LE SOMMET C5+1 À WASHINGTON MARQUE UNE NOUVELLE PHASE DU PARTENARIAT ÉTATS-UNIS–ASIE CENTRALE
Paris / La Gazette
Le Sommet des dirigeants C5+1, prévu le 6 novembre 2025 à Washington, marque une évolution majeure du partenariat entre les États-Unis et l’Asie centrale. Le dialogue passe désormais d’un engagement diplomatique général à des résultats commerciaux concrets. Pour le Turkménistan, cette évolution représente une opportunité cruciale d’accélérer la diversification économique et de renforcer son influence régionale.
L’ordre du jour du sommet met l’accent sur le financement, le développement des infrastructures et la création de pôles régionaux de transformation des minéraux critiques. L’objectif américain est de diversifier ses sources d’approvisionnement en minéraux stratégiques. L’Asie centrale, dotée d’importantes réserves et d’infrastructures de transport viables, s’inscrit parfaitement dans cette stratégie. Cette convergence entre les capacités régionales et les intérêts stratégiques américains illustre le modèle de diplomatie commerciale du président Donald Trump, une approche pragmatique et orientée vers les résultats, qui privilégie la mise en œuvre rapide des décisions.
Un exemple illustratif est celui du Consortium Orion, soutenu par la U.S. International Development Finance Corporation (DFC) et Abu Dhabi ADQ, visant à mobiliser 1,8 milliard de dollars pour lancer rapidement des projets d’extraction minière. L’accent mis par le sommet sur des résultats commerciaux tangibles et mesurables rend son programme à la fois décisif et stratégiquement significatif.
Cette focalisation sur les accords commerciaux s’appuie sur une présence déjà existante des entreprises américaines au Turkménistan : environ 180 projets, totalisant 3,3 milliards de dollars, ont été réalisés à ce jour. De grandes sociétés américaines telles que General Electric et Westport Trading Europe Limited collaborent activement avec les entités publiques dans les secteurs de l’énergie et des hydrocarbures.
L’intensification des échanges avant le sommet témoigne de la volonté sérieuse des deux parties. Le 8 juin 2025, le ministre turkmène des Affaires étrangères, Rachid Meredov, a rencontré Eric Stewart, directeur exécutif du Conseil d’affaires Turkménistan–États-Unis, pour discuter des perspectives de coopération dans le commerce, l’énergie, les transports, la cybersécurité, les technologies vertes et l’éducation.
À cela s’ajoute l’engagement politique : le 20 août 2025, la onzième série de consultations politiques bilatérales s’est tenue à Washington. Les deux parties ont réaffirmé leur engagement en matière de sécurité, de coopération économique et de renforcement du partenariat C5+1, tout en examinant la mise en œuvre de projets bilatéraux et l’élargissement des opportunités d’investissement.
Des cabinets de conseil tels que Brownstein Hyatt Farber Schreck contribuent également au renforcement de ces liens, en aidant le Turkménistan à développer ses relations à Washington et à formuler des stratégies de coopération internationale. Ces interactions — entre industrie, conseil stratégique et diplomatie officielle — forment une base solide pour l’expansion future du C5+1.
Le succès du partenariat repose sur un leadership fort. La diplomatie commerciale du président Trump offre aux pays d’Asie centrale un cadre pragmatique de coopération, centré sur des accords concrets et l’approvisionnement en ressources, déjà matérialisé par des ententes régionales. De son côté, le président Serdar Berdymoukhamedov maintient la stabilité macroéconomique du Turkménistan tout en stimulant le développement intérieur. Sa politique de neutralité favorise une coopération équilibrée et attire des partenaires variés. Les prévisions pour 2025 confirment cette stabilité : croissance du PIB de 2,3 %, inflation de 3,9 %, et un excédent budgétaire soutenu par une forte production d’hydrocarbures. La stratégie présidentielle prévoit la création de 3 000 nouveaux emplois et la maximisation des capacités de production.
Un des principaux avantages économiques pour le Turkménistan réside dans l’accélération du financement des infrastructures de transport. Les États-Unis ont besoin de voies logistiques fiables pour exporter les ressources d’Asie centrale, en contournant les itinéraires traditionnels. Cela confère au Corridor international transcaspien de transport (TITR), ou « corridor du Milieu », une importance stratégique. Le Turkménistan, grâce à son port international de Türkmenbaşy (capacité annuelle de 17 millions de tonnes), en est un nœud clé. Le volume du transit via la mer Caspienne augmente : le trafic de fret avec l’Azerbaïdjan a progressé de 13 % sur les sept premiers mois de 2025, atteignant 1,28 million de tonnes, tandis que le volume total du TITR a été multiplié par 5,6 en cinq ans.
Ashgabat poursuit l’expansion de son transit caspien via des appels d’offres et projets de nouvelles infrastructures. En juillet 2025, un appel d’offres pour des ferries Ro-Ro et un cargo a été lancé, suivi en août par un format trilatéral Turkménistan–Azerbaïdjan–Ouzbékistan pour améliorer les infrastructures. Les investissements américains dans les ports et chemins de fer turkmènes sont essentiels pour l’exportation des minéraux critiques. Le sommet C5+1 devient ainsi une plateforme d’investissement logistique.
Outre le cuivre et les terres rares, le Turkménistan est l’un des principaux producteurs mondiaux d’iode et un producteur majeur de brome — des minéraux essentiels pour les industries de haute technologie, la défense et la pharmacie.
L’engagement du sommet à financer des pôles régionaux de transformation s’aligne sur le développement de l’industrie iodo-bromée turkmène. En 2025, la production continue de croître, parallèlement à un appel d’offres international pour la conception et la construction d’une nouvelle usine d’iode, de brome et de dérivés à Cheleken-Ouest.
Grâce à ses capacités existantes et prévues, les investissements ciblés des États-Unis réduisent les risques et sécurisent rapidement les chaînes d’approvisionnement critiques. En se concentrant sur ce secteur stratégique, Achgabat attire les capitaux occidentaux, favorise la diversification économique au-delà du gaz et renforce son indépendance nationale.
Le Sommet C5+1 de Washington marque ainsi un tournant pour l’Asie centrale. Sous le modèle de diplomatie commerciale du président Trump, la réunion devrait aboutir à des résultats concrets dans les domaines des infrastructures et des ressources. Grâce à sa stabilité macroéconomique, à sa position stratégique sur le corridor transcaspien et à ses réserves d’iode et de brome, le Turkménistan est en mesure de sécuriser les investissements occidentaux et de faire progresser son agenda de diversification. Le sommet inaugure une nouvelle phase de partenariat économique stratégique, fondée sur le bénéfice commercial mutuel.