LA RÉCESSION HIVERNALE DE LA ZONE EURO MENACE ALORS QUE L'INFLATION S'ACCROCHE
Paris / La Gazette
L'économie de la zone euro entrera en récession pendant l'hiver et connaîtra une croissance inférieure aux prévisions l'année prochaine, a déclaré vendredi la Commission exécutive de l'Union européenne.
Cet avertissement intervient alors que le pic d'inflation se prolonge plus longtemps que prévu et que les coûts élevés des carburants et du chauffage érodent le pouvoir d'achat des consommateurs.
Les prévisions d'automne de la Commission européenne publiées vendredi prévoient une baisse de la production économique au cours des trois derniers mois de cette année et des premiers mois de 2023.
Selon ces prévisions, les prix élevés de l'énergie, l'augmentation du coût de la vie, la hausse des taux d'intérêt et le ralentissement du commerce mondial « devraient faire basculer l'UE, la zone euro et la plupart des États membres dans la récession au cours du dernier trimestre de l'année. »
La prévision de croissance pour l'ensemble de l'année 2023 a été abaissée à 0,3 %, contre 1,4 % prévu dans les précédentes prévisions de juillet.
« L'économie de l'UE est à un tournant », a déclaré Paolo Gentiloni, commissaire à l'économie de l'UE.
« Après un premier semestre étonnamment fort, l'économie de l'UE a perdu son élan au troisième trimestre et les données d'enquête récentes indiquent une contraction pour l'hiver », a-t-il précisé aux journalistes à Bruxelles. « Les perspectives pour l'année prochaine se sont considérablement affaiblies ».
La plus mauvaise performance de l'année prochaine sera probablement l'Allemagne, la plus grande économie d'Europe et l'une des plus dépendantes du gaz naturel russe avant la guerre en Ukraine. L'Allemagne devrait voir sa production diminuer de 0,6 % au cours de l'année prochaine.
Les prix du gaz et de l'électricité ont grimpé en flèche depuis que la Russie a réduit ses livraisons à l'Europe à un simple filet de ce qu'elles étaient avant l'invasion de l'Ukraine.
Les responsables européens estiment que ces réductions sont une guerre énergétique menée par la Russie pour punir les pays membres de l'UE de leur soutien à l'Ukraine, tandis que le fournisseur public Gazprom a invoqué des raisons techniques et le refus de certains clients de payer le gaz en roubles.
L'inflation culminera plus tard que prévu, vers la fin de l'année, et portera le taux moyen à 8,5 % pour 2022 et à 6,1 % pour 2023 dans la zone euro. Il s'agit d'une révision à la hausse de près d'un point de pourcentage pour 2022 et de plus de deux points pour 2023.
Deux trimestres consécutifs de baisse de la production constituent une définition commune de la récession, bien que les économistes du comité de datation du cycle économique de la zone euro utilisent un ensemble plus large de données, notamment les chiffres de l'emploi.
« Nous approchons de la fin d'une année au cours de laquelle la Russie a projeté une fois de plus l'ombre noire de la guerre sur notre continent », a estimé M. Gentiloni.
Toutefois, hormis la récession technique attendue, le taux de chômage, le déficit et la dette agrégés ou la balance courante de la zone euro ne se détérioreront pas beaucoup, voire pas du tout, selon les prévisions.
La Commission a indiqué que le marché de l'emploi devrait se maintenir relativement bien malgré la baisse de la production au cours de l'hiver, prévoyant une augmentation du taux de chômage de 6,8 % cette année à 7,2 % l'an prochain, puis une baisse à 7 % en 2024.
« L'économie de l'UE a fait preuve d'une grande résilience face aux ondes de choc que cela a provoqué. Pourtant, la flambée des prix de l'énergie et l'inflation galopante font maintenant sentir leurs effets et nous sommes confrontés à une période très difficile sur le plan social et économique », a poursuivi M. Gentiloni.
