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"LE MONDE TRAVERSE SA PREMIÈRE CRISE ÉNERGÉTIQUE MONDIALE", SELON LE CHEF DE L'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ÉNERGIE

26 Octobre 2022 12:33 (UTC+01:00)
"LE MONDE TRAVERSE SA PREMIÈRE CRISE ÉNERGÉTIQUE MONDIALE", SELON LE CHEF DE L'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ÉNERGIE
"LE MONDE TRAVERSE SA PREMIÈRE CRISE ÉNERGÉTIQUE MONDIALE", SELON LE CHEF DE L'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ÉNERGIE

Paris / La Gazette

Le resserrement des marchés du gaz naturel liquéfié (GNL) dans le monde et la réduction de l'offre par les principaux producteurs de pétrole ont placé le monde au cœur de « la première crise énergétique véritablement mondiale », a déclaré mardi le directeur de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

L'augmentation des importations de GNL en Europe dans le contexte de la crise ukrainienne et un rebond potentiel de l'appétit chinois pour ce combustible vont resserrer le marché, car seulement 20 milliards de mètres cubes (mmc) de nouvelles capacités de GNL seront mises sur le marché l'année prochaine, a déclaré le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, lors de la semaine internationale de l'énergie à Singapour.

Dans le même temps, la récente décision de l'OPEP et de ses alliés, connus sous le nom d'OPEP+, de réduire leur production de 2 millions de barils par jour (bpj) est une décision « risquée » car l'AIE prévoit une croissance de la demande mondiale de pétrole de près de 2 millions de bpj cette année, a souligné M. Birol.

« (Elle est) d'autant plus risquée que plusieurs économies dans le monde sont au bord de la récession, si l'on parle de la récession mondiale ... Je trouve cette décision vraiment malheureuse », a-t-il déclaré.

La flambée des prix mondiaux de plusieurs sources d'énergie, dont le pétrole, le gaz naturel et le charbon, frappe les consommateurs alors qu'ils doivent déjà faire face à l'inflation croissante des denrées alimentaires et des services. Les prix élevés et la possibilité de rationnement sont potentiellement dangereux pour les consommateurs européens qui se préparent à entrer dans l'hiver de l'hémisphère nord.

L'Europe pourrait passer cet hiver, bien que quelque peu malmenée, si le temps reste doux, a déclaré M. Birol.

« A moins que nous ayons un hiver extrêmement froid et long, à moins qu'il y ait des surprises par rapport à ce que nous avons vu, par exemple l'explosion de l'oléoduc NordStream, l'Europe devrait passer cet hiver avec quelques meurtrissures économiques et sociales », a-t-il ajouté.

Pour le pétrole, la consommation devrait augmenter de 1,7 million de bpj en 2023, de sorte que le monde aura toujours besoin du pétrole russe pour répondre à la demande, a estimé M. Birol.

Les pays du G7 ont proposé un mécanisme qui permettrait aux pays émergents d'acheter du pétrole russe mais à des prix plus bas afin de plafonner les revenus de Moscou à la suite de la guerre en Ukraine.

Selon M. Birol, ce mécanisme doit encore être peaufiné dans les moindres détails et nécessitera l'adhésion des principaux pays importateurs de pétrole.

Un responsable du Trésor américain a déclaré à Reuters la semaine dernière qu'il n'est pas déraisonnable de penser que 80 à 90 % du pétrole russe continuera à circuler en dehors du mécanisme de plafonnement des prix si Moscou cherche à le bafouer.

« Je pense que c'est une bonne chose car le monde a encore besoin que le pétrole russe circule sur le marché pour le moment. Un niveau de 80-90% est bon et encourageant pour répondre à la demande », a encore affirmé M. Birol.

Bien qu'il existe encore un énorme volume de réserves stratégiques de pétrole qui peuvent être exploitées en cas de rupture d'approvisionnement, une autre libération n'est pas actuellement à l'ordre du jour, a-t-il évoqué.

Croissance des énergies renouvelables

Pour M. Birol, la crise énergétique pourrait être un tournant décisif pour l'accélération des sources propres et la mise en place d'un système énergétique durable et sécurisé.

« La sécurité énergétique est le moteur numéro un (de la transition énergétique) », a déclaré M. Birol, car les pays considèrent les technologies énergétiques et les énergies renouvelables comme une solution.

L'AIE a revu à la hausse ses prévisions de croissance de la capacité de production d'énergie renouvelable en 2022, passant de 8 % précédemment à 20 % en glissement annuel, avec près de 400 gigawatts de capacité renouvelable ajoutée cette année.

De nombreux pays d'Europe et d'ailleurs accélèrent l'installation de capacités renouvelables en réduisant les processus d'autorisation et de licence pour remplacer le gaz russe, a ainsi poursuivi M. Birol.

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