LE PRÉSIDENT RUSSE V. POUTINE ACCRÉDITERA-T-IL LE « NOUVEL » AMBASSADEUR DE FRANCE ?

Paris / La Gazette
Aujourd’hui, lundi 24 mars, le nouvel ambassadeur français à Moscou, Nicolas de Rivière, nommé le 1er février, est attendu à Moscou. Grande question en suspens : le président russe Vladimir poutine accréditera-t-il le « nouvel » ambassadeur de France, fraichement nommé par E. Macron ?
Depuis le 6 août 2024 et le départ de l’ancien ambassadeur Pierre Lévy, la France est représentée à Moscou par un chargé d’affaires ad interim, Zacharie Gross. Alors que Paris a dû trouver un nouveau chef de mission dont la nomination serait susceptible d’être acceptée par le Kremlin, Nicolas de Rivière prendra les rênes de l’ambassade de France dans un contexte difficile.
L’ancien ambassadeur de France à Moscou, Pierre Lévy a été convoqué à plusieurs reprises par le ministère russe des Affaires étrangères en raison de déclarations et prises de position de Paris vis-à-vis de la guerre, et la porte-parole du ministère, Maria Zakharova, avait questionné il y a quelques semaines l’utilité de l’envoi par Paris d’un ambassadeur à Moscou, citant le supposé désir de Macron de vouloir «pacifier» la Russie.
À 61 ans, Nicolas de Rivière a déjà occupé des fonctions à travers le monde entier. Diplômé de Sciences Po et de l'ENA, il a commencé sa carrière en 1992 à la sous-direction de l'ONU en charge des organisations internationales, des droits de l'Homme et de la francophonie du Quai d'Orsay. Un poste déjà haut-placé et qui l'a rapidement amené à devenir conseiller dans plusieurs ambassades, à La Haye (Pays-Bas) et Washington (États-Unis).
Le 31 octobre 2024, il avait condamné la "guerre d’agression brutale, illégale et injustifiable contre un État souverain" : "La Russie ne fera pas porter par d’autres la responsabilité d’un conflit qu’elle a choisi de déclencher et de poursuivre. Elle a décidé seule, au mépris des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, d’attaquer l’Ukraine, alors que celle-ci ne la menaçait en rien. [...] La capitulation de l’agressé ne peut être la condition d’une négociation de paix respectueuse du droit international. L’Ukraine doit pouvoir se défendre pour être en position, lorsqu’elle le décidera, d’ouvrir des discussions en vue de l’établissement d’une paix juste et durable."
Une déclaration ouvertement hostile à Vladimir Poutine et qui explique la réticence des autorités russes à accepter la nomination de ce diplomate. Moscou devait en effet donner son accord à l'arrivée de Nicolas de Rivière. Celui-ci se sera fait attendre six mois, pendant lesquels l'ambassade a été gérée par intérim par Zacharie Gross, ancien ambassadeur de France en Azerbaïdjan.
Depuis 2022, Moscou a expulsé de nombreux diplomates européens de leurs ambassades dans la capitale russe, et les Européens ont eux aussi expulsé des centaines de diplomates russes, invoquant dans la plupart des cas des activités d’espionnage.
Photo : Nicolas de Rivière