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Gandja, cité millénaire au pied du Petit Caucase

15 Avril 2020 15:45 (UTC+01:00)
Gandja, cité millénaire au pied du Petit Caucase
Gandja, cité millénaire au pied du Petit Caucase

Bakou, 14 avril 2020 (par Nazrin Mammadova, correspondante lagazetteaz.fr)

Deuxième plus grande ville d’Azerbaïdjan et centre de la région historique d’Arran, Gandja, ancienne capitale du Khanate éponyme, était une étape incontournable de la légendaire Route de la soie. Située dans la plaine de Gandja-Kazakh, au pied du Petit Caucase (Caucase mineur), à 442 m d’altitude et sur les bords la rivière Gandjachay (bassin de la Koura), la ville est lovée dans un écrin de verdure fait de jardins chatoyants et odoriférants et de vignes ondoyantes. Au début du XXe siècle, la ville fut rebaptisée Elizavetpol, puis Kirovabad dans les années soviétiques. Il aura fallu attendre 1989 pour que la cité reprenne son patronyme d’origine, Gandja. L’étymologie du nom « Gandja » reste encore un mystère. Différentes opinions s’affichent quant à l’interprétation correcte de ce toponyme. Cependant, « Gandja » (« Djanza » pour les Arabes et « Gandza » pour les Géorgiens) était autrefois perçu comme un terme pahlavi (moyen perse) signifiant « trésor » ou encore « lieu de stockage de la récolte ».

Selon des données récentes, Gandja aurait plus de 2 500 ans. Pendant des siècles, la cité a joué un rôle important dans l’histoire et la vie du pays. En 1918, à l’instauration de l’éphémère République démocratique d'Azerbaïdjan, elle en fut même la capitale pendant trois mois… Centre politique d’importance, Gandja fut, à maintes reprises, capitale des divers khanats et principautés dont elle faisait partie. Conquise par les Perses, les Arabes, les Khazars ou encore les Tatars, la cité a enduré de nombreuses épreuves, théâtre de guerres intestines et de batailles sanglantes, ruinée par l’envahisseur. En 1138, la ville a même été totalement détruite par séisme. Mais la ville n’avait pas l’habitude d’abandonner ! Ses habitants ont retroussé leurs manches et ont reconstruit leur ville à proximité des ruines. Tel le phénix renaissant de ses cendres, Gandja s’est toujours relevée et a traversé les âges jusqu’à nos jours…

De tout temps, Gandja s’est révélé être une ville développée et prospère. Non seulement éminent centre politique (résidence des khans de Gandja), la cité se trouve avoir été une place commerciale et artisanale de Transcaucasie remarquable. Les meilleurs artisans y ont vécu et travaillé, fabricant de merveilleuses poteries, des céramiques, des tapis, des bijoux… Aujourd’hui, de nombreuses pièces sont conservé dans les musées azerbaïdjanais. Haut lieux de sériciculture, de filage et de tissage, la ville s’est également spécialisée, dès les premières heures, à la production du verre. Mais Gandja a également acquis ses lettres de noblesse dans le domaine agricole, et plus précisément dans la production de fruits. Grenades, pêches, raisins ou encore noix ont largement contribué à la réputation de la ville.

Cité antique, Gandja est l’un des plus anciens centres culturels d’Azerbaïdjan. La talentueuse poétesse Mahsati (1089-1181) y a vécu et s’est inspirée de sa vie à la cour du sultan pour écrire ses merveilleux rubayat (quatrains). Le célèbre poète Mirza Shafi Vazeh (1796-1852), professeur du penseur, philosophe et démocrate Mirza Fatali Akhundov (1812-1878), est également né à Gandja.

Mais Gandja est surtout le berceau de l’illustre poète azerbaïdjanais Nizami Gandjavi (1141-1209), auteur de « Sept beautés », appartenant aujourd’hui au patrimoine national de l’Azerbaïdjan. Sa tombe, située à la périphérie de la ville, est un lieu de pèlerinage, voire même un lieu culte pour tous les poètes.

Aujourd’hui, la ville ancienne de Gandja est un site touristique qui attire les voyageurs du monde entier. D’autant plus qu’elle tient également sa renommée de sa participation active au projet de restauration de la route commerciale « la grande route de la soie ». La ville grouille de monuments architecturaux, parmi lesquels, entre autres, on trouve les grands et petits ponts du XIIe siècle, le palais du sultan Darus (XIIe siècle), des tours, une grande mosquée, des écoles coraniques (madrassa), des bains, des caravansérails… Mais aussi le complexe de bâtiments Imamzadeh (XVIe siècle), superbe édifice surmonté de coupoles bleues construit comme mausolée de l’Imam Badjira ibn Ibrahim, ou encore l’église d’Alexandre Nevski (aujourd’hui théâtre de marionnettes), etc. Et, faisant face à l’un des nombreux parc de la ville, se dresse fièrement la bâtisse du parlement de la première République démocratique d’Azerbaïdjan.

Aujourd’hui, Gandja est une belle ville moderne, caractérisée par une planification raisonnée, tournée vers une architecture résolument moderne incluant des éléments architecturaux azerbaïdjanais traditionnels, tels que les encadrements de pierre blanche, de tuf coloré ou de verre.

Venir à Gandja :

L’aéroport international de Gandja assure des liaisons avec Nakhichevan City, Istanbul, Kiev, Moscou, Saint-Pétersbourg et Krasnoïarsk.

Plusieurs liaisons ferroviaires quotidiennes Bakou-Gandja sont assurées ; pour un tarif raisonnable (environ 17 €), il faudra entre 3h45 et 6h48 pour avaler les 361 km qui séparent les deux villes.

Enfin, solution la moins onéreuse (environ 5 à 7 euros), le bus mettra environ 6h30 pour rallier Gandja à partir de Bakou.

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