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L'EUROPE CALQUE SON DISCOURS SUR CELUI DES NATIONALISTES ARMÉNIENS, L'AZERBAÏDJAN CLAQUE LA PORTE DE L'EUROPE

26 Janvier 2024 19:53 (UTC+01:00)
L'EUROPE CALQUE SON DISCOURS SUR CELUI DES NATIONALISTES ARMÉNIENS, L'AZERBAÏDJAN CLAQUE LA PORTE DE L'EUROPE
L'EUROPE CALQUE SON DISCOURS SUR CELUI DES NATIONALISTES ARMÉNIENS, L'AZERBAÏDJAN CLAQUE LA PORTE DE L'EUROPE

Paris / La Gazette

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a contesté lundi 22 janvier les pouvoirs de l’Azerbaïdjan, par une motion présentée par l’allemand Frank Schwabe (Allemagne). En réponse, l'Azerbaïdjan calque la porte de l'Europe.

Les raisons invoqués par l’assemblée sont les suivants, selon un communiqué de l’APCE : « les prisonniers politiques dans le pays, le déplacement violent des populations du Haut-Karabakh, le fait que les rapporteurs de l’Assemblée n’ont pas pu se rendre en Azerbaïdjan au moins trois fois en 2023, et l’absence d’invitation de l’Assemblée à observer l’élection présidentielle du 7 février en Azerbaïdjan, selon un communiqué de presse de l’APCE. »

L'APCE a appelé l'Azerbaïdjan à « créer un climat de confiance et des conditions matérielles » permettant aux Arméniens du Haut-Karabakh de pouvoir retourner dans leur pays d'origine – notamment en prenant des mesures actives pour les encourager et les rassurer dans ce sens.

Dans une résolution basée sur un rapport de Domagoj Hajduković (Croatie, SOC), l'Assemblée a regretté « l'échec persistant et de longue durée de la part des autorités azerbaïdjanaises à rassurer la population arménienne de la région sur sa sécurité et le plein respect de sa sécurité ». de leurs droits ». Selon cette résolution, presque tous les Arméniens présents au Karabakh envers l'Arménie, « en raison d'une véritable menace d'extinction physique, d'une politique de haine de longue date en Azerbaïdjan envers les Arméniens et d'un manque de confiance dans leur traitement futur ».

« Il n'est pas trop tard pour que l'Azerbaïdjan redresse la situation et prouve sa bonne volonté », déclare la résolution, soulignant « les promesses de l'Azerbaïdjan selon lesquelles les droits et libertés des résidents arméniens seront garantis, ainsi que ses projets concernant la réintégration des résidents arméniens».

Des eléments de langage des lobbys nationalistes arméniens

Sur le plan géopolitique, on a du mal à comprendre cette position, qui semble ignorer que l’ensemble de la communauté internationale, notamment à travers 4 résolutions successives du conseil de sécurité de l’ONU, a réaffirmé la nécessité de défendre la souveraineté territoriale de l’Azerbaïdjan et insiste sur le fait que le Haut-Karabakh fait partie intégrante de la nation azerbaïdjanaise. Des résolutions que les pays européens, en tête desquels la France, ont eux-mêmes votés.

Cette déclaration de l’APCE a, dans cette perspective, un parfum de parjure. Étonnant de la part d’une institution prétend défendre le droit international. On y retrouve surtout les éléments de langage familiers aux lecteurs de la presse arménienne, et conçus, par les lobbys pro-arméniens à l'attention des politiques et medias occidentaux.

Chercher à restreinte le droit de vote de l’Azerbaïdjan, alors que celui-ci n’a jamais cherché à limiter ce droit pour l’Arménie pendant toute la période où celle-ci l’occupait a aussi de quoi surprendre. Jamais non plus, alors que l'Azerbaïdjan était devenu membre du Conseil de l'Europe, celui-ci n'a pris la moindre mesure mesure contre l'agression de l'Arménie contre l'Azerbaïdjan et l'occupation de territoires, se contentant de quelques déclarations sans valeur juridique.

Sur le plan humanitaire, les termes employés rappellent étrangement les déclarations récurrentes des nationalistes arméniens, relayées par les très puissants lobbys arméniens. Or, à aucun moment, les populations civiles arméniennes n’ont été menacées, et à aucun moment il ne leur a été demandé de partir. Ce sont les autorités de la virtuelle « République d’Arstakh » autoproclamée, laquelle n’a été reconnue par aucun pays, Arménie comprise, qui ont incité, parfois par la menace, aux habitants de Khankendi (« Stepanakert » pour les séparatistes arméniens) à quitter le pays.

Parler d’épuration ethnique à ce propos est une véritable forfaiture ; alors que le seul pays de la région ayant procédé à une épuration ethnique de masse a été l’Arménie, qui a, rappelons-le, expulsé en 1987 les 250 000 azéris vivant près de la capitale Erevan, puis ont fait fuir les 750 000 azerbaïdjanais du Karabakh lors de l’invasion arménienne de 1991-1993.

Qualifier de « Homeland » arménien le Karabakh est presque risible. Le président de l’Assemblée Nationale arménienne Alen Simonyan, a lui-même avoué implicitement que l’histoire de la présence millénaire des Arméniens au Karabakh était un « récit » inventé depuis les 30 dernières années.

Influences et manipulations

Qu’est-ce qui peut donc pousser un organisme tel que l’APCE a colporter de telles contre-vérités ? Il est difficile, à ce propos, de ne pas invoquer la dépendance de l’Europe à l’égard des Etats-Unis, qui s’illustre également, de manière flagrante, dans le conflit au Moyen-Orient. Les Etats-Unis se sont toujours méfiés de l’Europe, qu’il considèrent comme un potentiel contre-pouvoir à leur hégémonie mondiale. Une relation qui a d’ailleurs évolué de manière intéressante avec le temps, passant progressivement du mépris au « noyautage ». On se souvient de la boutade d’ Henry Kissinger en 1970 « L’Europe ? Quel numéro de téléphone ? » et de ses dernières déclarations en faveur d’une Europe forte, car, selon lui, l’Amérique ne pouvait à elle seule, assurer l’équilibre (« son » équilibre) du monde. Entre les deux, il s’est produit un changement de stratégie : les Etats-Unis ont choisi d’utiliser tous leurs moyens d’influence pour faire de l’Europe, non seulement une alliée, mais une vassale, relais de leurs ambitions de politique internationale.

Pour ce bloc occidental, il est apparu nécessaire , sinon de contrôler, du moins de posséder des avant-postes dans cette région du Caucase, riche en ressources naturelles et d’une haute importance géostratégique, point-clé de la « Nouvelle route de la soie », point convergent de la Russie, de l’Iran, et de la Turquie, reliquats des trois grands empires des siècles passés.

L’idée d’instrumentaliser l’Arménie ne date pas d’hier. Déjà, au XVIIIe et au XIXe siècle, l’Empire russe a utilisé l’Arménie chrétienne comme tampon contre les empires perse et ottoman. Pendant la première guerre mondiale, la Russie et les Alliés ont également tenté d’utiliser les Arméniens d’Anatolie comme front intérieur contre les Ottomans qui avaient eu la mauvaise idée de s’allier aux puissances de l’Axe, ainsi que l’Angleterre et la France l’avaient faits avec les tribus arabes du Golfe.

L’un des principaux acteurs de cette manipulation est naturellement la France qui, depuis plus de 15 ans s’est littéralement accrochée aux Etats-Unis. C’est surtout pour des raisons de politique intérieure que la France, très influente au niveau de l’Europe, est pratiquement partie en guerre diplomatique contre l’Azerbaïdjan. Pourquoi ?

Bien sûr, il ne faut pas négliger la très puissante diaspora arménienne française, qui a placé les siens à la tête d’une grande partie des acteurs du soft-power français : partis politiques, élus locaux, medias. Mais il faut surtout prendre en considération la politique intérieure française. Le gouvernement de la France, notamment à travers l’influence du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, a choisi, pour détourner l’attention des réels problèmes sociaux qui secouent la France (« Gilets jaunes », colère des agriculteurs, déterioration des services publics, détresse des hôpitaux et désert médicaux, naufrage de l’enseignement, appauvrissement de la population, pression fiscale sur les classes moyennes, etc..), de focaliser l’attention des Français sur un ennemi imaginaire : l’immigration et les musulmans.

Certains politiciens et médias d’opinion ont ainsi créé de toutes pièces le récit d’un prétendu « conflit de civilisations », qui se manifeste aussi, selon eux, sur le plan international par l’affrontement entre des pays dits « chrétiens » et des pays dits « musulmans Et le fait que l’Azerbaïdjan est une nation laïque n’y change rien.

L’Europe a donc toutes les difficultés du monde à accepter le fait que l’Azerbaïdjan ait retrouvé sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et ait expulsé les forces armées étrangères qui avaient occupé une partie de son territoire pendant 30 ans. Et surtout qu’elle l’ait fait toute seule, sans impliquer l’Europe dans ce processus. Etonnant étonnement, puisque le groupe de Minsk, dont la France et les USA étaient les co-présidents, a été incapable de faire quoi que ce soit pour trouver une solution à un conflit que l’Azerbaïdjan a résolu en un mois et demi.

Ceci explique probablement les discours incohérents entendus à l’Assemblée du Conseil de l’Europe depuis 2020. L’islamophobie grandissante de l’Europe, qui va de pair avec la montée en puissance des partis d’extrême-droite, explique aussi les positions récurrentes des autres institutions européennes, qui ont multiplié, les mois derniers, les déclarations arbitraires contre l’Azerbaïdjan – et la Turquie par la même occasion.

La politique incohérente de l'Europe

Mais qu’en pense l’Azerbaïdjan ? Bien entendu, les autorités de Bakou ont protesté avec véhémence contre la résolution de l’APCE, comme elles l’avaient fait pour l’invraisemblable résolution du Sénat français il y a quelques jours. Mais en réalité, est-ce que tout cela a réellement de l’importance aux yeux de l’Azerbaïdjan ? Ce pays est en train de connaître une croissance économique spectaculaire. En quelques mois, les villes du Karabakh, rasées par les forces arméniennes, ont été reconstruites, et leurs habitants traditionnels ont déjà pris le chemin du retour. La COP 29 sera organisée à Bakou, Choucha vient d’être déclarée « capitale culturelle du monde musulman », et l’Azerbaïdjan permet à l’Europe, grâce à ses livraisons d’énergie, de conserver son niveau de vie. Alors, quelle importance pour Bakou, le gel des votes au sein de l’APCE, les déclarations de tel ou tel politicien français ou allemand ? Sans doute pas grand-chose.

L’Azerbaïdjan viennent de prouver qu’il n’avait pas besoin de l’Europe, ni d’aucun autre pays, pour entamer des négociations de paix, ce qui rend assez dérisoires les rodomontades de Strasbourg. Si cette résolution est confirmée, l’Azerbaïdjan répondra sans doute en cessant tout simplement toute activité au sein de cette organisation, et aussi peut-être en quittant la Cour Européenne de Droits de l’Homme qui accorde ceux-ci aux uns et les refusent aux autres en fonction de l’idéologie du moment.

Pourtant, l’Europe a plus besoin de l’Azerbaïdjan que l’Azerbaïdjan n’a besoin de l’Europe. L’Azerbaïdjan est un pays leader dans le domaine de l’énergie et des transports internationaux, et est en passe de le devenir dans celui des énergies renouvelables. La stabilité de la région est indispensable pour l’équilibre de l’Europe. Surtout si celle-ci ne veut pas voir perdre son influence économique et politique au profit exclusif de la Russie et à la Chine. Helas, il semble que les idéologies l’emportent sur la raison.

L'Azerbaïdjan claque la porte de l'Europe

"La République d'Azerbaïdjan est une nation loyale, indépendante, souveraine, démocratique et multiculturelle. La démocratie est notre choix conscient et nous avons fait d'énormes progrès dans la défense des droits de l'homme et de l'État de droit en Azerbaïdjan depuis que nous avons obtenu notre indépendance en 1991." a répondu la délégation azerbaïdjanaise auprès de l'APCE, qui poursuit :

"L'objectif premier de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) est de fournir une plateforme de dialogue entre les parlementaires de différents pays, sur la base du respect mutuel et de l'égalité.

Lorsque l'Azerbaïdjan a adhéré au Conseil de l'Europe en 2001, c'était avec l'espoir sincère que cette organisation conçue pour défendre les droits de l'homme et la primauté du droit aiderait l'Azerbaïdjan à rétablir les droits de centaines de milliers d'Azerbaïdjanais violés à la suite de l'agression militaire et de l'occupation d'une partie de ses territoires internationalement reconnus par l'Arménie, et que, par conséquent, la justice serait rendue afin de parvenir à une paix durable dans la région.

Pendant 19 ans, de 2001 à 2020, l'APCE n'a pas réussi à demander des comptes à l'État agresseur qu'est l'Arménie pour ses actions contraires aux valeurs et principes fondamentaux du Conseil de l'Europe. Cela concerne en particulier le mépris flagrant des droits de l'homme des réfugiés azerbaïdjanais et des personnes déplacées à l'intérieur du pays soumis à un nettoyage ethnique.

Après la victoire de l'Azerbaïdjan sur l'agression, l'occupation et le séparatisme violent, et la restauration de son intégrité territoriale et de sa souveraineté, nous sommes confrontés à une campagne de diffamation orchestrée pour dénigrer l'Azerbaïdjan et jeter de l'ombre sur sa réussite à rétablir la justice refusée depuis si longtemps au peuple azerbaïdjanais. Pendant près de 20 ans, lorsque la délégation azerbaïdjanaise a soulevé les graves conséquences de l'occupation arménienne, on nous a dit que l'APCE n'était pas le bon format pour discuter des questions liées aux conflits. Mais aujourd'hui, la même APCE et les mêmes députés disent tout le contraire et ne manquent aucune occasion d'attaquer l'Azerbaïdjan. L'interprétation sélective du droit international et le traitement différent des questions relatives à l'intégrité territoriale et à la souveraineté des Etats démontrent la nature cynique et hypocrite des auteurs de cette proposition honteuse.

Malheureusement, l'APCE est utilisée comme une plateforme pour cibler certains États membres. Les principes fondamentaux de l'APCE sont exploités par certains groupes partiaux pour promouvoir leurs intérêts étroits.

Nous considérons que l'initiative visant à contester les pouvoirs de la délégation de l'Azerbaïdjan à l'APCE fait partie de cette campagne vicieuse. Nous considérons également cette initiative comme une tentative délibérée et inacceptable d'interférer indûment avec le processus électoral en cours en Azerbaïdjan et comme un exemple frappant d'actions insidieuses visant à saper le fonctionnement des institutions démocratiques dans notre pays. Le refus proposé de ratifier les pouvoirs de notre délégation portera un coup sérieux à la crédibilité et à l'impartialité du Conseil de l'Europe dans son ensemble, et la responsabilité de ses conséquences graves et irréversibles incombera entièrement à ses initiateurs.

Personne au monde, y compris ceux qui sont assis dans cette salle, ne peut parler avec l'Azerbaïdjan dans le langage de la menace et du chantage. Jamais dans l'histoire de l'APCE, cette organisation ne s'est comportée de manière aussi honteuse.

Face à l'atmosphère insupportable de racisme, d'azerbaïdjanophobie et d'islamophobie qui règne actuellement à l'APCE, la délégation de l'Azerbaïdjan décide de mettre fin à son engagement et à sa présence à l'APCE jusqu'à nouvel ordre".

Ainsi, les institutions européennes se trouvent devant un choix : ou bien tenir une politique indépendante et cohérente, à l'égard de tous ses membres et alliés, sans discrimination, ou bien continuer à faire le jeu de l'atlantisme américain, en reprenant à son compte la propagande des nationalismes, arménien notamment et sombrer dans la la corruption politique, la discrimination, la haine ethnique et religieuse, les doubles standards, l'arrogance et le chauvinisme. Dans le second cas, son avenir en tant que acteur majeur de la politique internationale risque fort d'être à tout jamais compromis.

Jean-Michel Brun

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