, l’édifice présente une forme rectangulaire, tandis que son intérieur adopte un plan ovale-circulaire. Les fenêtres étroites et allongées apportent une lumière tamisée, créant une atmosphère propice à la prière.
Le temple se compose de deux nefs construites à partir de pierres locales. La partie nord est voûtée, tandis que la partie sud se termine par un dôme conique. Les murs, érigés en pierre galtan et en galets de rivière, et la toiture, recouverte de tuiles cuites, témoignent d’un savoir-faire architectural remarquable.
Les décorations intérieures, d’un grand intérêt pour les chercheurs, reflètent la richesse artistique de l’Albanie du Caucase et la fusion des influences chrétiennes, gréco-romaines et préchrétiennes.
Le symbolisme du mont Avey
Le nom même de la montagne porte une dimension mystique. En azéri, « Aveydagh » dériverait de « Ayevdag », signifiant « la montagne où la Lune réside ». Le géographe grec Strabon mentionnait déjà le culte de la Lune pratiqué par les anciens Albaniens. Ce culte se retrouve également chez les peuples turciques anciens, qui vénéraient « Ay-Tengri », la divinité lunaire.
L’historien Giyaseddin Geybullayev avance que le temple aurait pu être consacré à Séléné, déesse grecque de la Lune, et que le mot « Avey » signifiait autrefois « Maison de la Lune ». La construction d’un temple chrétien sur un lieu déjà sacré témoigne ainsi d’une continuité spirituelle millénaire.
Témoins du passé : le cimetière et les fouilles archéologiques
À proximité du temple s’étend un ancien cimetière, orné de stèles massives décorées de motifs symboliques : le lotus, emblème des Albaniens, et la rosace à huit pétales, symbole solaire.
Des fouilles archéologiques menées entre 2023 et 2024 sous la direction du professeur Shamil Najafov ont permis d’approfondir la connaissance du site. À l’intérieur du temple et dans ses environs, les chercheurs ont découvert des sépultures chrétiennes, dont l’une contenait un squelette accompagné d’une pointe de flèche. Une autre tombe a livré une pièce de cuivre frappée à Tabriz en 1265, sous le règne d’Abaqa Khan, portant une croix chrétienne et l’inscription : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Dieu unique. » Au total, 34 tombes ont été recensées dans l’enclos de l’église.
Les grottes : refuges et ermitages
Au pied du mont Avey s’ouvrent une dizaine de grottes naturelles et artificielles. Habitées à différentes époques, elles servirent tour à tour de refuges, de demeures et, plus tard, de cellules monastiques où des moines cherchaient la solitude et la prière.
Un joyau du patrimoine azerbaïdjanais
La réserve historique et culturelle d’État d’Avey n’est pas qu’un site archéologique. Elle est un pont entre passé et présent, entre spiritualité et nature, entre histoire et légende. Véritable joyau du patrimoine culturel de l’Azerbaïdjan, elle mérite la plus grande attention, une préservation rigoureuse, et une reconnaissance internationale accrue.
